jeudi 18 août 2022

LE SUPPORT PHYSIQUE va t’il pouvoir continuer à faire face au tout numérique ?

Le support physique a la vie dur face au tout numérique, face aux bouquets qui proposent des abonnements qui permette pour 10 euros par mois de voir une multitude de films, d’écouter un long couloir sans fin de musiques, de trouver sur Internet une somme d’informations qui ont fait des gros ouvrages d’encyclopédie des antiquités papiers, bon au bûcher. Pour cet état de fait, on ne va pas pleurer, les encyclopédies c’est moche. A ce sujet je vous recommande de regarder l’excellent film L’Entourloupe de Gérard Pirès (1980). Dans ce film il y a une belle brochette d’acteurs (Jean-Pierre Marielle, Jacques Dutronc, Gérard Lanvin), qui font du porte à porte chez des paysans pour leur vendre des encyclopédies médicaux, dont ils n’ont pas besoin, mais l’argument de vente est que justement, ils ne le savaient peut être pas, mais ils en ont besoins ! Avec le prix du papier qui n’arrête pas d’augmenter, comment les magazines, livres vont-ils se réinventer pour ne pas augmenter leurs prix de vente, d’une façon à ne pas effrayer les acheteurs qui restent encore attaché au support papier ? A ce sujet la revue rock New Noise va mal, du moins leur dernier numéro c’est mal vendu, une baisse de 35-40% de ventes (1). A noter que pour la rentrée littéraire de 2022, il y a une baisse en nombre de romans, 490 en 2022 contre 521 en 2021. Soit le plus petit chiffre en sorties depuis 20 ans. La pénurie du papier est surement une des raisons.

Dans le domaine du DVD et Blu-ray, les petits éditeurs font des petit tirages (1000 à 2000 exemplaires) et surtout ils restaurent les films en HD, ils incluent une quantité de bonus de qualités et parfois un livret papier d’une vingtaine de pages, pour un prix de 25 à 30 euros. Tous ses efforts sont pour que le public reste attaché à l'objet,  au format physique. Pour avoir une idée de prix, il ne faut pas oublier qu’au début des années 80, une vidéo VHS coutait parfois 500 francs (75 euros). D’où la nécessité de vidéo club pour emprunter à pas chère un film. Pour la petite anecdote, en fouillant dans les bacs en extérieurs chez Disc' King à Paris Montparnasse, j’entends deux jeunes de moins de 20 ans disent: "tient sa existe encore les DVD ?". Oui, mais pour combien de temps ?

Avec le retour du vinyle, justement des jeunes se sont mi à en acheter, et voilà que soit disant à cause du prix du pétrole, le prix du vinyle se met à flamber (sans jeu de mot). Ainsi on peut voir des prix aussi délirant que la BO de Videodrome de David Cronenberg composé par Howard Shore, publié par Mondo/Universal à 103 euros à la Fnac des Champs Élysée (sic !), des rééditions à plus de 40 euros (= plus chère que les originaux), exemple l’album Saturn Strip d’Alan Vega (1983) vendu à 43.50 euros chez Balades Sonores. Maintenant, le prix vinyle d’une nouveauté indé est proche des 30 euros. Il faut que l’escalade des prix s’arrête, car à ce rythme, il n’y aura plus d’acheteurs. Malgré tout, pour rappel dans les années 90, quand le CD était la star, son prix était de 135 francs (21 euros), soit bien plus chère qu’aujourd’hui. (2)

Tous les médiats nous informent qu’à partir de septembre 2022, le pouvoir d’achat va encore baiser, à cause de la hausse des prix global du quotidien. Pour les « produits » culturels, il faudra faire des choix. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier !

(1): Sur sa page Facebook et site Internet, New Noise a posté un message d’alerte envers leurs lecteurs, la voici ci-dessous :

"New Noise n°64 sera-t-il le dernier ?

De toute évidence, notre n°62 (Cave In en couverture) n’a pas intéressé autant de monde que d’habitude. Notre distributeur MLP nous a annoncé hier une baisse des ventes de 35-40% sur cette parution. Une première dans toute l’histoire du magazine, dont les ventes étaient jusqu’alors toujours restées stables, et même en légère hausse constante depuis 2018. Récemment, malgré une grosse baisse des revenus publicitaires, nous avons traversé la période pandémique sans problème, ceci grâce à une vague d’abonnement massif et de bonnes ventes en kiosques. Puis, là, au moment où nous ne nous y attendions pas, le coup de massue. Un accident de parcours ? Apparemment pas, car, toujours selon notre distributeur, les ventes du n° actuel (#63, Viagra Boys en couverture) ne s’annoncent pas meilleures… Les pertes financières sont déjà considérables à cause des faibles ventes du n°62, si celles des n°63 et 64 restent du même ordre, ce sera la fin de l’aventure new Noise.

On peut se battre et continuer lorsque les annonceurs se désistent, lorsque le prix du papier augmente, lorsque le distributeur vous met des bâtons dans les roues, mais si le lectorat se désintéresse, là… à quoi bon…

Quand MLP nous a interdit les doubles couvertures il y a quelques mois, nous les avons prévenus que les ventes allaient baisser, mais nous étions très loin de penser perdre plus d'un lecteur sur trois. Et hier, en y réfléchissant, il nous a même semblé impossible qu’il s’agisse-là de la seule cause. Les sommaires du n°62 et 63 nous paraissaient effectivement un peu moins « vendeurs » que ceux des deux n° précédents, la pagination du magazine a baissé (-16 pages), et bien sûr, le contexte économique actuel doit jouer : le pouvoir d’achat en a pris un sacré coup dernièrement. Bref, nous avons cherché des raisons à cet effondrement des ventes, très brutal et qui pourrait bien être fatal à new Noise sous sa forme actuelle, tout en sachant que nous ne les connaîtrons certainement jamais. Vous nous auriez demandé il y a deux jours « comment se porte le magazine ? », nous vous aurions répondu « très bien, on a de la chance ». Aujourd’hui, on se dit que c’est peut-être bientôt la fin.

Il va sans dire que chaque nouvel abonnement, chaque vente supplémentaire du n°63 va désormais beaucoup compter, donc si vous hésitiez, mais ne voulez pas voir new Noise disparaître, ne tergiversez plus. Après, il sera trop tard.

Ce post a surtout pour but de vous tenir au courant de la situation, et peut-être de faire prendre conscience à certains de la fragilité d’un media comme new Noise, qui vit principalement grâce à ses ventes. Si ces quelques lignes en poussent suffisamment d’entre vous à s’abonner ou à acheter le magazine pour que nous puissions rebondir, tant mieux, sinon, tant pis ; c’est que new Noise aura fait son temps.

Et encore merci à ceux qui nous sont restés fidèles toutes ces années."

Interview d'Olivier Drago rédacteur en chef de New Noise ici:  https://www.youtube.com/watch?v=ptgCh7XfHk8

https://www.facebook.com/newnoisemag

(2): France Info a publié un papier intéressant concernant la spéculation sur le disque vinyle, notamment avec la côte Discogs : https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/rock/pourquoi-le-disque-vinyle-est-il-si-cher-enquete-sur-un-objet-convoite-entre-passion-et-speculation_5310997.html

1 commentaire:

  1. Le prix des vinyles neufs c'est totalement délirant, je pense que je n'en achèterai plus jamais, ou ceux de petits groupes vendus à prix normal dans les 15 à 18 euros en concert. Je me contente de mon abonnement Deezer (on me l'offre), des vidéos youtube et des coup de coeur Bandcamp quand les fichiers ne sont pas trop chers et pour soutenir les artistes.

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