vendredi 31 juillet 2020

GARY NUMAN "The Pleasure Principle, The First Recordings 40 Anniversary Edition" (Beggars Banquet) – 11 octobre 2019


En 1979, le dandy new wave Gary Numan publie son 1er album solo Pleasure Principale (à noter qu’un jeune groupe français signé sur le label Born Bad à prit ce titre pour nommer son groupe). Il fait suite Replicas sortit sous le nom du groupe Tubeway Army. Cet album a eu pas mal de succès en Angleterre, notamment avec le single Are ‘Friends’ Electric ?. Cars extrait de Pleasure Principale va également être un succès,  n°1 en Angleterre, ainsi qu’en France. Il faut noter qu’à l’époque en France, on entendait à la radio (sur RTL, Europe 1, RMC, France Inter) pas mal d’artistes indés. Ce qui leurs a permis d’avoir un succès de ventes de 45t qu’ont pouvaient acheter dans les supermarchés. Juste quelques noms et titres: XTC Making Plans For Nigel, The Pretenders Brass In Pocket, The Specials Gangsters, Madness One Step Beyond, Blondie Atomic, The B-52’s Planet Claire, Police Message In The Bottle, The Clash London Colling, The Selecter On My Radio, Patti Smith Group Frederick, M Pop Musik, The Buggles Video Killed The Radio Star. Oui 1979 était une belle année côté tubes à la radio.

Pour célébrer le 40ème anniversaire des albums The Pleasure Principale et Replicas, le célèbre label anglais Beggars Banquet à publié en octobre 2019, les démos, nouveaux masters, versions alternatives et BBC Peel Session. Dans les versions CD il y a des titres bonus et un livret. La version vinyle est en double disques couleur. Sans être un spécialiste complétiste, on peut dire que ses albums de démos sont vivement recommandés. Les versions apportent une autre couleur sonore. Réécouter cette musique en 2020 est un vrai plaisir. Le style new wave synthétique, aux couleurs gris-noir avec ses rythmes froids et dansants, de Gary Numan n’a pas pris une seule ride, au contraire, le son reste moderne. La voix toute particulière de Gary Numan donne une étrangeté, une atmosphère de film de science-fiction qui illustrerait bien les images d’un film de David Cronenberg. Oui, ce son synth wave a traversé le temps !   






 

mercredi 29 juillet 2020

ARRACHE-TOI UN OEIL! : Eclat psychédélique pour la rétine.



C’est l’été, les soucis du Covid-19 sont loin d’être résolus. Les spectacles vivants, notamment les concerts en intérieurs sont en bernes et en manques de visibilités pour pouvoir préparer la programmation. Ainsi le concert de Hällas, Night, Meurtrières à La Maroquinerie à Paris le 10 septembre 2020, organisé par l’assos Arrache-toi un œil!, et on pourrait rajouter « ainsi que ton masque », aura-t-il lieu ? On demandera au nouveau premier ministre Jean Castex et surtout à la ministre de la culture, la très cultivé (sic)  Roselyne Bachelot ce qu’ils comptent faire à la rentrée pour les salles de concerts. En attendant, je vous propose une interview d’Arrache-toi un œil!, tout droit sorti de mes archives, qui a été publiée dans le fanzine Abus Dangereux face 147 juillet/septembre 2018 et sur foutraque.com



Arrache-toi un œil ? Non, surtout pas, car sinon vous allez rater les belles affiches, flyers, pochettes de disques, livres, t-shirts, installations papier en 3D d’Emy et Gaspard, les deux protagonistes de cette association dédiée à l’art graphique. Ils répondent à nos questions pour nous éclaircir au sujet de leur travail artistique.

Quel est votre formation de base en matière de graphisme/art visuel ?
Emy: Alors me concernant j’ai été aux Beaux-Arts de Paris option multimédia, j’ai un cursus artistique et obtenu un diplôme en 3 ans. Gaspard a quant à lui fait une école de communication graphique (Intuit/Lab) en 3 ans, plus orienté communication visuelle. On a tous les deux réalisé pas mal de flyers et affiches pour des concerts avant de se rencontrer.

Par quel biais vous êtes-vous rencontré, c’était en quelle année ? Qu’est-ce qui vous a motivé à créer votre asso Arrache-toi un œil ?
Gaspard : On s’est rencontré avec Emy en 2003, par le biais de concerts sur Paris, on avait des amis en commun. Arrache-toi un oeil! a été créé un peu avant (juin 2002) dans le but d’organiser un concert. Il nous fallait impérativement un nom par rapport au lieu dans lequel on faisait ça (Péniche Blues Café). À l’époque je jouais dans un groupe de punk rock (Ratwaster) et c’est le chanteur qui avait trouvé ce nom, on ne savait pas qu’il serait utilisé par la suite pour notre duo avec Emy, ça s’est fait naturellement.


Pour créer une affiche ou un livre graphique, quel est le rôle de chacun ? Quelle est la particularité –la patte singulière- de chacun pour concevoir et finaliser une affiche ? Vous avez un atelier ?
Arrache-toi un œil! est un duo composé donc d’Emy et de Gaspard avec chacun une manière de travailler qui lui est propre. Emy est plus orientée dessins à la main, avec crayons et encre de chine alors que Gaspard utilise plus le collage, ou aime dessiner des choses plus géométriques et mystiques. En général, les visuels sont réalisés par l’un ou par l’autre, avec des collaborations de temps en temps, comme c’est le cas avec l’affiche du festival Levitation France 2018 réalisé à quatre mains.
Gaspard : On a un atelier Rue du Chemin Vert dans le 11ème à Paris, on y va surtout pour imprimer car il est tout petit (16m2), mais on est vraiment content de l’avoir, car c’est là-bas qu’on sérigraphie toutes nos productions (affiches, t-shirts, papiers pour installations…). Tout le travail de création est quant à lui réalisé chez nous, c’est ce qui nous prend le plus de temps.



Vous êtes passionnés de rock, d’où -j’imagine- le choix de l’affiche pour vous exprimer. Que représente ce format pour vous ?
Emy : Oui, c’est vrai que la musique accapare une grande part de notre vie, on en écoute beaucoup, on en fait et on va à beaucoup de concerts et de festivals (en plus de ceux qu’on organisent). On est bien tombé dedans, du coup, créer des visuels d’affiches et des pochettes de disques pour des groupes c’est lier nos deux passions. C’est toujours un nouveau challenge, quand on bosse avec de nouveaux artistes ou festivals, de bien réussir à capter leur univers afin de retranscrire cela sous la forme d’un visuel adapté.
Gaspard : Le format “affiche“ m’a toujours plu, l’agencement image et texte, lisibilité, contraste et couleurs…après il est vrai que ces dernières années on est content d’avoir expérimenté d’autres formats tels que les installations papiers 3D, afin de sortir justement de ce format parfois un peu trop “rigide“. (Voir un exemple de réalisation d’installation ci-contre).

Nous somme en 2018, soit 50 ans après mai 68. Dans les rues de Paris, l’affiche, le slogan avait son importance. Ces visuels « politique » vous parlent, vous ont inspirés ?
Emy : Ces affiches ont beaucoup de force et une grande simplicité, elles réussissent à exprimer une idée sans fioritures, c’est un grand exercice qu’il faut toujours garder en tête.
Gaspard : Oui, leur force est leur simplicité, elles parlent tout de suite, à toutes et à tous. C’est sûr que ces visuels nous ont marqués (certes après coup), au même titre que les collages punk des années fin 70 / début 80 qui ont ce côté assez brut et radical.



Vos visuels sont souvent très chargés, proche de la typo psychédélique. C’est un courant qui vous à marqués ?
Emy : La complexité et la folie des affiches psychédéliques m’ont toujours fascinée. Particulièrement la typo, qui devient vivante et s’éloigne des “fonts“ traditionnelles. J’aime voir la typo comme du dessin à part entière et la lier à l’illustration afin qu’ils ne soient plus qu’un.
Gaspard : De mon côté, j’aime utiliser une typographie en fonction du visuel créé, des fois en m’appropriant une typographie existante ou en la dessinant. Le courant psychédélique nous a influencés dans sa manière de casser les codes de l’affiche traditionnelle.

Comment se fait le choix des sujet/concerts à mettre en images ? Avant de diffuser l’affiche, vous les montrez aux groupes ou à la tête d’affiche ?
Gaspard : Concernant le choix des sujets, cela dépend, on nous sollicite de plus en plus pour créer des visuels (groupes, tourneur, festival, entreprise…) auquel cas on voit lequel de nous deux est le plus motivé par rapport à la demande (et dont l’univers correspond le mieux), mais on continue aussi à contacter des groupes directement. En général, on a souvent carte blanche mais on montre toujours le visuel au groupe pour validation.


Quel est votre affiche qui a eu le plus de retombée ? Suite à une affiche qui a plu à un groupe, est ce qu’il y a eu des commandes pour leurs visuels (album-tournée-site internet) ? Si oui des noms !
Gaspard : On a récemment collaboré avec le groupe At The Drive In, suite à la demande du chanteur de réaliser une affiche pour eux. On était vraiment content d’être contacter directement par lui et ça s’est bien passé. Au départ il s’agissait d’un poster pour une date en Allemagne, puis suite il nous a demandé de réaliser deux autres affiches : pour leurs tournées (au Japon et en Australie).
Emy : Suite à certaines affiches de concerts, des groupes sont rentrés en contact avec moi afin que je réalise leur pochette d’album ainsi qu’un t-shirt, c’est le cas récemment des groupes Stinky (hardcore / Nantes), Antarktis (sludge - post hardcore / Suède). C’est bien de pouvoir collaborer avec des groupes sur d’autres projets que des affiches. Par rapport à la question de retombée, c’est plus le travail global et la quantité d’affiches réalisées qu’une affiche en particulier. On a par exemple depuis quelques années une vraie collaboration avec le festival Levitation (avec Rob, l’un de ses organisateurs) avec qui on travaille sur plusieurs visuels chaque année. On a ainsi été invité à Austin pour réaliser une installation pour ce festival, on a fait plusieurs affiches pour des groupes qui y jouent, ainsi que les 2 derniers visuels de l’édition française.

Vous organisez aussi des concerts, même avant d’avoir créé Arrache-toi un oeil! Pour nos lecteurs de province, quels sont les types de concerts que vous organisez ?
Gaspard : On a commencé par l’organisation de concerts avec Arrache-toi un oeil! en juin 2002, avant de découvrir la sérigraphie en 2005 et se mettre plus à fond dans l’illustration et le graphisme en utilisant le même nom depuis 8 ans maintenant. On a organisé 166 concerts (je viens de regarder pour être précis) avec des groupes plutôt orienté punk / hardcore les premières années, avant de découvrir d’autres scènes et ainsi proposer des soirées plus variées / éclectiques avec des groupes évoluant dans différents courants : noise, psyché, doom, black métal, drone, surf, krautrock et toujours un peu punk, hardcore, soit des projets assez rock dans l’ensemble. Voici quelques noms de groupes qu’on a fait jouer : Cave (Usa), Monarch!, Noyades, Pneu, Gnod (uk), Big Brave (Canada), Govermnment Warning (Usa), Noothgrush (Usa), Headwar, Aluk Todolo, Movie Star Junkies (Italie), Unlogistic, Arabrot (Norvège), Les Trucs (Allemagne), Radical Satan

 
Vos concerts sont en général organisés dans des lieux alternatifs, avec des prix très cools. À Paris, j’ai l’impression qu’il y a plus de concerts et de lieux alternatifs qu’il y a 10 ans. C’est une impression ou je me trompe ? Votre avis ?
Emy : Oui, on tient à organiser ça dans des lieux qui sont en accord avec nos idées et notre manière de fonctionner. L’une de nos salles préférées est les Instants Chavirés à Montreuil (93), tant pour la taille, la qualité sonore, l’accueil, l’équipe, et le prix des consommations. Là-bas, il n’y a pas de sécurité imposée, c’est nous qui nous chargeons de l’entrée et ça se passe très bien.
Gaspard : La manière d’accueillir est très importante pour nous, et reflète souvent aussi l’ambiance de la soirée. Je me dis toujours que c’est la première chose à quoi est confronté le public, et si l’accueil est agréable, on est sûr que la soirée se déroulera bien. On aime aussi organiser nos soirées dans les lieux comme la Gare XP, le Cirque Électrique (75), car c’est des gens dont on se sent proches, des passionnés et les rares fois où l’on doit faire ça dans des bars ou des salles plus classiques, c’est moins agréable. Le prix des consommations est aussi un point important, et comment se comportent les gens du lieu avec le public.

 


Si vous deviez sélectionner 2-3 concerts mémorables que vous avez organisés? Et pourquoi ce choix ?
Gaspard : Choix difficile! Alors je dirais en concert récent, celui des canadiens de Big Brave le 28 Octobre dernier à la Gare Xp (Paris, Porte des Lilas). On avait découvert ce groupe au festival Le Guess Who? à Utrecht en Hollande en 2015, et on s’était vraiment pris une belle claque en les voyant. Quand on a vu qu’ils tournaient fin 2017, on a tout de suite contacté la personne qui s’occupait de montrer leur tournée afin de proposer d’organiser quelque chose sur Paris, et la soirée a été vraiment superbe! Super rencontre humaine, vraiment et super concert ! Il y avait en plus 2 groupes : The Absolute Never et Franck Sabbath.
Il y a eu le festival Frisson Acidulé en avril 2017, où l’on fêtait 15 ans d’organisation de concerts avec Arrache-toi un oeil!, ça a duré 3 jours, avec 26 groupes et au programme : concerts, expos, ciné-concerts, cuisine, perf…
Emy : Les concerts qu’on a organisé les lundis soirs, car on a toujours un peu de crainte quant à l’affluence, et à part une fois ou ça s’est avérée assez désastreux, on a plutôt été surpris :
- Carlton Melton (Usa) et Besoin Dead le 19 février dernier. 130 personnes présentes et une super soirée, qui marquait aussi le départ de notre ami Pascal (Besoin Dead / Mon cul c’est du tofu) pour la Bretagne.
- Les suédois de Nitad le 9 décembre 2010 à la Miroiterie à Paris où l’ambiance était juste complètement folle pour un lundi soir.

Un message à faire passer ?
Un grand merci à toi pour ces questions et à très bientôt dans un concert ! Si vous passez sur Paris, n’hésitez pas à passer nous voir à l’atelier lors de nos permanences (prochaines dates sur notre site).