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mercredi 27 mars 2024

PINK TURNS BLUE "If Two Worlds Kiss" (Fun Factory!) – Octobre 1987

L’autre jour, l’ami Phil Fall me pointe du doigt, un groupe gothic qu’il vient de découvrir suite à une chronique de leur premier album  dans le livre Into The Dark de Sylvain Fanet (livre offert par la Fnac en 2023), il s’agit de Pink Turns Blue, un groupe allemand de Berlin qui s’est formé en 1985. Malgré que Phil et moi, on connait un rayon sur les groupes des années 80 issu du post punk, du gothic, de la cold wave, de la new wave,  de la synth pop, jusqu’à la semaine dernière on avait jamais entendu parler de ce groupe. Un coup d’œil sur discogs pour voir leur discographie, aucunes pochettes nous a interpelés. Hasard des planètes, Pink Turns Blue ont joué le 10 février 2024 au Supersonic à Paris. Bref, une écoute direct de l’album en question, If Two Worlds Kiss sur YouTube et hop, c’est le coup de cœur immédiat. Bonne voix, bon son, c’est excellent.

Dans le style post punk gothic rock, Pink Turns Blue (nom tiré du titre Pink Turns to Blue de Husker Du extrait de l’album Zen Arcade -1984-)  est arrivé en 1985, soit un peu après la bataille. Des groupes tels que The Cure, Killing Joke, Bauhaus, New Model Army, Red Lorry Yellow Lorry, The Chameleons, The Sound, And Also The Trees, The Opposition (pour ne citer que quelques-uns) ont déjà derrière eux de nombreux albums et EP. D’autant que Pink Turns Blue ne sortira son premier album qu’en 1987. Au départ Pink Turns Blue est un duo, Thomas Elbern (chant et guitares) et  Mic Jogwer (chant, basse et claviers) avec une boite à rythme. Rapidement, Marcus Giltjes va rejoindre le duo au poste de batteur et Ruebi Walter aux synthétiseurs. Thomas et Mic chantent  leurs compos. Deux chanteurs dans un groupe, ce n’est peut-être pas la bonne formule. Thomas préfère avoir son propre groupe et part fonder Escape With Romeo. Malgré tout, il est présent au chant et aux guitares sur l’album If Two Worlds Kiss.

If Two Worlds Kiss contient 10 morceaux de darkwave, bien combiné avec le post punk et le gothic rock. On est dans l’esprit de Killing Joke, And Also The Trees, The Sound, The Chameleons. La voix mélancolique de Mic est magnifique, tant elle est à la fois profonde, clair et emportée. A travers son chant, c’est tout un paysage sombre et cinématographique qui s’ouvre à nous. Derrière, la basse est bien présente, c’est le marqueur du style coldwave, la guitare est atmosphérique, en apesanteur et la batterie, plus binaire, proche d’une boite à rythme donne une bonne patine. Il y a ici une tension qui est dans la retenue, ce qui donne aux compos une saveur mélancolique des plus plaisantes. Même les morceaux énergiques ont de la mélancolie. Malgré qu’ils soient allemands, le premier album de Pink Turns Blue sonne 100% anglais. Pas la peine de chercher la petite bête, d’enlever une plume au corbeau, If Two Worlds Kiss est une réussite du premier au dernier morceau. A noter, qu’à la sortie de l’album, ils sont partie en tourné pour la première parie de LaibachIf Two Worlds Kiss a été réédité en 2019 par le label américain Dais Records (Adult., Tempers, Drab Majesty, Coil). A noter que la pochette de la réédition vinyle reprend le visuel du CD, où le dessin est recentré sur le visage en colère du personnage.

Après six albums, Pink Turns Blues se sépare en 1995. Devant une forte demande du public, ils se reforment en 2004, enregistrent de nouveaux albums et font des concerts. Tainted sortie en 2021 est leur onzième album. Au final, une belle carrière pour ce groupe que je ne connaissais pas il y a une semaine.

https://pinkturnsblue.bandcamp.com/album/if-two-worlds-kiss

http://pinkturnsblue.com/

https://www.facebook.com/Pink.Turns.Blue.Official/


lundi 25 mars 2024

PEYMAN YAZDANIAN "Live in Lecce" (Melmax Music) – 29 mars 2024


Ce Live in Lecce est un enchantement ! C’est l’album idéal pour commencer la journée en toute décontraction. Pourtant ici pas d’orchestration, d’envolé harmonique, de pop solaire. Non, juste Peyman Yazdanian seul au piano. Certes un piano ré agencé, manipulé par ses soins. Dans son piano il a incorporé des objets divers sur les cordes ainsi que des marteaux (sic). Le résultat ne donne pas une musique concrète, abstraite à la John Cage ou industrielle à la Einsturzende Neubauten, mais une musique à la fois minimale, mélodique, harmonique et mélancolique qui évoque Philip Glass, Wim Mertens, Ravel et le guitariste Vini Reilly de The Durutti Culumn. La musique de Peyman Yazdanian nous enveloppe de son voile fragile, puis monte en puissance pour nous faire perdre pieds sur terre. Un mot : MAGNIFIQUE. Live in Lecce a été enregistré en 2021, lors du festival Conversazioni sul Futuro qui s’est déroulé à Lecce, situé dans la région des Pouilles en Italie. Sa prestation est une improvisation de 30 minutes réparties en 5 parties. Autant dire que ces 30 minutes sont trop courte, mais magie du CD, du vinyle (la version streaming était déjà disponible depuis octobre 2022), on peut écouter et réécouter sans lassitude ces 30 minutes au piano lunaire.

Né en 1969 à Téhéran, Peyman Yazdanian commence à apprendre le piano dès l’âge de 6 ans. Par la suite il va suivre des cours avec Farman Behboud, Gerhard Geretschlaeger à Viennes et Ginette Gaubert à Marseille. Il sera aussi l’élève de Iradj Sahbai. Un fois formé, Peyman Yazdanian va décrocher plusieurs prix. Ses études de pianiste vont le porter vers la musique néo-classique, minimaliste, contemporaine, jazz. Il va surtout composer des musiques pour le cinéma. En 1998, sa première B.O. est pour un grand réalisateur iranien, Abbas Kiarostami pour le court métrage Birth of Light, mais c’est en 2000 avec le film Le vent nous emportera de Kiarostami que les choses sérieuses commencent. A ce jour il a composé une trentaine de B.O. et une dizaine d’albums studio. Autant dire qu’il ne chôme. Après l’écoute de Live in Lecce, on va se plonger dans sa longue discographie qui va surement nous réserver des belles surprises.


https://www.instagram.com/peymanyazdanian_official/


dimanche 24 mars 2024

LEO COURBOT "Passion at a distance" (Autoproduction) – 22 mars 2024


Déjà, avant d’écouter une première note de musique, notons la belle pochette réalisée par le dessinateur, illustrateur Caza. Grande figure de la BD de science-fiction et d’univers psychédélique, Caza a fait partie des ténors de Pilote, Métal Hurlant au côté de Moebius et Druillet, sans oublier de nombreuses couvertures dans la collection des livres de poches J’ai Lu SF. Oui, la pochette noire avec cette fille sexy qui porte un casque de cosmonaute fait son effet ! Par contre, ce visuel peut-être trompeur, car ici il ne s’agit pas de krautrock, de cosmic music, de B.O. fantasmée pour un film SF. Non, le guitariste auteur compositeur, chanteur belge Leo Courbot, compose une musique jazz funk, teinté de rock 80’s. Sa voix est proche de Prince. A l’écoute de sa musique, c’est une influence évidente. D’ailleurs sur ce nouvel et deuxième album, il y a la présence du batteur Michael Bland qui a travaillé pour Prince, ainsi que pour George Benson. Par ailleurs, une des particularités de l’album, c’est la présence de nombreux batteurs de renom : Oliver Gene Lake (Meshell Ndegeocello, Marcus Miller, D’Angelo, Maxwell), Stéphane Galland (Joe Zawinul, Ozark Henry) et Pat Dorcean (Ida Nielsen, Jef Lee Johnson, Zap Mama) et Mehdi Bennadji. Le titre de ce concept album, Passion at a distance est tiré d’une phrase du physicien Abner Shimony, car le sujet est la notion de distance qui soit infime ou infinie. D’où le visuel cosmique de la pochette. Leo Courbot nous raconte "une histoire d’amour entre un homme et une mystérieuse “fille à l’âme céleste” qu’il rencontre brièvement dans le titre d’ouverture avant qu’elle ne disparaisse et qu’il parte à sa recherche." (Propos extrait de l’interview parue sur le site Lust 4 Live). Toujours dans cette interview, Leo Courbot nous dit qu’il a découverts adolescent Caza grâce à son père, lecteur de BD de science-fiction. Soit le style de dessin qui colle a sa passion pour le rock en feu de Jimi Hendrix. Leo Courbot, étant guitariste, difficile de passer à côté de ce maestro de la guitare électrique, surtout si on aime les solos, ce qui est le cas de Leo Courbot. Car Passion at a Distance n’est pas avare en solos électriques qui déversent des riffs 70-80 entre Santana et Prince & The Revolution. Par contre l’influence d’Hendrix est très discrète. La musique de Leo Courbot est assez calibrée. On est ici dans les pointures du jazz rock avec des chœurs funky. Il y a même une petite échappé reggae sur le morceau chanté en français Cantique des Quantiques. Sur ce titre on pense un peu à Charlélie Couture. Au final, Passion at a distance au son studio très 80’s a du charme, a la particularité de ne pas être dans le vent, mais d’être rétro, soit à contre-courant, tel le vilain petit canard.

https://leocourbot.bandcamp.com/album/passion-at-a-distance

https://www.facebook.com/LeoCourbotMusic/