Allez hop, une petite chronique d’un disque extrait de ma collection de vinyles 33 tours : Rubber Legs de The Stooges publié en 1987 sur Fan Club, une division du label New Rose Records. En 1982, New Rose créé Fan Club, un label de rééditions. De 1982 à 1997 Fan Club va publier plus d’une centaine de références tout format (vinyle, CD, cassette) avec en tête de gondole : The Sonics, The Remains, The Saints, New York Dolls, Alex Chilton, Bo Diddley, Lyres, Devo, Kas Product, T.C. Matic, Taxi Girl, Johnny Thunders et The Stooges.
Verso de la pochette de "Rubber Legs" (Fan Club) - 1987
La version vinyle originale de Rubber Legs contient un single, soit un total de huit morceaux. L’album contient six morceaux inédits qui n’ont pas été retenu sur la track list de l’album Raw Power sorti en 1974 (mais enregistré en 1973) sous le nom de Iggy Pop and The Stooges. Les six morceaux inédits sont: Rubber Legs, Open up and bleed, Johanna (déjà publié en 1977 dans une autre version sur l’album Kill City d’Iggy Pop et James Williamson), Cock in my poket (découverts en live en 1976 sur Metallic ‘KO, mais avec un son brut mono), Head on curb, Cry for me. Quant au deux morceaux du single, ce sont des versions live de Gimme Danger et I Need Somebody présents sur Raw Power. Les six morceaux studio non retenu sur Raw Power sont produits par Ron Asheton, à l’inverse de ceux présent sur Raw Power qui sont produit par Iggy Pop et remixé par David Bowie. A noter que pour la réédition de 1997, le remix de Bowie est écarté pour celui d’Iggy Pop. Mais en 2010, le mix de Bowie refait surface, pour la version définitive, car finalement approuvé par Iggy Pop.
Recto verso de la pochette iconique "Raw Power" (Columbia-CBS) - 1973
Mais faisons un petit rétro pédalage dans le tunnel du temps. Après deux albums, The Stooges (1969), Fun House (1970) certes devenu culte, mais qui ne sont pas bien vendu à l’époque de leur sortie, le groupe de Détroit, The Stooges se sépare le 9 juillet 1971. Le label Elektra les as licenciés. La drogue à fait des ravages dans le cerveau des musiciens, surtout chez les frères Asheton, bref en 1971 The Stooges sont OUT. C’est là qu’un ange passe. David Bowie les as vus en concert, il est fan du groupe. Avec le succès de Ziggy Stardust, David Bowie a de l’inffluence dans le métier. Après avoir obtenu un contrat avec la major Columbia Records, il propose à Iggy Pop et à James Williamson d’aller à Londres enregistrer un album. Iggy Pop et James Williamson auditionnent sur place des musiciens anglais. Mais le résultat n’est pas là, il manque l’agressivité, l’adrénaline proto punk qui a fait le son des Stooges. Et hop, Ron et Scott Asheton sont appelés à la rescousse. Ainsi à l’exception de Dave Alexander -qu’Iggy Pop a viré pendant l’été 1970, c’est là qu’intervient pour la première fois James Williamson au sein des Stooges en tant que second guitariste pour assurer les concerts. James Williamson connais Ron Asheton depuis 1966, avant la création des Stooges-, The Stooges est presque au complet pour composer ce qui deviendra le 3ème album du groupe. Et quel album. Déjà la pochette est juste une petite merveille qui montre ce que doit être le rock : jeune, sauvage et sexuel. Ensuite les tubes Search and Destroy, Gimme Danger et Raw Power qui vont donner les bases, tel un marqueur fluo sur la feuille blanche, de ce que sera le punk anglais à partir de 1976. Tout a été écris sur cet album fondateur, inutile d’en rajouter.
Recto verso de la pochette intérieure de "Rubber Legs" (Fan Club) - 1987
Ainsi en 1987, grâce à New Rose, on découvre six nouveaux morceaux enregistrés pendant la période 1973-1974 de Raw Power avec surtout un bon enregistrement (à l’inverse d’Electric ‘KO édité en 1976 par Marc Zermati sur Skydog). Ces morceaux permettent de ressentir l’aspect blues du groupe. Le mix blues et rock sauvage transpire tout au long des 30 minutes de musique du LP. On est proche du son 70's des Rolling Stones, notamment pour le morceau Open up and bleed. L’apport du piano avec Scott Thurston (membre du groupe The New Order avec Ron Asheton et dans la seconde période du groupe The Motels), donne une dynamique « bar enfumé avec ruisseau de bière qui colle sur le sol » du meilleur effet. Le morceau titre Rubber Legs en est un bon témoignage. A l’écoute de ce morceau, on se croirait dans un pub sympa, où l’ambiance groupe-public est à son top. La voix d’Iggy Pop racle et piétine le blues avec appétit. On demande du rab, tant c’est bon, tant c’est le rock’n’roll comme on aime. Là, le piano de Scott Thurston fait des merveilles. Découvrir cette pépite en 1987, à du du faire jazzer de joix les fans du groupe, d’autant qu’en 1988, Iggy Pop avec l’album Istinct allait se frotter au hard rock, teinté de FM. Le single Cold Metal en sera la meilleure illustration. Mais revenons à l'album. Il y a évidemment la guitare électrique de James Williamson qui ne fait pas semblant pour envoyer les riffs qui donnent le Boogie aux jambes, la rythmique basse-batterie des frères Asheton au jeu tout en finesse, parfois proche du jazz. L’énergie qui se dégage des quatre musiciens pour dérouler le tapi rouge au chanteur Iggy Pop est juste magique. Et dire que cet enregistrement daté de 1973-74 est resté inédit pendant 15 ans, et surtout, réécouter aujourd’hui en 2023, soit 50 années plus tard, cet enregistrement est un plaisir jouissif qui fait du bien. Le type d’album à partager avec ses meilleurs amis. Bref, un enregistrement à (re)découvrir, tant ici l’usure du temps n’a aucune prise.
https://www.discogs.com/release/765952-The-Stooges-Rubber-Legs
Une excellente lecture, qui plus est, fait rare dans l'édition musicale, est très bien écrite et sans fautes : "Detroit sampler" (chez Le Mot et le Reste). Ou l'histoire de la Motor City, berceau de la musique, du blues à la techno en passant - entre autres - par l'inévitable usine à tubes de la Motown. Les Stooges, le MC5 et autres Mitch Ryder y ont évidemment droit à leur chapitre et l'auteur a suffisamment bien digéré le tout pour le rendre passionnant...
RépondreSupprimerUn livre qui sort chez l'éditeur Le Mot et le Reste est souvent un signe de qualité.
RépondreSupprimerJohanna
RépondreSupprimerJ'ai chroniqué le livre sur mon blog, mais j'ai pas percuté pour les coquilles. Faudrait les signaler à l'éditeur.
RépondreSupprimerDommage aussi que l’impasse sur la carrière d’Edgar Froese (indissociable de celle de Tangerine Dream) ait été faite. Mais ça fera peut-être l’objet d’un ouvrage à part entière…
RépondreSupprimerRaconter la longue carrière de Tangerine Dream en moins de 150 pages, c'est évidemment prendre des raccourcis, alors y rajouter la carrière solo de Edgar Froese, voir de Peter Baumann, il aurait fallu nettement plus de pages.
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