Viens, mon amour, comment résister à une telle invitation ? Cette déclaration est le titre d’un film érotique québécois réalisé en 1970 par John Sone et produit par Cinépix (soit disant considéré comme le Walt Disney de la sexploitation). Le film sera diffusé au festival de Cannes mais hors-compétition. Pour bien entrer dans le lit, voici le sujet du film : « L’intrique illustre le fossé qui sépare un père cinéaste de sa fille qui s’amourache de leurs nouveaux voisins hippies. » De tels voisins permettront à « ce film de fesses » d’être pop et psychédélique (à l’image de l’affiche), soit l’esprit du moment. Quand on dit pop et psyché, on pense aussi et surtout à la musique. C’est le montréalais Dean Morgan qui va superviser la musique, soit aujourd’hui le rôle d’influenceur, mais aussi produire. Pour la création musicale, c’est le brillant pianiste Paul Baillargeon, qui est choisi pour ses talents de savoir faire pour créer une musique qui soit dans l’air du temps. Paul Baillargeon peut jouer tous les styles de musique, du classique au jazz, du yéyé au rock’n’roll en passant par la bossa nova et la variété. En 1969-70 la musique est hippie, pop, psyché, soul, funk et bien il y aura tous ses styles et encore plus sur la bande (?) originale du film Viens, mon amours (Love in a 4 Letter World dans les cinémas anglophones). Paul et Dean (Paul dîne avec qui ?) se connaissent depuis 1967. Avant le film les deux hommes ont déjà travaillés ensemble pour la publicité, des défilés de mode et des happenings. Bref les deux font la paire ! A noter que par la suite Dean Morgan va composer la musique pour les séries, la franchise Star Strek : Next Generation, Deep Space Nine, Voyager, Enterprise.
Affiche du film pour le marché anglais
Pour l’amateur d’easy listening/library music et de la pop culture débridé des sixties (il y a surement de l’acide dans les parages, notamment sur le morceau Sans Raison avec son Moog Over), la BO de Viens, mon amour est une belle pépite qu’il est recommandé d’acquérir. Les compos ont cette fraicheur pop et groovy d’un ancien temps qui n’a pas pris, 50 ans plus tard, une seule ride. De plus, pour la BO de ce film érotique, on n’a pas lésiné sur les moyens. Paul Baillargeon avait carte blanche, il a pu s’entourer de nombreux musiciens, dont une section de cuivres. Ainsi la musique possède du volume et une bonne orchestration pour faire surgir des harmonies à la fois classieuses et dynamiques. Sa pulse à tout va, et on aime ça !
Affiche italienne du film
La réédition de la BO est réalisée par le jeune label québécois Trésor National, qui s’est donné pour mission de faire découvrir le patrimoine musical québécois, celui du côté obscur et non pas du côté de la Céline D. nationale. Ce disque est leur premier 33t. Avant, le label a publié le 45t de The Leotards et le deuxième album sorti en aout 2020, est une compilation de la scène post-punk, new wave québécoise époque 1979 – 1987.
Nota : Toutes les infos qui figurent dans cette chronique viennent de l’insert qui est glissé dans la pochette du 33t. Le texte (en français et en anglais) très documenté et richement illustré, est écrit par Sébastien Desrosiers et Victor Simoneau-Helwani. Le texte de l’insert fini avec « Bonne écoute, mon amour ! ». Que rajouter de plus ?
Les cofondateurs de Trésor national, Victor Simoneau et Sébastien Desrosiers, et le compositeur Paul Baillargeon (au centre) © Trésor National
https://tresornational.bigcartel.com/product/paul-baillargeon-et-dean-morgan-viens-mon-amour-tnat001
https://www.facebook.com/LesDisquesDuTresorNational/
Bonjour Pascal et MERCI pour cette critique! On sent que vous avez aimer. ; )
RépondreSupprimerPetite correction: le film "Viens, mon amour" fut réalisé par John Sone et non le chansonnier Pierre Létourneau (qui joue dans le film cela dit).
Merci Sébastien pour la remarque, c'est modifié. Comme je ne connait pas ce film, je n'ai pas percuté sur le nom du réalisateur. En tout cas la musique est magnifique.
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