Créé en 1966 par le producteur Tony Tenser, la firme Tigon Britsh Film Productions est un petit studio qui veut profiter de la notoriété des Studios Hammer film (qui sont juste en face dans la même rue) pour faire des films d’horreurs à l’anglaise. Avec La Maison ensorcelée, -3ème production du studio après La créature invisible et Le Vampire à Soif- Tigon réalise un jolie coup en réunissant à l’affiche le vétéran Boris Karloff, la plus-value Hammer Film avec Christopher Lee, la plus-value Mario Bava/Ricardo Freda avec la belle Barbara Steele. Malheureusement, si l’affiche est très séduisante, le résultat n’est pas à la hauteur de cette rencontre de stars du film d’horreur. La Maison ensorcelée est plus proche d’un épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir que d’un film de cinéma.
Malgré tout, la patine british 1968 donne un charme qui fait passer la faiblesse du scénario adapté de la nouvelle La maison de la sorcière de H.P. Lovecraft (1), du jeu limité (à cause de leur personnage) des acteurs. De plus les passages de cauchemars du "héros" interprété par Mark Eden, sont bien psychédélique, avec en prime une touche de fétichisme, avec flagellation au menu, le tout bien mis en scène et mis en couleur digne de Mario Bava. Rien que pour ce passage qu’on verra à trois reprises, La Maison ensorcelée mérite d’être vue. Parmi les trois grandes personnalités de l’affiche, c’est Barbara Steele qui est la moins gâtée. Certes, elle a un magnifique maquillage bien glam rock, un étonnant costume, mais son texte se résume à un seul mot: "signer !". C’est plutôt frustrant pour le spectateur. Christopher Lee joue son rôle avec le minimum syndical. Si Christopher Lee a accepté ce rôle, c’est juste pour donner une nouvelle fois la réplique à Boris Karloff, avec lequel il a déjà joué en 1958 dans le film Corridor Of Blood de Robert Day. Au moment de jouer dans La Maison ensorcelée, Boris Karloff alors âgé de 80 ans, est très malade, il ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant, ainsi son rôle a été adapté à cet handicap. D’ailleurs il va mourir quelque mois plus tard, le 2 février 1969. Entre temps il aura malgré tout pu faire encore deux apparitions à l’écran dans les films, La Cible et Mad Monter Party.
Dans la catégorie film Bis des années 60 qui mêle horreur gothique et érotisme, La Maison ensorcelée se
laisse voir avec plaisir, d’autant que cette nouvelle édition en combo
Blu-ray-DVD avec un nouveau master en HD, permet d’apprécier les couleurs pop
et le grain des films anglais bien sixties. Vous pouvez oublier le DVD sortie en 2007 chez Seven7. Les acteurs, on les a vu dans de
biens meilleurs rôles, mais voir dans un même film Boris Karloff, Christopher
Lee et Barbara Steele, sans
oublier dans un second rôle de majordome, l’acteur Michael
Gough qu’on a aperçu dans de nombreux films d’horreurs et séries télé, -soit une gueule de cinéma qui fait toujours plaisir de voir à l'écran-, cela ne se refuse pas !
Malgré le succès très mitigé à sa sortie en salle (tant par la critique que par le public), après La Maison ensorcelée, la firme Tigon va poursuivre dans le film d’horreur avec huit longs métrages jusqu’à 1973, dont Le Grand Inquisiteur avec l’impérial Vincent Price (1968) et La Vampire Nue de notre grand Jean Rollin (1970).
(1): Le pitch en quatre lignes : Robert Manning (Mark Eden), un marchand d'antiquités part à la recherche de son frère, mystérieusement disparu après avoir poignardé une jeune femme au cours d'une fête satanique avec la présence de la sorcière Lavinia Morley (Barbara Steele). Son enquête le conduit à un manoir, siège de cérémonies orgiaques et décadentes tenue le châtelain Morlay (Christopher Lee).
Nota : En 1983, la firme Cannon sort en salles le film House of the long shadows (Le manoir de la peur en VF) de Pete Walker, avec également à l’affiche une belle brochette d’"horror stars" : Vincent Price, Christopher Lee, Pete Cushing, John Carradine. Nous sommes en 1983, cela fait depuis de nombreuses années que l’horreur gothique est détrônée par le genre slasher (Halloween, Vendredi 13) et nos stars commencent sérieusement à vieillir. Christopher Lee avec ses 61 ans est le plus jeune. Cette rencontre de stars sera là aussi une déception. Encore plus qu’avec La Maison ensorcelée, vu qu’ici la patine TV 80 se fait affreusement sentir. Venant de la part des vautours de Cannon Group, plus habitués à essorer jusqu’à la dernière goute de sueur l’acteur Charles Bronson et les films d’actions avec des gros bras, le genre "horror film" n’était pas entre de bonnes mains.
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