Bon, le groupe Oasis est très loin dans mon panthéon de groupes anglais dont j’apprécie la musique. J’ai malgré tout acheté les deux premiers albums trouvés en CD d’occas chez Parallèles à Paris. Leur côté Beatles plouc/prolo, la guéguerre orchestrée entre les frères Gallagher, et le coup monté par la presse anglaise, notamment le NME pour monter en épingle Oasis, les prolos de Manchester et Blur, la classe moyenne étudiante cultivée de Londres, je m’en battais bien le coquillard. Et que dire de ce mouvement nommé Britpop ? D’autant qu’au début des années 90, le son rock venait des États-Unis avec le mouvement grunge et noise (Nirvana, Sonic Youth, Pixies). Ainsi quand je reçois en promo un livre consacré à Oasis, je suis perplexe.
Et bien, après la lecture de Oasis ou la revanche des ploucs écrit par Benjamin Durand et Nico Prat, je peux dire qu’il n’est pas utile d’être un fan d’Oasis pour apprécier ce livre, ou plutôt cet essai, d’où l’intérêt du texte. Car ici, il ne s’agit pas d’une bio, ni d’un récapitulatif de la discographie d’Oasis, mais plutôt le contexte dans lequel un groupe comme Oasis a pu se former et devenir LE groupe anglais des années 90 qui va remplir les stades à travers le monde. Ou comment ce groupe est arrivé au bon moment, quand le rock était en panne en Angleterre et tournait à plein régime aux États-Unis. Comment ce groupe allait bousculer les charts anglais plutôt habitué aux succès de Phil Collins, Simply Red, George Michael que d’un groupe de petits blancs de la classe ouvrière. Le père Thomas Gallagher est ouvrier de chantier, mais également violent et alcoolique. Sa femme Peggy fera de nombreux boulots précaires : bonne de maison, ouvrière dans une biscuiterie, serveuse à la cantine scolaire. Les enfants ne seront pas des élèves modèles. Sous la grisaille de Manchester, pour éviter de suivre le même chemin ouvrier des parents, il n’y au choix que les cases foot, acteur ou star du rock à cocher. C’est après avoir vu en concert le groupe local The Stone Roses, et surtout l’attitude scénique du chanteur Ian Brown, que la case rock sera celle qui sera cochée. Liam, cinq ans plus jeune que Noel est sous le charme de la personnalité de Ian Brown. Il va s’en inspirer pour créer son personnage de rockeur qui s’en branle, et regarde de haut, telle une petite frappe arrogante sûr d'elle même. De toute façon, son frère Noel compose la musique et les textes, ainsi Liam n’a juste qu’à chanter et poser en se tenant bien accroché au micro, pour ne pas de tomber. Ce paragraphe résume bien l’attitude du groupe : « Quand vous venez des classes moyennes, vous avez conscience de la valeur travail et de la rigueur. Vous savez que le boulot peut être gratifiant et peut vous rapporter gros si vous le prenez au sérieux. Venir de la classe ouvrière et atterrir dans l’industrie musicale, c’est comme braquer une banque. Tu fais le hold-up, tu t’en fous plein le pif et tu envoies tout balader. » (Page 98)
Le fil du récit, raconté par Benjamin Durand (historien, documentaliste, il a vécu dix ans à Manchester) et Nico Prat (journaliste ciné/musique et voix sur Tsugi Radio) remet les frères Gallagher dans le contexte social et politique de l’Angleterre des années 80 de Margaret Thatcher et 90 de Tony Blair et raconte l’exploit du groupe Oasis à franchir les marches du podium grâce au public anglais qui se reconnait dans ce groupe, notamment pour ces textes fédérateurs (Wonderword, Don’t Look Back In Anger, Supersonic ). Enfin, les auteurs mentionnent à plusieurs reprises les pères inspirateurs des frangins, évidemment les Beatles et plus particulièrement Paul McCartney et John Lennon, mais aussi Paul Weller, Johnny Marr, évidemment The Stone Roses, sans oublier Alan McGee qui les a signé sur son label indé Creation Records. Ce n'est que justice !
Après avoir lu cet essai, mon opinion envers Oasis et les frères Pétard s’est assagie. J’ai même pris plaisir à réécouter en CD leurs tubes des années 90. A quand le retour/revival de la Britpop ?
https://www.playlistsociety.fr/book/oasis-ou-la-revanche-des-ploucs/
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