MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°25
Aujourd’hui j’ai sortie de ma collection de disques, Vista le 2ème album du groupe hollandais Flue sortie en 1983. A l’époque vers 84-85 (il y a bientôt 40 ans…), j’ai acheté ce disque parce qu’il y avait parmi les musiciens, un membre du groupe hollandais Mecano (1), que l’album était publié en France sur le label Divine, qui était pour les amateurs de musique New et Cold Wave, un label de référence, avec dans son catalogue que du bon qui se confirmera tout au long de sa courte existence de 1982 à 1986: Mecano, Fra Lippo Lippi, End Of Data, Tuxedomoon, Complot Bronswick, Blurt, Tuxedomoon, Tanit, Seconde Chambre, Norma Loy. Autre élément, qui avait à l’époque attiré mon regard, c’est le dessin de la pochette. Son style épuré et poétique avait un coté dessin industriel d’étude qui me plaisait, notamment dans la typo de l’écriture, car à cette époque je faisais des études de Dessinateur industriel en constructions métalliques.
Vista est le 2ème et dernier album de Flue. C’est dommage qu’ils n’aient pas poursuivi leur carrière, car les 8 morceaux de cet album sont des petites merveilles musicales, d’autant que malgré le son bien marqué 80, elles passent très bien l’usure du temps. Sur le premier album One On A Half (1981), produit par Dick Polak leader de Mecano, Flue est une formation de quatre musiciens, sur Vista il ne reste plus que les multi instrumentistes Edward Gijsen et Cor Bolten (présent dans Mecano). Judith Smorenberg présente sur le premier album vient juste jouer quelques notes de synthétiseur sur Legacy et le saxophoniste Frank Nielander sur Topic. Sur la pochette il n’y a aucune précision sur les instruments utilisés par Edward et Cor, on peut espérer de par le son qu’il s’agit bien de vrais instruments et non pas des sons traités par les synthétiseurs, car ici on entend du violon, des percussions, des cordes, cuivres, guitare sèche, qui donnent une richesse inouie aux compos, au carrefour de la musique contemporaine, du néo-classique. On est dans ce que l’on appelais à cette époque "le rock européen", dans la famille Tuxedomoon, Minimal Compact, Marquis de Sade, Mecano, Simple Minds (du début), Magazine, Karl Biscuit, The Durutti Column, Japan, Fad Gadget, Dead Can Dance (du début) suivi de This Mortail Coil. Soit quand le post punk, la new wave flirte avec la musique contemporaine style Michael Nyman, mais aussi l’industriel et l’électronique, voir le planant avec le morceau Hermit (en clôture de l’album) et Legacy qui évoquent Pink Floyd. Le morceau Esmafarja qui ouvre l’album synthétise en près de 6 minutes, la palette musicale de Flue qui est riche, et bien loin du format pop, tout en étant élégant et mélodique. Le morceau Some-Times rajoute une couleur oriental au duo, comme un mix entre Minimal Compact et Dead Can Dance. Autre perle intemporel de l’album, c’est le morceau Topic qui ouvre la face B. Ce morceau, proche des compos d’And Also The Trees est d’une beauté redoutable. Les notes de piano qui s’entremêlent avec les cordes, le saxophone et la voix cold d’Edward sont si bien reliés entres-elles, que les nombreuses écoutes ne feront que rendre encore plus belles les mélodies et harmonies des 5 minutes de Topic.
Vista est comme un rêve éveillé, un clair de lune en orient, un moment suspendu, hors du temps, presque un heureux accident survenu en 1983, mais laissant sur le bas-côté de la route, de nombreux orphelins qui ont découverts cet album dans l’espoir d’entendre une suite… mais qui ne viendra jamais.
En 2011, le label Infrastition réédite en CD l’album remastérisé. Par contre pas un seul bonus. Le vinyle n’a pas été réédité depuis 1986, (sur le label hollandais Torso), car apparemment les masters originaux sont perdus.
(1): Chronique de l’album Retitled de Mecano ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/12/mecano-retitled-divine-records-1983.html
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