Depuis le mois de mars 2022, l’éditeur Sidonis-Calysta a publié dans la collection Mario Bava, cinq Médiabook (combos Blu-ray/DVD/livret) : Le Masque du démon, La fille qui en savais trop, L’île de l’épouvante, Les Chiens enragés (1) et Les Vampires. Tous les films sont restaurés en HD, complétés de bonus avec des interviews d’Olivier Père (Arte France), Christophe Gans (ex revue Starfix, réalisateur du Pacte des loups) et Bruno Terrier (boutique Metaluna Store et fan de Bava).
Synopsis :
"Paris. Un tueur en série s'en prend à de jeunes femmes qu'il vide de leur sang. Tandis que la police s'enlise, le journaliste Pierre Valentin (Carlo D’Angelo) mène sa propre enquête. Au contact d'une amie de la première victime, il apprend que toutes ont été suivies par un drogué. Sa piste mène au Dr Du Grand (Antoine Balpêtré), dont les expériences sur la vie éternelle pourrait expliquer que sa supposée nièce Gisèle (Gianna Maria Canale) affiche une jeunesse insolente...".
Les Vampires (I Vampiri en VO) sortie en 1957 est officiellement le premier film d’épouvante gothique italien. Soit la même année que Frankeinstein s’est échappé, premier film d’horreur gothique de la firme anglaise Hammer Film. Les Vampires est réalisé par Riccardo Freda (1909-1999), qui a en 1957, une belle carrière de cinéaste avec des films d’aventures et des péplums. Les Vampires est son premier film fantastique, gothique, même si on trouve quelques éléments gothiques dans ses films de cape et d’épée. Le projet du film est né suite à un pari avec des amis producteurs, en affirmant qu’il pouvait réaliser un film fantastique en 12 jours. En Italie, à l’inverse de l’Allemagne avec Murnau, la France avec Feuillade et Cocteau, le cinéma d’horreur/fantastique réalisé par un italien était pratiquement invisible sur les écrans.
Pour accompagner Freda dans pari contre la montre, il fait appel à Mario Bava (qui a déjà travaillé avec lui) à la photographie et Beni Montresor aux décors et costumes. Tous les trois vont faire ensemble un magnifique film, notamment pour l’image, le noir et blanc très graphique. Riccardo Freda ayant un mauvais caractère, et voyant qu’il ne pourra pas faire son film en 12 jours, s’engueule avec les producteurs, d'autant qu'ils sont en désaccords avec le scénario/mise en scène, selon eux trop morbide, ainsi Freda claque la porte. Mario Bava à la lourde charge de finir le film en 2-3 jours. Ainsi Les Vampires devient en parti, son premier film en tant que réalisateur. Autant dire qu’ici, du point de vue images et effets spéciaux, Bava fait des miracles, notamment pour le visage de Gisèle Du Grand qu’on voit vieillir. L’effet est sidérant, et pendant de nombreuses années, les cinéphiles vont se demander comment ce trucage a été fait. La réponse est dans les bonus du Médiabook (2). Certes les décors peints ressemblent plus aux décors d’une pièce de théâtre que ceux d’un film, mais la demeure des Du Grand est tellement beau, bien gothique, bien mi en valeur avec le noir et blanc, que l’œil du spectateur ne peut qu’être sous le choc. D’autant que la belle Gianna Maria Canale (femme de Riccardo Freda jusqu'à sa mort en 1999, dont elle sera aussi son actrice dans 12 films. Les Vampires sera leur dernière collaboration commune pour le cinéma) en impose de sa présence longiligne et glamour digne d’un film noir des années 40. Tous ces ingrédients font de Les Vampires un classique du cinéma d’horreur, et l’entrée de l’Italie dans ce style de cinéma de genre.
Pour la petite histoire, en Italie Les Vampires n'aura pas de succès à la sortie en salle. Le public italien imagine mal un réalisateur, techniciens et acteurs italiens faire un film d'horreur, fantastique. Ainsi, pour son film suivant, Caltiki, le monstre immortel (1959), Freda utilise le pseudonyme à consonance anglo-saxon de Robert Hampton.
(1): Chronique du film Les Chiens Enragés ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2022/06/les-chiens-enrages-de-mario-bava.html
(2): Pour les cinéastes en herbes qui veulent se lancer dans les effets spéciaux, Mario Bava explique le trucage temps réel de I Vampiri dans une vidéo disponible sur le net. A noter que Mario Bava va réutiliser ce procédé pour son film Le Masque du démon quand Barbara Steele est sur le bûcher :
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