Plein les couilles, plein la foufoune du mode de vie actuel ? Un bon remède, écouter la musique de Mary Bell qui décoiffe bien les oreilles. Car, le quatuor parisien a de l’électricité dans le corps humide, du coup attention à l’électrocution ! Mary Bell, est en pleine forme, la preuve avec ce deuxième album titré Bellatrix Boadicea. Les 14 morceaux de l’album sont énergiques, fun, donnent des démangeaisons, bref du punk, du garage, de la noise et une touche de grunge comme on aime, soit un mix entre Babes In Toyland, L7, Bikini Kill, Amyl and the Sniffers, The Darts. Avec eux, on est à l’opposé de la musique psychédélique, car les morceaux font à peine 2 minutes. Trop court pour planer. Bref, ici c’est le bon esprit DIY, « One, Two Three, Four, Let’s Go » à fond dans le bolide qui roule au super ! Tous les morceaux sont destinés à vivre en concert, avec un public, pour que la fête soit plus belle. Un tube comme Minimoi est un pur brulot anti « gestes barrières » et pro slam, pogo et jet de bière mais avec courtoisie et bonnes manières. Autre point fort de Mary Bell, c’est le visuel des pochettes. Pour celui-ci la batteuse Gaïlla Montanier a laissé sa place à Elzo Durt (1), qui sublime une fois de plus le packaging grâce à son coup de pinceau virtuel. Pas étonnant qu’il soit très demandé dans la sphère rock, car son style est justement rock’n’roll avec l’utilisation des squelettes, têtes de morts. Enfin, bon esprit pour la retranscription des textes dans la pochette intérieure. Vous pourrez ainsi apprendre les paroles et êtes prêts à les chanter en concert avec la Alice Carlier qui n’a pas un chat dans la gorge, mais du tigre !
(1) Interview Elzo Durt ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/09/parade-st-lollipop-records.html
https://marybellftw.bandcamp.com/album/bellatrix-boadicea
http://www.destructure.org/store/mary-bell-bellatrix-boadicea-lp
Je profite de cette chronique pour mettre en ligne l’intégralité d’une interview de Mary Bell que j’ai réalisé en 2019 pour Abus Dangereux face 151 (juillet/septembre 2019) et Persona n°9 été 2019.
Photo @ Josephine Fournis
Si Mary Bell est connue dans la rubrique des
faits divers pour avoir tué en 1968 à l’âge de 11 ans deux garçons de 3 et 4
ans, c’est aussi le nom d’un groupe parisien de punk rock teinté de grunge.
Avec Alice au chant, Victoria à la guitare électrique, Gaïlla
à la batterie et Tristan à la basse, Mary Bell s’est formé en
2013 et a sorti un album, deux EP et surtout fait de nombreux concerts
brûlants. Allumons la mèche avec Mary Bell !
Vous pouvez nous raconter comment vous vous êtes rencontré, et ce qui vous a
motivé à créer le groupe ? Quel était le lien qui vous a lié ? = qui vous a
permis de trouver la formule magique pour composer ensemble ?
Victoria : On a commencé à faire de la musique ensemble avec Gaïlla
alors qu’on commençait nos instruments respectifs et très vite, on s’est fait
chier avec nos petites reprises et on a eu envie de composer. Après avoir 2-3
ébauches de morceaux, on s’est motivées l’une et l’autre à chercher des gens
pour compléter le groupe. Tristan et Alice nous ont alors
rejoints. Tristan et Gaïlla sont amis depuis des lustres, donc ça
s’est fait très naturellement, et Alice, on l’a “recrutée” - je déteste
ce mot, mais vous saisissez l’idée - grâce à une annonce sur un groupe Facebook
de recherche de musicien(nes). Mary Bell existe depuis 2013. Je ne sais
pas vraiment s’il y’a une formule magique dans ce qui nous unit tous les 4.
Tout ce que je sais c’est que dans ce groupe, on a toutes des personnalités
bien fortes et déterminées, on vient d’horizons différents, et pourtant les
choses se passent de façon assez fluide pour la musique. Notre façon de
composer est vraiment “libre”.
Alice : J’étais super timide et envoyer un message à Victoria
pour essayer de chanter dans leur groupe n’a pas été simple, je suis contente
de l’avoir fait haha. On ne compose pas toujours de la même façon car parfois
la personne qui apporte l’inspiration a une idée très précise de ce qu’elle
veut pour chaque instrument et dirige les autres dans ce sens ou parfois on
construit tout ensemble à partir d’une ligne mélodique. On est franc les uns
envers les autres, quand on n’aime pas ou qu’on n’arrive pas à trouver une
idée, on se le dit direct.
C’est quoi le déclic qui permet de dire « ensemble on est plus fort pour
envoyer les riffs » et porter notre « petite » graine pour le punk rock qui
tache ?
Gaïlla : Il n'y a pas de déclic. Juste quelque chose de très naturel qui
ne s'explique pas. Extérioriser plein de choses, des émotions qui peuvent
parfois nous submerger. Je pense que c'est au-delà de "porter notre petite
graine pour le punk qui tache". On s'en fout du "punk rock qui
tache". On veut juste faire notre propre musique, ensemble, peut-être de
manière très égoïste, et si ça touche quelqu'un, qu'il soit dans cette scène ou
non, tant mieux. On ne cherche pas à mettre notre pierre à l'édifice
absolument. Il y a un côté très désintéressé et peut être même détaché, dans Mary
Bell.
Alice : Oui on n’a pas eu de déclic spécial, ça fonctionne juste entre
nous. Peut-être que du coup on est plus fort ensemble car nos morceaux doivent
traverser différentes critiques et idées d’horizons divers puisqu’encore une
fois on a vraiment chacun des influences très différentes.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de donner le nom d’une jeune tueuse à votre
groupe ?
Victoria : Un livre de John Waters, où il parle de ses
obsessions, et il se trouve que l’une d’entre elles était le fait divers de Mary
Bell. Personnellement, je n’en avais jamais entendu parler avant, et ça m’a
tout de suite intéressée. Une enfant qui tue d’autres enfants, ce n’est pas
commun et ça amène à se poser plein de questions, sur des aspects tant
psychologiques que philosophiques d’ailleurs. C’est vraiment ce qui m’a plu
dans ce nom.
Gaïlla : Au-delà du fait qu'on soit tous fascinés par les serial killers
et leur psychologie, le fait que ce soit une femme, une enfant, qui a subit
tant d'abus dès ses plus jeunes années, est très intéressant. Cette histoire
est abominable, c'est un énorme gâchis.
En janvier 2019 au Cirque Électrique à Paris, vous avez joué dans le festival punk « au féminin » Unpleasant Grrrl’s meeting fest. Qu’avez-vous pensé de cette journée ? Le(s) groupe(s) du festival qui vous a bluffé ? Content de votre prestation ? Justement, que représente le punk pour vous ? Et plus précisément le punk au féminin ?
Victoria : C’était vraiment une super journée/soirée. On n’avait pas joué depuis quelques mois, c’était un peu des retrouvailles pour nous, et puis on avait aussi plein de potes et d’ami(e)s à ce fest. C’était d’ailleurs un peu ce qui a marqué cette journée selon moi, j’ai passé plus de temps à discuter et boire des coups avec mes potes dans les autres groupes qu’à les voir sur scène.
Alice : Comme Victoria. En plus ce festival rassemblait dans le public des amis de partout et de plusieurs scènes, c’était super mais c’est passé beaucoup trop vite ! J’ai beaucoup aimé Fangs on Fur mais j’ai loupé des groupes que j’avais envie de voir genre All This Mess. Je me souviens m’être bien amusée pendant notre prestation, c’était juste un peu bizarre au début de jouer en après-midi mais on s’y est vite fait, j’ai juste totalement perdu la notion du temps après ça. Je crois qu’il a été 21h pendant tout l’après-midi du coup. La principale chose que représente le punk pour moi, “au féminin” ou non, c’est l’expression de la violence.
Il y a un an, j’ai fait une interview du trio lyonnais Decibelles pour le fanzine Abus Dangereux (parue dans le n°147). Parmi leurs artistes préférés, ils m’ont cité Mary Bell avec cette petite précision : « et non pas parce que ce sont des filles super cool ». Vous connaissez Decibelles ? (En aparté) Je verrais bien un split 45t avec vous et Decibelles.
Victoria : Oui oui, on les connaît ! Decibelles, c’est une des meilleures rencontres sur scène et hors scène comme on a la chance d’avoir. Gros coup de foudre musical et amical en ce qui me concerne ! On les a découvert à Nuremberg où on jouait ensemble, et perso je me suis pris une énorme claque. Je suis super contente qu’on se retrouve à l’affiche pour leur release party le 3 mai ! Ça va être de belles retrouvailles aussi.
Gaïlla : Je rejoins Vic, une des meilleure rencontre de tournée, pour le côté humain comme musical.
Alice : La même, ça bute. Hâte de rejouer avec eux, et pas que parce que ce sont des gens super cool. (N.D.L.R : Pour la sortie de leur album Rock Français, Decibelles a invité Mary Bell a assurer leur première partie du concert au Point Ephémère à Paris le 3 mai 2019) .
Photo live @ Séverine Kpoti
Sur scène, j’aime beaucoup votre énergie. Dans l’année vous faites beaucoup
de concerts ? Que représente la scène avec le face à face avec le public pour
vous ? Vos meilleurs souvenirs live et le pire ?
Victoria : pour moi la scène c’est super important, c’est un peu la
catharsis de toute notre création. On passe beaucoup de temps en studio à
composer de la musique, à mettre nos tripes dans des textes et des riffs, et
c’est, en ce qui me concerne, une énorme libération de les lâcher après sur
scène. Mon pire souvenir de live même si ça reste relatif, je pense que c’est
notre tout premier concert, car même si objectivement, il était chouette,
j’étais tellement stressée que je n’ai pas réussi à apprécier le moment sur le
coup. Et le meilleur, j’ai envie de dire, c’est tous les autres.
Alice : Parfois on se dit que ça va être compliqué avec le public, on se
compare aux groupes d’avant en se disant “ils vont penser ceci, cela” mais
heureusement on se trompe souvent et même si on joue devant personne on prend
toujours du plaisir à jouer ensemble haha. Pire souvenir, un concert de nos
débuts avec un énorme problème technique en plein milieu et une pause de genre
40 minutes, plus d’ampli, des morceaux qui doivent s’arrêter en plein milieu.
On se sent un peu bête sans rien faire face au public, surtout que je n’aime
pas parler dans le micro pour meubler. Un bon souvenir, récent, c’est un
concert dans un squat, le groupe d’avant était vraiment super vénère, les gens
bougeaient à fond et on flippait en se disant “putain on va leur jouer des
berceuses en comparaison”. Même nos deux potes dans le public pensaient qu’il
n’y aurait personne pour nous écouter. En plus j’avais l’impression d’être une
bourgeoise pas du tout à sa place avec ma ptite jupe plissée et mon polo,
j’étais super stressée je me sentais bête et jugée (sûrement à tort en plus).
Du coup on a tout donné dès le début, je suis allé dans le public en leur
chantant/criant dessus et finalement on a passé un super concert, les gens
étaient trop cool.
Gaïlla : Je ne sais pas si j'ai un meilleur souvenir, mais j'adore voir
des parents qui viennent avec leurs enfants à nos concerts et qui leur collent
des gros casques qui font 3 fois leur têtes. C'est arrivé que des petites
filles viennent me voir en disant "j'ai trop envie de faire de la batterie
!!", ou de la guitare, enfin juste de la musique, et de manière très pure
se disent que c'est possible et surtout que ça a l'air super amusant !
Photo live @ Séverine Kpoti
On reste en mode concert, Alice, en tant que chanteuse, et donc au centre de
la scène, tu as je trouve, une force magnétique pour emporter avec toi le
public (sans oublier le groupe évidemment qui est essentiel). C’est quoi ta
force de Popeye pour avoir cette adrénaline communicative ? Le live c’est ton
échappatoire ?
Le live c’est mon échappatoire oui. Je pense à ce que je raconte, à nos
histoires, nos haines et j’essaye de les transmettre donc j’ai un bon stock de
violence à communiquer. Normalement je suis super timide mais sur scène ce
n’est pas moi, je rentre dans un “personnage”. D’ailleurs je déteste parler
entre les morceaux parce que ça redevient moi, j’ai l’impression d’être toute
nue avec une petite voix. A la fin du concert je suis crevée parce que j’ai pas
du tout une force de Popeye haha, je me dis toujours intérieurement “pourquoi
tu ne fais pas de sport ??!” au bout du troisième morceau parce que je suis
déjà essoufflée.
On continu, Tristan, en live tu joues dos au public, la raison ? (timidité,
pour mieux surveiller les filles, pour éviter d’avoir en face de toi des
membres de la famille ou du collège, ou parce que tu es fan de l’attitude de
Jesus & Mary Chain époque "Psychocandy"…).
Tristan : Pas nécessairement dos au public, mais généralement au sol et
face au groupe. La première raison est que je n’aime pas l’idée de scène, je
n’aime pas l’idée que le groupe soit élevé au-dessus des gens, je n’aime pas
non plus l’idée de séparation physique entre le groupe et le public. Je prends
un plaisir terrible à voir des groupes qui jouent au milieu de la foule, comme Lightning
Bolt, ou Partout par exemple. Je n’aime pas non plus avoir quelqu’un qui
joue avec les lights, j’aime la lumière simple et fixe... Tout cela va avec une
vision de l’esthétique du punk et du “spectacle” ancrée en moi depuis mon
adolescence, vision arrivée avec mes écoutes crassiennes (ref : le groupe Crass)
et lectures situationnistes, où je me rendis compte que nul artiste du milieu
ne devrait être surélevé ou mis en lumière, ni physiquement ni spirituellement,
car cela ne pourrait se produire qu’en mettant les autres personnes de la salle
dans l’ombre, dans la non-participation et la passivité. Si je vais voir un
concert, et que l’action est éloignée dans une case, une scène lointaine, que
le groupe est éclairé et moi dans le noir, et que je ne peux pas même me rendre
compte de la dimension réelle de ces musiciens -qui semblent beaucoup plus
grands que moi de ma position-, je ne me sens pas intégré à l'événement, pas
actif, simple “spectateur” d’un moment de la vie d’un autre. Ca n’est pas ma
vision de la musique. J’ai joué dans pas mal de groupes depuis 20 balais, et
j’ai quasiment toujours joué à même le sol, que ce soit avec le groupe au
complet, ou seul sans le groupe comme cela se produit avec Mary Bell. Il
m’arrive cependant pour des raisons techniques de ne pas avoir le choix et de
devoir jouer sur scène, mais je ne m’y sens pas à mon aise et ai l’impression
de me trahir. Ma configuration préférée reste quand même quand on joue à même
le sol et qu’il n y a pas de scène, et qu’on est tous au même niveau... Mais ça
n’est pas toujours le cas.
La seconde raison, -qui explique pourquoi je suis plus tourné vers le groupe-
est que j’aime jouer avec mon groupe, c’est d’ailleurs ce qu’on fait en répète
toute l’année et je ne vois pas pourquoi je leur tournerais le dos dans les
moments importants, uniquement pour satisfaire des codes qui ne me satisfont
pas.
En studio, vous essayer de retrouver votre énergie live, ou bien c’est une
autre approche pour composer ?
Victoria : on essaye d’être le plus énergiques possibles, oui. Quand on
enregistre, on a ce truc de toujours gardé la version du morceau qui pète le
plus, même si elle peut être imparfaite ou un peu brouillon.
Alice : Oui, sinon ça ne serait pas nous. Je revois des moments où je
n’arrivais pas à chanter et où Gaïlla, Victoria et Tristan me
disaient de penser au sens du texte. Bizarrement, ça marche toujours mieux
après ! Si on se déconnecte de ça, on fait de la soupe.
Gaïlla : Souvent, Vic arrive avec un riff, et ensuite tout
s'enchaine très naturellement encore une fois. Il n'y a pas de règles. Ça m'est
déjà arrivé de trouver un riff de guitare et qu'un morceau en découle, ou alors
que je bloque sur ma part de batterie et que Tristan ait une idée. Mais pour ce
qui est de l'énergie, oui on essaye au maximum d'avoir le même son sur scène et
sur disque. On fait juste ce qu'on aime faire sans trop se poser de questions.
De manière très basique mais dans le bon sens du terme.
Sur votre album, il y a un morceau qui a pour titre "I hate you".
C’est un titre qui a le mérite d’être clair, comment est né ce morceau ? Des
références, coup de gueule en tête lors de la composition ?
Victoria : Ce morceau parle de mon ancienne boss dans l’humanitaire qui
était un véritable tyran et que j’ai supportée pendant 6 ans. Elle m’en a
tellement fait baver, c’était humiliation sur humiliation, et à un moment, j’ai
eu envie de transformer ma rage envers elle et ma frustration en quelque chose
de créatif, et ça a donné ces paroles. Voilà, on en revient toujours à ce truc
cathartique.
Gaïlla : C'est Vic qui est à l'origine de ce morceau et c'est un de mes
préféré à jouer en live. Il est super libérateur. Et en live, même si tu viens
et que tu ne nous connais pas, si t'as passé une journée de merde, ça va te
parler et tu vas pouvoir hurler ta haine. Ce morceau devrait être prescrit par
les médecins et remboursé par la sécu.
Les pochettes de vos disques sont magnifiques. On sent chez vous une
affection pour le graphisme. Un mot sur le choix des visuels ? Vous êtes
amateurs d’un lieu tel que l’Art Factory ?
Gaïlla : Pour les deux premiers disques, je me suis chargé des visuels,
je suis une grosse fan de Charles Burns, et je pense que ça se ressent
dans mon travail. Après nous sommes tous fans de visuels ésotériques, noirs,
mystérieux. Ça colle bien avec notre musique. Et comme pour la composition des
morceaux, si l'un d'entre nous a une idée, il est libre d'en faire quelque
chose: un badge, une affiche de concert ou autre. On touche tous un peu à tout
et surtout il n'y a pas de barrière tant que ça a du sens pour nous tous. Et
généralement c'est le cas.
Qui sont vos artistes préférés ? Vos disques de chevets ?
Victoria : Si c’est le moment où on balance les classiques, je vais dire
Nirvana et Fugazi, car ce sont un peu les 2 groupes qui ont
changé ma vie. Neil
Young, les Melvins, Bikini Kill, les Dead Kennedys, Black Flag. Autrement,
il y’a ce que j’écoute à fond en ce moment : l’album “Zig zag lady illusion” de
Casual Hex, l’album de gSp sorti sur Thrilling Living (et à peu
près tout ce qui sort sur ce label d’ailleurs, notamment l’album de BB and
the Blips) et j’écoute aussi énormément Cuntroaches, un groupe
punk/hardcore un peu expérimental de Berlin. Le morceau “Pig Woman” notamment,
que je peux écouter mille fois d’affilée sans me lasser. La chanteuse chante
vraiment comme une sorcière, j’adore !
Alice : Pfff j’avoue, en ce moment je n’écoute quasiment que de la
musique “Classique”, obligatoire pour mes études. Du coup j’ai actuellement les
premiers quatuors de Beethoven en disques de chevet. Je ne sais même pas
quoi citer dans mes artistes préférés, ça va dans tout les sens ! X-Ray Spex
bien sûr, Nina Hagen Band, l’album éponyme surtout, mais aussi Blitz,
les B52’s, les Dead Boys, 13th Floor Elevators…
Tristan : Pour la table de chevet : Truman’s Water, Bear VS. Shark, Karp, Q and not U, Dilute, Sun Araw, June
Marx, Burial, Gang Green, Django. Ça dépend franchement de
mon humeur en allant me coucher.
Question d’actualité pour finir, les Gilets jaunes dans la rue, c’est cool pour l’expression du peuple ?
Victoria : C’est un mouvement super intéressant d’un point de vue socio-politique, de par sa naissance et sa diffusion, et selon moi, bien sûr que c’est légitime d’exprimer son mécontentement envers des politiques qui te chient sur la gueule quotidiennement dans l’impunité la plus totale. Le problème de ce mouvement, comme dans tout mouvement de ce genre, ce sont les dérapages - les insultes racistes, antisémites et homophobes par exemple. Mais en tout cas, rien de tout ça n’excuse ni ne justifie le recours à la violence extrême du gouvernement. L’ONU classe maintenant la France au même rang que le Soudan et le Zimbabwe pour les violences policières... Et on a aussi la corruption qui atteint des records… Bref, je ne suis pas spécialement optimiste concernant le futur politique de notre pays. Et je ne pensais pas dire ça un jour, mais là, j’ai juste envie de citer Pamela Anderson : “I despise violence...but what is the violence of all these people and burned luxurious cars, compared to the structural violence of the French -and global - elites? Instead of being hypnotized by the burning images, we have to pose the question where did it come from...? And the answer is: it came from the rising tensions between the metropolitan elite and rural poor, between the politics represented by Macron and the 99% who are fed up with inequality, not only in France, all over the world. The true question is whether the disobedience can be constructive, what comes the day after, can the progressives in France, and all over the world, use this energy so instead of violence we have images of constructing equal and egalitarian societies?” (Traduction: “Je méprise la violence… Mais que représente la violence de tous ces gens et de ces voitures luxueuses brûlées comparées à la violence structurelle des élites françaises et mondiales. Au lieu d’être hypnotisés par les images, nous devons nous poser la question : d’où vient cette violence ? La réponse est : elle vient de la montée des tensions entre l’élite métropolitaine et la pauvreté rurale, entre les politiciens représentés par Macron et les 99 % qui en ont marre des inégalités, pas seulement en France, mais dans le monde entier. La vraie question est de savoir si la désobéissance peut être constructive, que se passerait-il demain ? Les progressistes en France et dans le monde, peuvent-ils utiliser cette énergie pour créer, comme ça, au lieu de ces images de violence, nous aurons droit à des images d’une société égalitaire ?).
Tristan : Botter le cul des oligarques qui pourrissent la France jusqu’à la moelle depuis tant d’année est la meilleure chose qu’il pourrait nous arriver. Les gilets jaunes sont globalement et malheureusement bien souvent diabolisés, ce qui arrive toujours dans notre pays lorsqu’on secoue et ne répand pas les idées des gens de biens et des bien-pensants. Cela fait des années que l’on subit la propagande des riches, qu’elle soit médiatique ou idéologique (par l’école notamment), et un mouvement populaire pluripartite qui propose des choses, en 2019, c’est de l’ordre de l’inespéré, ne serait-ce que parce qu’il permet de révéler à quel point nos institutions sont gangrenées, et plus encore parce-que les gens parlent à nouveau de politique au boulot, à la cantine, entre amis, en famille, à la maison,... Discussions que les bourgeois avaient réussi à rendre tabou pour la majorité de la population.
Que ce soit avec ou sans les gilets jaunes, j’espère franchement que nous saurons faire un bon dans un futur plus juste et radieux, que l’espoir revienne avec quelque-chose qui ressemble à une vraie démocratie, plus participative, et loin de l’impact des lobbys et de ces multiples monstres qui ne rêvent que d’argent et de pouvoir. De toute manière, soyons sérieux : ce sera soit ça, soit du feu et du sang sous un soleil de plomb ! Alors oui, arrêtons d’avoir peur de le dire: les gilets jaunes dans la rue: c’est cool. Ne serait-ce que parce qu’en faisant nous interroger sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font, ils nous permettent de nous questionner sur ce que l’on est et ce que l’on fait nous-même.
S’il y un message à faire passer à nos lecteurs c’est ici !
Tristan : Suivez notre collectif, le Collectif Semi-Conscient (colsemco.com), avec lequel on se fait chier pour produire les records de nos groupes en toute autonomie avec trois bouts de ficelles et un cure-dent. Ainsi que les copains et soutiens du Turc Mécanique, Danger Record et Tcritromal. Bisous !
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