jeudi 20 mai 2021

ABRAHAM FOGG présente le court-métrage "Metamorphosis" pour illustrer l’EP qui sera disponible à partir du 21 mai 2021


Le court-métrage en deux parties du titre Metamorhosis réalisé par le duo Abraham Fogg montre le travail de l’artiste plasticien Olivier De Sagazan (1). Ce magnifique court-métrage a remporté plus de 15 prix lors de festivals internationaux.

Ci-dessous le texte du dossier de presse :

"Abraham Fogg flirte avec les expérimentations electro / techno originelles du label Warp et les climats mystiques et aériens d’un Arvo Pärt.

Une electronica personnelle et narrative. On y croise un ensemble de violoncelles ou un piano fantomatique. Des basses profondes et agressives, des rythmiques instables cohabitent avec des thèmes mélodiques d’une grande puissance émotive, intemporels, et des plages plus contemplatives.

Le duo Abraham Fogg (Grégoire Vaillant & Charles-Edouard Dangelser - collaborateurs du Manchester Camerata Orchestra, Bill Ryder Jones...) livre des performances live en contre-jour aux allures de messe païenne, dans un écrin de fumée, de leds, d’écrans et d’images intenses, d’apparitions fantomatiques en surprises sonores spacialisées. Le duo réalise ses propres courts-métrages. Ces objets singuliers ont déjà remporté plus de 35 prix, tant pour leur portée visuelle que musicale, dans les festivals internationaux de cinéma, de Paris à New York en passant par Londres, Calcutta ou Los Angeles."

L’EP Metamorphosis sera disponible en digital et en vinyle édition limité à partir du 21 mai 2021. 


https://abrahamfogg.bandcamp.com/releases

https://www.abrahamfogg.com/


 

(1) Je profite de la news pour mettre en ligne une interview d’Olivier De Sagazan que j’ai réalisé en 2012 pour le fanzine Abus Dangereux Face 124 septembre 2012.


L’artiste Olivier De Sagazan met son corps au cœur de son travail. Avec de l’argile, son visage prend milles formes zombiesques et inquiétantes. C’est à la fois flippant et envoutant.
J’ai découverts Olivier De Sagazan, à l’occasion d’une performance qu’il a donné à l’Espace Kiron à Paris le 31 mars 2012. Installé au milieu de la scène, habillée d’un costume, il est assis face aux spectateurs. Derrière lui, 2 tôles métalliques, et devant, des pots d’argiles, de peintures et divers objets. Pendant 20 minutes, sans musique, il va mètre sur son corps les substances argileuses, qui vont, comme par magie, pendre sur lui des formes curieuses. Progressivement, il se met en état de transe, il murmure, pousse des cris, il donne des coups dans les tôles, son costume glisse, laisse la place à son corps squelettique et son visage disparait pour en faire apparaitre d’autres. Il quitte la scène, il laisse le sol en chantier et des traces de matière (qui ressemblent à une peinture de Francis Bacon) sur les tôles encore agitées. Oui sa perfo vous prend aux tripes !


Ta fibre artistique date t’elle depuis ton enfance en Afrique ?
Je suis né entre deux rives, sur un bateau qui allait de Bordeaux à Brazzaville. Mon travail est un peu aussi à l'image de ce croisement entre l'Occident et l'Afrique, l'intelligible et le sensible, la raison et un monde plus obscure où ce qui nous habite et nous fait désirer, constitue une sorte d'innommable qu'on ne peut exprimer que par la danse, le théâtre et les arts plastiques en général.

Tu es à la fois peintre et tu fais aussi des performances. Ce sont des versions 3D de tes tableaux ? C’est une façon de faire sortir tes œuvres de leur format rectangulaire et plat ?
Une forme ne m'intéresse que quand je l’ai annexée en l'a vivant" je prendrais cette phrase de Braques comme mienne pour exprimer mon désir depuis toujours de rentrer dans mon œuvre, d'y laisser une empreinte physique de mon corps et de ce qui l'anime, aussi un jour ai-je fini par devenir "un artiste sans chevalet", peignant et modelant directement sur mon corps, utilisant celui-ci comme pour peindre en directe sur la rétine des spectateurs.

Pour tes performances tu utilises quoi comme matière ? Tu retravailles/recomposes de quelle manière cette matière ?
Ma base est de l'argile qui adhère remarquablement sur la peau et lui ressemble dans sa ductilité. Le corps par ses extensions argileuses devient protéiforme, et je pilonne à plaisir des gueules d'animaux et d'hommes mutants qui se succèdent à l'infini.


De quoi parles tes performances ?
Le visage est l'espace au monde le plus sacré, parce qu'il se confond avec l'identité même de la personne. Le sur modelage du crâne et de la face permet d'explorer ce champs de force qui fait ce communiquer notre mystérieuse Intériorité avec le Monde. Changer de face c'est du même coup comme ouvrir sur l'infini de nos ressentis et de nos pensées. Cette performance voudrait projeter le spectateur dans l'abime de cet innommable que nous sommes mais que le langage, les règles morales, le conformisme et le simple fait de l'adhérence à la vie ont concouru à niveler. Réactivés la sensation profonde que notre « Je est un Autre », voilà ce qui m'intéresse.

Avant ta performance, tu as l’air détendu et serein. Tu vends tranquillement tes DVD. Quelle est ta préparation (mentale et physique) avant d’entrer en scène?
J'ai une longue préparation ou je m'échauffe physiquement et surtout mentalement pour tenter d'être le plus conscient possible. J'ai l'impression de monter sur un ring où je joue ma vie. Je me répète: c'est à moi, je vais essayer encore une fois, essayer d'aller plus loin , aller derrière mon visage, aller à ce qui tient mon visage , je n'ai pas de visage, j'en ai des milliers, je ne suis pas mon visage, il faut ouvrir ma tête , je veux la faire exploser, je veux comprendre ce que c'est, ce que ça veut dire, qui veux quoi dans comment et comment ça fait pour le dire.

Dans tes performances, on voit apparaître de nombreux personnage, entre fantômes/zombies et sorcières vaudou. Les personnages que tu fais apparaître sont-ils les fantômes/spectre de l’âme humain (ou animal) ? Tu peux nous les présenter ?
Ces personnages c'est ce Moi, ces Mois, comme misent à nu par la terre, masqué dans un carnaval les gens disent sans complexe tout d'eux même. Ici de la même façon, ce travail en aveugle fait que j'exprime tout ce que je ressens à l'intérieur de moi sans correction aucune des masques qui se succèdent.



Tes perfos sont proche de la transe. Ce sont tes nombreux voyage en Afrique qui t’on inspiré cette forme de rituelle?
Le fait même d'être au monde est un voyage qui devrait susciter à tous des formes de transe et d'angoisses ou d'exaltation à répétition. Effectivement la performance est une forme d’expression libre où s'amplifie ce sentiment océanique d'être au monde dans une forme d'étrangeté radicale à soi-même.

A la fin de ta perfo, les éclats de « boue/peintures » donnent une fresque proche d’une œuvre de Francis Bacon. C’est un artiste qui te touche ?
Bacon est dans le domaine de la peinture l'artiste qui me touche le plus, dans la littérature ce serait Becket et Artaud dans son engouement pour le retour à la vie.

Tu vends par la suite le résultat de tes éclats sur la tôle ?
Je retouche sur Photoshop certaines photos de mes performances, puis après impression sur métal ou Dibond, je les retravaille à la peinture dans un désir ultime de phagocyter une dernière fois ces objets machiniques et en faire des objets uniques.

Tu utilises le terme de « Transfiguration » pour décrire le travail « brut » de tes perfos/peintures. Tu peux nous éclairer sur le sens de ce mot, pourquoi le choix de ce mot?
Je n’ai pas trouvé mieux, défiguration sous-entend juste la perte d'une matrice, transfiguration souligne le passage par la figure et son dépassement.


Dans quel état d’esprit abordes tu la création d’une une nouvelle peinture ? Quelle est ta méthode de travail ? Tu as un grand atelier?
J'ai travaillé seul dans un atelier la peinture et la sculpture comme un moine, aujourd'hui avec cette performance Transfiguration qui a fait un buzz sur YouTube, je vais un peu partout dans le monde, il y deux semaines c'était la Corée au Chungcheong International Mime Festival, et là je rentre du FITBH festival de performance au Brésil où je m'occupais aussi d'un master, car je commence un peu partout à initier des étudiants en danse et théâtre à se travail avec la terre. Je repars sur Glasgow dans trois semaines dans ce même cadre de performance et master class pour le festival Surge et en Suisse pour une exposition autour du corps en peinture.

Es-tu un rat des villes, un chat d’appartement, un poisson dans l’eau, un oiseau migrateur, ou un hérisson écrasé sur une route de campagne ?
Donc plutôt oiseau migrateur aujourd'hui.

Ta façon de t’exprimer sur scène me fait penser aux artistes de la musique industrielle telle que Rosa Crux, Einturzende Neubauten, Test Dept, Virgin Prunes. Tu écoutes de la musique industrielle ? Tes artistes (et mouvements) préférés ?
Oui j'aime beaucoup ces groupes suscité mais j'aime bien d'autre chose comme le nisi dominus de Vivaldi que j'intègre maintenant toujours à Transfiguration quand je me transforme en femme.


https://olivierdesagazan.com/


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