mercredi 22 juin 2022

SAINT ETIENNE "I’ve Been Trying To Tell You" (Heavenly Recording/PIAS) – 10 septembre 2021


Saint Etienne est un groupe anglais de Londres qui s’est formé en 1990, avec dans l’équipe Sarah Cracknell, Bob Stanley et Peter Wiggs. I’ve Been Trying To Tell You est leur 10ème album studio. Les trois membres de Saint Etienne sont des passionnés de musique, pas seulement en tant que compositeur, mais aussi en tant qu’amateurs de découvertes, d’achats de petites perles trouvées dans les vides greniers, marchés du disque. Mais comme Bob Stanley et Peter Wiggs sont pour le partage, ces découvertes qui regroupent toute sorte de "bonnes" musiques puisées dans la culture pop, rock, soul, easy listening, library music, se retrouvent dans leurs DJ set, sur des compilations à thèmes dont Paris In The Spring, et bien sûr dans les compos de Saint Etienne à forte sonorité indie pop, synth-pop et électro.


I’ve Been Trying To Tell You est un album particulier, car les morceaux ont été composés à partir d’échantillons (sampler) de sons créés par Saint Etienne dans les années 1997-2001. En prime, pour la première fois, les membres du groupe ont composés à distance, chacun de son côté, soit Peter Wiggs à Hove, Sarah Cracknell à Oxford et Bob Stanley à Bradford. Le tout en collaboration avec le compositeur de cinéma et de télévision, Gus Bousfield. Le résultat donne un album au son trip hop/Mo-Wax, downtempo et cinématographique. Pour ressentir le côté cotonneux des compos, vous vous installez dans un train assis à contre sens, et vous regardez le paysage défiler à travers la fenêtre. Moins pop, plus électro que les précédents disques, et très mélancolique, ce nouvel album prend sa place dans notre cœur au fil des écoutes. On aurait aimé entendre plus la voix d'ange et solaire de Sarah -douceur qui permet au trio de passer les décennies sans aucun bobo-, qui passe ici comme un fantôme, pour malgré tout montrer sa présence essentielle à la magie verte de Saint Etienne


L’album contient un livret de 12 pages avec des photos du photographe Alasdair McLellan. Sur une édition limitée du CD, il y a un DVD bonus avec un film réalisé par Alasdair McLellan, qui écoutait Saint Etienne quand il était adolescent. Sur la page Bandcamp du groupe, Alasdair explique son travail sur cet album: "Mon point de départ était une interprétation de mes souvenirs depuis le moment où j’ai commencé à écouter la musique de Saint Etienne. Bien sûr, c’est une interprétation de ce que je faisais à l’époque, en y repensant maintenant. A cette époque, j’étais un adolescent qui s’ennuyait dans un village près de Doncaster, dans le South Yorkshire ; c’était un endroit où très peu de choses se passaient. Je regarde maintenant en arrière comme quelque chose de tout à fait idyllique – même l’ennui semble idyllique – et une grande partie de sa bande sonore était Saint Etienne".

Photo @ Elaine Constantine

https://heavenlyrecordings.bandcamp.com/album/ive-been-trying-to-tell-you

http://www.saintetienne.com/

https://www.facebook.com/SaintEtienneOfficial




mardi 21 juin 2022

DANA GILLESPIE "Foolish Seasons" (Decca/Universal) – 1968/23 avril 2022


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°23

J’ai découverts la chanteuse, compositrice anglaise Dana Gillespie en 2006, lors de la réédition CD (avec un livret de 20 pages richement illustré) de son premier album Foolish Seasons par le label Rev-Ola. Cet album sortie initialement en 1968 en format 33 tour vinyle a été une belle découverte, tant il est difficile de ne pas être charmé par la belle voix de Dana Gillespie, ainsi que sa musique, qui mélange folk, pop, rock, psyché, beat soul et easy listening, du moins sur ses deux premiers albums, celui-ci et Box Of Surprises (1969). Ensuite son style sera glam rock avec le magnifique album Weren’t Born A Man (1974) produit et composé en parti par son ami David Bowie, qu’elle connait depuis l’âge de 14 ans et le guitariste Mick Ronson (Hunky Dory et  The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars). Après un joli break en tant qu’actrice (Le Peuple des abîmes de Michael Carreras -Hammer Films-, Le Continent oublié de Kevin Cornor -Amicus-, Le Chien des Baskervilles de Paul Morrisey, Enquête sur une passion de Nicolas Roeg), elle refait des albums à partir du début des années 80 dans le style blues. A ce jour elle a fait une soixantaine de disques.

Recto verso de la pochette originale de 1’éditon London en 1968

Mais revenons en 1968 avec Foolish Seasons. Dès qu’on entend les compos de cet album, on est immédiatement dans les années 60, avec la touche "Peace and Love". Sa voix pop, angélique est comme une fleur printanière, un rayon de soleil, un miracle de la nature qui fait plaisir à écouter. L’album s’ouvre avec You Just Gotta Know My Mind, une reprise de Donovan. Tears In My Eyes et son orchestration nous entraines sur les pâturages de Burt Bacharach, Claudine Lauget. Souvenir de Stefan est une ballade à tomber aussi magnifique qu’une partition de John Barry. On aimerait que la douceur de la voix de Dana sur ce morceau, soit notre réveil du matin, histoire de bien commencer la journée. Can’t You See I’m Dreaming est dans la tradition des chanteuses anglaises comme Dusty Springfield. Suivi de la belle surprise, avec la reprise en version anglaise de Michel Polnareff, avec La poupée qui fait non devenue No ! No ! No ! à l’intérieur des lèves de Dana Gillespie. Cette version est une petite sucrerie hippie et baroque qui donne envie de flâner sans limite de temps. S’ensuit deux morceaux typé France Gall/Eurovision, au rythme joyeux, comme l’ensemble de l’album qui est une embrassade au printemps, à l’été. Le titre de l'album "Saisons folles" en VF illustre bien le propo. Le morceau Dead, avec son rythme à la Doors est une pure merveille psyché avec une touche de jazz cinématographique à tomber. Le meilleur morceau de l’album, qui ne contient que des perles. Notamment le morceau Where Will You Be, où une fois de plus la voix ici soul et pop de Dana fait des miracles à en avoir la chair de poule. Tout ici est sixties, comme on l’aime l’imaginer dans le meilleur du stylé pop sans couture. L’album s’achève avec le champêtre Hard Lovin’ Loser et sa touche country. A noter, information importante, qu’à la guitare il y a Jimmy Page (à l’époque guitariste The Yardbirds), avant qui ne forme le groupe Led Zeppelin.

Verso de la pochette édition Decca 2022

Pour le Disquaire Day du 23 avril 2022, la major Decca/Universal a remastérisé et réédité l’album en vinyle, avec deux morceaux en bonus, Goin’ Round In Circles, Come To My Arms (soit un total de 14 morceaux) et une nouvelle pochette gatefold issu de la session photo de la pochette initiale. Le tout avec un long texte écrit par Dana Gillespie pour cette édition. Pour les audiophiles, le pressage de cette réédition est excellent. Bonne qualité sonore. Si vous ne connaissez pas cet album, c’est le moment de le découvrir, ainsi que les deux albums suivants Box Of Surprises, Weren’t Born A Man et le coffret CD What Memories We Make, The complete MainMan Recordings 1971-1974 (Cherry Red Records).

Photo intérieure de la pochette édition Decca 2022

Dana Gillespie avec David Bowie

https://www.dana-gillespie.com/

https://www.facebook.com/DanaGillespieOfficial