En 1978, année de la sortie de Ages, son 4ème album solo, Edgar Froese, âgé de 34 ans, a déjà derrière lui 10 albums impériales avec le groupe Tangerine Dream, soit un total de 14 albums depuis la création de Tangerine Dream en 1967, le tout en seulement 11 années derrières les synthétiseurs qui prennent, comme le matériel informatique, la place de plusieurs salons. Déjà avant d’écouter une première note de ce double album vinyle, la pochette montre en gros plan le visage d’Edgar Froese qui nous fixe d’un regard matinal, à peine sortie du lit ou celui suivi d’une longue séance d’enregistrement ou de répétition. C’est la première, mais aussi la dernière fois où on le voit sur le recto d’une pochette de disque. S’il se montre ici à découverts, les yeux dans les yeux, c’est qu’il doit surement être contend de son travail sur ce nouvel album qui sort au mois de janvier 1978. A noter que seulement deux mois plus tard, Tangerine Dream va publier le magnifique album Cyclone, mais ceci est une autre aventure en compagnie de Klaus Kieger, Chris Franke et Steve Jolliffe, soit une actualité très chargé pour Edgar Froese en cette année 1978.
Pour ce nouvel album solo, Edgar Froese a composé neufs instrumentaux à la fois mélodiques, aériens et spacieux. Ages commence avec Metropolis, un hommage au film de Fritz Lang et s’achève avec Golgotha and the circle closes. A noter que ce morceau a été supprimé de la version CD publié en 1997, par manque de place sur le CD. Virgin n’avais apparemment pas les moyens de faire un double CD. En 2005, Edgar Froese réenregistre l’album pour une nouvelle sortie CD, avec les morceaux dans un autre ordre, de durées différentes et la suppression du morceau Childrens deeper study, avec son beat électro cheap. Par contre pour cette version CD, le morceau Golgotha and the circle closes réapparait et retrouve sa place en fin de l’album. Quant à Icarus, son orthographe en 2005 est Ikarus. Pourquoi tous ses changements ? Notamment l’ordre des morceaux, leur durée, surement qu’il ne devait pas être satisfait, jusqu’à la pochette qui n’a plus sa tête en gros plan, mais la photo du verso du vinyle en version réduite.
Pourtant la version de 1978 n’avais à mon sens pas besoin de ce relifter, car le voyage sonore de Ages est parfait de bout en bout, du moins pour l’amateur de musique prog, ambient, planant, synthétique avec une touche B.O. de films (Era of the slaves aurait pu être sur la B.O. de Sorcerer). Le morceau Nights of automatic woman (quel magnifique titre, notamment pour un film Bis) est une petite splendeur cosmique qui nous fait planer parmi les étoiles. Ce morceau fait plus d’effet que fumer un joint d’herbe. L’utilisation de la guitare électrique sur certains morceaux, donne une touche rock qui évite l’album de plonger dans un profond coma ambient. C’est justement Icarus, le morceau le plus rock de l’album qui se retrouve en ouverture du CD de 2005, au lieu de Metropolis qui passe de 11 à 5 minutes. Sur la face three, après Icarus, place à Childreans Deeper study, un morceau synth-pop avant l’heure. La petite note cheap au synthé, proche du jeu vidéo ou du générique TV pour enfant, a dut plaire à des groupes ou compositeurs tels que Telex et Jacno. En tout cas, en 2005, ce morceau ne plaisait plus à Edgar Froese car il l’a supprimé du CD remastérisé.
Il est clair que sur cet album solo, Edgar Froese se permet quelques fantaisies qui n’auraient pas leur place sur un album de Tangerine Dream. Il aura fallu trois albums solos bien ancrés dans l’ambient music, pour qu’il sorte un peu du cadre « plage synthétique » et offrir une musique solaire et cosmique SF (Metropolis), parfois rock (Icarus), parfois world (Pizarro and atahuallpa) et toujours ces sonorités synthétiques qui nous attrape par le bras, pour ne plus nous lâcher. Ce Ages est un bon cru qui ne vieilli pas, au contraire, en 2022, cet album s’écoute avec beaucoup de plaisir.
Chronique de l’album Live in Reims de Tangerine Dream ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/06/tangerine-dream-live-at-reims-cathedral.html
https://www.tangerinedreammusic.com/
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