J’ai retrouvé dans mes archives, une interview que j’avais faite avec Karine G. d’Yves Brunier, le marionnettiste qui a fabriqué et animée la marionnette Casimir, le héros de L’Ile aux Enfants. C’était en juillet 1994, l’interview fut publiée dans le n° 1 du fanzine Ortie. En 1993, Casimir était réapparu sur les écrans télé sur Canal J, ce qui ressuscita pas mal de nostalgie chez les 20-30 ans, qu’on va dénommer La génération Casimir. Avec ce succès, il va y avoir beaucoup de produits dérivés, dont des vidéos VHS, mais aussi des soirées au Grand Rex et des rencontres avec Casimir, notamment quelques années plus tard en 1997 avec la publication du livre d’Agnès Moreau De Nounours à Casimir (Massin édition), en 2003 Mémoire du monstre orange (Nicolas Philippe) et en 2014 Dans la peau d’un monstre gentil (Editions Intervalles), deux livres écrit par Yves Brunier.
Petite précision avant de commencer la lecture, notamment pour les plus jeunes qui ont toujours connu Internet, les réseaux sociaux, le téléphone portable et le nombre indécent de chaines de télé, l’interview date de 1994, soit un rétro pédalage de « seulement » 27 ans !
Yves Brunier nous présente son amis Casimir (1994) © Paskal Larsen
Quand on est un enfant, on sait que Casimir est un gentil dinosaure de couleur orange qui fait des bêtises. Quand on est un adulte, on sait que derrière Casimir se cache un être humain qui une fois recouvert par ce vêtement en mousse devient le héros de L’Ile aux Enfants, une émission pour enfants qui squatta la première chaîne de 1974 à 1982 tous les soirs à 18h30. Pour tous ceux qui sont restés de grands enfants, nous avons interviewé Casimir et l’homme, Yves Brunier qui ne font qu’un, quelque part en banlieue parisienne, au début du mois de juillet.
Qu’est-ce qui vous a plu dans L’Ile aux Enfants pour avoir accepté le rôle de Casimir et comment avez-vous décroché ce rôle ?
Au départ, j’ai une formation de comédien et de décorateur graphiste. J’ai fait le Centre de la rue Blanche, puis j’ai travaillé longtemps avec le marionnettiste Philippe Genty. En France, on sort tous du groupe Philippe Genty car on est très peu dans ce métier. J’ai rencontré Christophe Izard (le producteur de L’Ile aux Enfants) par hasard. Il avait découverts aux Etats-Unis une émission qui s’appelait Sesame Street, une émission éducative qui remplace un peu l’école maternelle et qui touche les 3 à 6 ans. Il a voulu en reprendre les droits mais il s’est aperçu que c’était trop américanisé dans les personnages, la psychologie et les caractères. Il a donc voulu faire un Sesame Street à la française. Comme il avait su ce que j’avais fait sur la 3ème chaine quelques mois avant – une émission musicale avec beaucoup de marionnettes et d’objets animés-, il m’a contacté. Je lui ai alors soumis toute une série de dessins de personnages. Il y avait un problème de proportions. C’est donc un peu par hasard qu’on a choisi Casimir, un bébé dinosaure qui collait aux proportions des comédiens. A la fois simple, très rond et très lisse. Un personnage tout en rondeur attire plus la sympathie qu’un personnage anguleux, plus agressif. Je me considère comme un marionnettiste avant tout, pour moi la marionnette, c’est un tout. C’est aussi bien dessiner un personnage, le construire, l’animer et écrire des scénarios. C’est ce qui me plait dans ce métier un peu touche à tout. Or maintenant, on a plus tendance à diviser les tâches, à se spécialiser dans un domaine restreint.
Yves Brunier, Casimir et le Larsen (1994) © Paskal Larsen
Il s’est passé un an et demi entre le moment où Christophe Izard a souhaité faire l’émission et le moment où elle a été réalisée. Il y a d’abord eu un pilote, un pré-Casimir, un personnage superbe mais trop grand, trop fatigant à manipuler car on avait les bras en l’air en permanence, à cause de son long cou. Le projet a trainé et je ne comptais plus dessus, mais curieusement Casimir a démarré un an après (1974) sur FR3 pour une période de 3 mois. Comme le directeur de la 3 a été nommé sur TF1, il a demandé à Christophe Izard d’amener L’Ile aux Enfants sur la une et l’audimat de l’émission a été multiplié par 10. L’émission s’étant rodée sur la 3, ça a marché tout de suite. Une émission comme celle-là, on la monterait aujourd’hui, on serait viré au bout de 15 jours à cause de l’audimat ! Il faut un rodage, que sa prenne, comme la mayonnaise, il doit y avoir une osmose entre les comédiens, un rythme de croisière à trouver. Or actuellement, on ne donne pas ou on ne laisse pas le temps à une émission la chance de se roder, elle doit tout de suite faire de l’audimat, c’est ce qui prime sur tout, sinon elle est virée de l’écran. Pendant deux mois, on s’est cherchés un peu, les sketches étaient un peu longs, un peu mous et quand nous sommes arrivés sur TF1, ça a démarré très fort.
Est-ce vous qui avez inventé et composé les traits de caractère de Casimir ?
C’est Christophe Izard qui a trouvé le nom de Casimir et son caractère. Il était producteur et auteur des 100 premiers sketches. Mais le caractère vient aussi du personnage, car on imagine son caractère sur papier et finalement, une fois le comédien à l’intérieur, il bouge et des choses sont modifiées. Je lui donnais la gestuelle, la voix, mais la psychologie de Casimir, c’est Christophe Izard qui l’a créée en partant du principe de Sesame Street, pas de violence mais une certaine forme de douceur. Tout était basé sur les mots, les explications de texte, il y avait un côté pédagogique important qui était caché derrière le côté ludique. Il y avait des séquences intermédiaires (dessins animés, petites marionnettes que j’ai faites), et comme il fallait les tester sur des enfants avant le tournage, au bout d’un an, on a engagé un psychologue qui a défini les orientations. Mais les séquences de bases étaient écrites par Christophe Izard qui avait établi une bible de caractères. Une bonne partie des comédiens étaient aussi auteurs (Bricard, Terrangle…). Moi, curieusement, je n’ai écrit que pour les séquences intermédiaires, je n’ai pas voulu m’impliquer dans l’écriture de Casimir. Le fait que les comédiens soit aussi auteurs a apporté une meilleure cohésion entre le texte et le jeu. Mais le succès de l’émission, c’est aussi ce qui se passe dans l’équipe. Il y avait une bonne ambiance, très vite on s’est bien entendu. Au départ, on ne se rendait pas compte qu’on s’embarquait dans une longue aventure. Si on avait dit que ça allai durer 8 ans, je ne sais pas si… La première émission a été enregistrée à Marseille en 1974 et avant Éliane Gauthier (le personnage de Julie), il y a eu une première comédienne qui ne collait pas du tout car elle n’avait pas l’esprit enfant. Elle n’a fait qu’un mois de tournage.
Pour la dernière émission (juin 1982), c’était un peu triste. On a fait une chose qui n’a pas plu à Christophe, c’est l’enterrement de Casimir. On l’avait mis dans un grand cercueil, avec derrière une musique gaie sicilienne. Ça a été la surprise car on pensait que Christophe réagirait bien, mais il a été assez choqué. Cet épisode n’est pas passé à la télé, c’était juste une petite fête après le tournage du dernier jour. Les héros ne meurent pas, on ne peut pas diffuser ce genre d’épisode, c’était juste un gag. Tout au long de L’Ile aux Enfants, on ne s’est jamais ennuyé. On a fait 1200 émissions, on a arrêté avant de s’ennuyer sans vraiment de nostalgie car chacun pensait qu’il fallait le faire.
Pourquoi y a-t-il eu en cours d’émission des nouveaux personnages comme Hippolyte, Melle Futé ?
Il fallait enrichir les histoires. En fin de compte, L’Ile aux Enfants était une sitcom avant l’heure. C’était dans un lieu clos, il y avait un décor restreint (le jardin, la maison de Casimir), un nombre limité de personnages, donc au niveau écriture on finissait par tourner en rond. Il y a d’abord eu Léonard qui était une marionnette que j’avais conçue pour les séquences intermédiaires de Toba et les autres, et comme ce personnage plaisait beaucoup à Christophe, on l’a fait intervenir dans les histoires de Casimir. Après, on s’est dit qu’il serait bien d’introduire un deuxième personnage qui soit le pendant du caractère de Casimir. On a alors fait venir Hippolyte, le cousin gaffeur, un peu lourdaud mais il n’y aurait pas de conflits entre eux, ce serait plutôt avec Léonard. Hippolyte avait un coté malin, roublard, parfois un peu menteur, bluffeur, c’est pour ça que les enfants s’y retrouvaient. Il avait aussi un coté adulte dans ses raisonnements. Hippolyte était naïf, plus simpliste, à l’inverse de Casimir qui apportait les explications, un peu comme le grand frère.
L’unique rôle féminin est tenu par Julie. Pourquoi n’a-t-on jamais vu de Casimirette dans L’Ile aux Enfants ?
C’est vrai… C’est toujours plus difficile de faire des marionnettes féminines que masculines car le propre de la marionnette, c’est la caricature et ça tombe plus facilement dans le grotesque, c’est plus délicat. Il y a quand même un personnage féminin qui est venu vers la fin. C’était la fiancée de Léonard, mais on l’a assez peu vue car la comédienne n’était pas disponible.
Julie et François ne représentaient-ils pas quelque part les parents de Casimir ?
Non, non. C’était très important au niveau pédagogique de ne pas donner des rôles, pas de passé ni de lien familiaux, on s’adressait à tous les enfants. Il y a quand même en France 40% d’enfants de parents divorcés, d’enfants qui n’ont pas eu de parents. On voulait que l’émission s’adresse à tout le monde. François était un peu le grand frère, il n’avait jamais d’autorité, il n’intervenait jamais. En revanche, Julie intervenait curieusement avec plus d’autorité que François, bien qu’elle soit d’ordinaire extrêmement gentille et douce. François représentait la culture, la connaissance, il expliquait les choses à Casimir. Julie était peut-être entre la grande sœur et la maman.
L’Ile aux Enfants était-elle une émission exclusivement conçue pour les enfants français, était-elle spécifique à leur éducation, leur mentalité ?
L’Ile aux Enfants était internationale. Si Christophe n’avait pas pris au départ Sesame Street, c’est en raison des professions, des personnages comme le laitier qui n’ont pas le même rôle ici. C’est vrai, il y avait des personnages très français, comme le facteur. C’était un comédien qu’on avait trouvé à Marseille, il avait gardé son accent, il était un peu son propre personnage. Mais le concept de l’émission est assez universel. Les thèmes étaient la tolérance, le respect des autres, bref la psychologie de base. De plus L’Ile aux Enfants n’est pas située géographiquement, c’est un lieu imaginaire qui aurait très bien pu s’exporter à l’étranger. Mais à l’époque on ne faisait pas de version internationale à cause des problèmes de doublage. Pour les marionnettes, c’est facile, mais pour les comédiens, c’est différent, et puis ce n’était pas la politique de TF1. Actuellement, pour refaire une émission de cette importance, ce ne serait rentable qu’en co-production avec des télés étrangères.
Pourquoi les enfants figurants n’intervenaient-ils pas directement dans les histoires ?
Pour cela, il aurait fallu avoir des enfants comédiens et les faire répéter. Pour nous, les histoires n’étaient pas improvisées, tout était répété, écrit mot à mot. Ceci dit, ils intervenaient quand même de temps en temps. C’est très difficile de tourner avec des enfants car il faut des autorisations parentales, un temps de tournage de tournage limité, des règlementations très strictes, heureusement. Ces enfants faisaient partie intégrante du lieu, c’était leur île, ils étaient chez eux en toute liberté. On prenait des enfants de 5 à 8 ans comme figurants, en dessous c’eut été trop dangereux. Parfois il y en avait sur le plateau, quand ils me voyaient sortir de Casimir en transpirant, voir le « faux » sortir du « vivant », c’était traumatisant pour eux. Par contre, ceux qui participaient, les plus grands (à partir de 5 ans) acceptaient complètement le jeu. Même s’ils disaient en arrivant « Oh, il y a quelqu’un dedans », quand j’étais dans Casimir sur le plateau, il existait et ils le prenaient comme tel.
Une vitrine d’un magasin, lors du retour de Casimir en 1994 © Paskal Larsen
Quels changements y a-t-il eu dans la mentalité des enfants depuis une quinzaine d’années (NDR : en référence aux rediffusions sur Canal J en 1993, sachant que la dernière émission date de 1982) ?
C’est très curieux car j’étais persuadé qu’il y avait une évolution énorme mais quand je vois qu’ils rediffusent Casimir sur Canal J, je constate que non. Quand la chaine m’a dit qu’elle allait rediffuser Casimir tel quel, sans rien couper, j’ai dit que ça n’irait pas. Il y a un rythme tellement lent par rapport aux choses auxquelles les enfants sont habitués maintenant, ces séries américaines, ces dessins animés japonais. Maintenant, c’est plus l’ère du dessin animé que de la marionnette. J’étais persuadé que ça ne marcherait pas et finalement ça marche très bien. A l’époque, on visait les 5/9 ans et il s’avérait que les plus grands regardaient aussi. Ce qui est curieux, c’est qu’ils ne l’avouaient pas à l’époque et qu’ils l’avouent maintenant. Quand on a fait l’émission avec Delarue (NDR : La Grande Famille sur Canal +) qui est un de L’Ile aux Enfants, je lui ai demandé « Tu avais quel âge ? 12,13 ans non ? ». Il regardait avec ses deux frères plus jeunes que lui. Maintenant les enfants en ont un peu marre de la violence, alors retrouver quelque chose de naïf, plus calme, ça leur plait. De plus les sujets abordés n’ont pas vraiment vieilli. Actuellement, comme il faut faire des produits internationaux, on arrive à des choses insipides et stéréotypées. Ce sont des séries d’auteurs qui travaillent selon des normes avec une bible des choses à faire. Pour plaire en même temps à un petit japonais, un petit américain, un petit français, on crée des émissions sans surprise. A cause de cette escalade de la violence, il faut toujours plus de rythme. Les Enfants prennent ce qu’on leur donne, c’est ça qui est dramatique, on leur impose ça. Ce qui est grave, on s’en rend compte en milieu scolaire, c’est que les enfants n’arrivent plus à se concentrer plus de 5 ou 10 minutes sur un même sujet en classe. C’est le gros problème de l’éducation actuelle et je pense que la télévision y est pour beaucoup, cette espèce de chose superficielle, physique, violente et frénétique. Ca fait perdre à l’enfant tout pouvoir de concentration, tout esprit d’analyse ou de réflexion. On prend l’enfant pour un simple consommateur. Quand on lance une série, on fait préalablement une étude de marché puis du merchandising (pins, t-shirts…). On en est arrivé à ce stade à cause des coûts de production qui ont augmenté. De plus, avec la multiplication des chaines de télévision, il y a une compétition, une course à l’audimat, le seul but est de récupérer les spectateurs des autres chaînes. A cause de la privatisation, les chaînes ne produisent à 20-30% avec des diffuseurs. Elles refusent de prendre le risque de produire une émission et de l’imposer pendant deux ou trois mois pour la laisser mûrir. L’aberration du système actuel, c’est la concurrence entre les chaînes. Pour moi, l’avenir de la télé ne peut plus passer que par des chaînes thématiques, ne plus se dire « on va faire de l’audimat », mais faire une chaîne sportive, culturelle, informative. C’est ce qui se passe sur le câble, c’est l’avenir.
Casimir en spectacle lors d’une dédicace du livre "De Nounours à Casimir" le 14 mars 1998 à ? © Paskal Larsen
Etes-vous prêts à faire de nouveaux épisodes de Casimir ?
Là, il y a un conflit entre Christophe Izard et moi. Avec la rediffusion sur Canal J, on touche entre 300 et 400000 enfants par jour, c’est déjà bien, mais le gros du public de Casimir, ce sont les adultes, les 20-30 ans. Par exemple l’année dernière, il y a eu une chose bizarre avec un petit éditeur assez malin qui a fait un remix techno du générique et qui a incroyablement bien marché (300000 exemplaires). C’était à mon avis assez médiocre musicalement. Est-ce la nostalgie de l’émission ? Je suis persuadé que l’on pourrait refaire un spectacle qui toucherait les 20-30 ans et les enfants avec pleins de clins d’œil, des références aux adultes, et ça, Christophe s’y oppose totalement. Dans La génération Casimir, il y a des gens qui sont devenus animateurs radio, journalistes, dessinateurs de BD. J’ai encore reçu un court-métrage d’un type qui veut faire un film sur Casimir, ou encore un metteur en scène à Bordeaux qui veut monter une pièce de théâtre avec en voix off des commentaires de Casimir sur sa pièce. Moi-même, je voulais monter un spectacle à l’Olympia avec des textes de chansons un peu plus adultes, mais là aussi, il y a eu un blocage avec Christophe qui refuse. Il fait celui qui n’y croit pas et en même temps, il a un peu peur car c’est comme un enfant qui lui échappe. AB productions (producteur du Club Dorothée et Hélène et les Garçons) voulait aussi reprendre Casimir le samedi matin pour remplacer Dorothée mais sans L’Ile aux Enfants. Là aussi, refus total, mais là-dessus, j’étais plutôt d’accord avec lui. Par contre pour la sortie des peluches, vidéos, masques, marionnettes, il est ravi, car ça c’est fait à partir des rediffusions. Sur Canal J, c’est bien et étonnant car les épisodes sont rediffusés en intégrale, à la même heure, et destinés au même public qu’avant, donc là, il y est favorable. Mais il s’oppose à l’évolution de Casimir vers les adultes, il ne veut pas que Casimir sorte du contexte de l’enfant. C’est vrai, c’est dangereux et casse-gueule, car pour les adultes, c’est comme un copain que l’on retrouve 20 ans après sans trop savoir comment il a évolué. C’est aussi vrai par rapport à ce que l’on fait maintenant dans l’animation. Casimir est personnage rudimentaire et simpliste, mais psychologiquement, il y a un plaisir qui, je pense, va au-delà de la nostalgie que peuvent éprouver les adultes. C’est présent dans la mémoire de toute une génération et je m’en rends compte maintenant, mais pas à l’époque dans la mesure où l’on ne me reconnaissait pas dans la rue comme les autres comédiens, je gardais l’anonymat. Ça ne me gênait pas, au contraire.
Vitrine lors de l’exposition "De Nounours à Casimir" (1998) © Paskal Larsen
Justement, que sont devenue les acteurs de l’île ?
Du point de vue carrière, ça a été dur pour eux, ils ont été très marqués. Jean-Louis Triangle (Mr Du Snob) est co-administrateur du festival d’Avignon, Patrick Bricard (François) monte des classiques de Molière (principalement dans le circuit scolaire) qu’il met en scène et qu’il joue. Eliane Gauthier (Julie) n’a jamais eu la vocation de comédienne et continue le métier qu’elle faisait à l’époque, elle est directrice du comité de lecture dans une maison d’édition. Henri Bon (le facteur) est retourné à Marseille où il est représentant, il travaille aussi un peu en tant que comédien radio et télé. Pour les marionnettistes, Gérard Camoin (Hippolyte) travaille parfois avec moi, on a fait ensemble Canaille Peluche sur Canal +. Boris Schleigam (Léonard) s’occupe de toute l’équipe d’animation des Guignols sur Canal +, pour lui tout va très bien. Quant à moi, après Casimir, il y a eu Le Village dans les Nuages qui a moins bien marché car Christophe voulais faire quelque chose d’un peu différent, de plus il n’y avait ni héros, ni personnage central. Après j’ai fait des émissions matinales, pas mal de travail dans la pub et l’écriture. Parallèlement, je m’occupe de peinture, d’expositions. Je me suis aussi occupé pendant 3 ans du journal Actualité des Arts. Actuellement, je travaille un peu sur le Bébête Show sur TF1, mais je ne pense pas continuer. J’ai aussi travaillé sur Canaille Peluche, mais ça vient de s’arrêter. Pour la rentrée, c’est le grand chamboulement car cette année, c’est le changement radical sur toutes les chaînes. Tout le monde s’espionne, s’épie, attend de voir ce que les autres font. Habituellement quand il y a des changements, ça commence en mai/juin, mais là on est en juillet et c’est dramatique. Côté projets, j’ai un travail pour M6 qui touchera les 10/15 ans, un autre projet avec un ours et enfin un gros truc à monter avec les canadiens, peut-être avec l’Allemagne. Le thème en est une arche de Noé un peu scientifique, philosophique, avec une dizaine de marionnettes et 4 comédiens.
Casimir vous a-t-il servi dans l’éducation de vos enfants ?
J’ai un garçon de 17 ans, donc il est né en plein dedans, il a vécu avec ça et 2 enfants plus jeunes. Celui qui a 8 ans n’accroche pas tellement et ma petite fille de 4 ans le découvre sur le câble. Pour eux, ça fait partie du quotidien. Xoé me dit : « Toi t’es pas le vrai, tu l’imites » quand elle voit le costume dans l’atelier ou quand elle m’a vu en animation pour Canal J. Pour elle, je suis le faux, je suis un escroc. Cela ne m’a pas dérangé de remettre le costume pour la promo mais je ne le referais si c’était régulier. Là, ce qu’on retourne, ce sont de petits trucs avec Léonard un jour par mois sur Canal J pour présenter un concours de dessin permanent. Mais, j’ai pris mes précautions, j’ai formé un garçon qui pourrait reprendre ma place.
Pour finir, quelle est la recette du gloubi-boulga ?
Elle est publique maintenant, on la trouve dans la vidéo. C’est un truc que mangeait réellement Christophe Izard. Il a été élevé à la campagne par une tante juste après la guerre. Il y avait eu beaucoup de restrictions et elle faisait partie de cette génération où il fallait se débrouiller pour nourrir les enfants. Elle lui faisait des mélanges invraisemblables. Lui, il a rajouté la moutarde et les saucisses, mais le chocolat râpé, la confiture de fraise et la banane, c’est réellement une recette que lui faisait sa tante, un truc bien bourratif. Comme elle est d’origine polonaise, ça avait un nom invraisemblable, et il s’en est inspiré.
C’est sur cette dernière explication que nous avons quitté Monsieur Brunier, que l’on ne remerciera jamais assez d’avoir bien voulu partager avec nous les histoires, anecdotes et origines de cette émission qui a accompagné notre enfance.
Au revoir Casimir ! (1994) © Paskal Larsen
Depuis la publication de cette interview en septembre 1994, de nombreux comédiens de L’Ile aux Enfants nous ont quittés. Henri Bon (1932-2015), Patrick Bricard (1940-2019), Éliane Gauthier (1937-2019) et Régis Fassier (1964-2020) qui a remplacé Yves Brunier dans le rôle de Casimir lors de la reprise de l’émission sur Canal J. Cette interview leur est dédiée.
https://www.facebook.com/casimirofficiel
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