ZOMBIE ZOMBIE "Vae Vobis" (Born Bad Records/L’Autre Distribution) – 25 mars 2022

Dans le premier numéro de Best nouvelle formule, le groupe Zombie Zombie est placé dans la rubrique Nouvelle scène. Pas mal pour un groupe qui existe depuis 2005, qui a publié six albums, plus deux B.O. de film, une dizaine d’EP’s, fait de nombreuses tournées et collaborations, d’être assimilé en 2022 a un groupe qui fait partie d’une nouvelle scène. Et oui chez Zombies fois deux, le temps et l’âge n’ont pas de prise. D’autant qu’avec ce nouvel et sixième album (et première publication sur Born Bad), Zombie Zombie s’est mis au latin, une langue morte qui prend vie chez nos zombies, soit deux contraires qu’on nomme "énantiosème". Dans la bio publiée par Born Bad, le groupe raconte le choix du latin pour l’écriture des textes : “Envie de rester mystérieux, de passer des messages cryptiques, de se replonger dans une langue d’un autre temps, comme les moines copistes du Moyen Age”.

La sonorité du latin donne un côté mystique, gothique, païen, aux nouvelles compos, inspirés du philosophe, humaniste, théologien Erasmus (1466-1526). Ce n’est pas nous nous déplaire. Pour renforcer le tout, les voix du trio (en vocoder) sont complétées par le chœur Doomed Angels Choir, soit quatre chanteuses et deux chanteurs. Autant dire que l’album est très vocal. La musique (fresque ?) électronique, menée par des percussions indus façon Laibach (musique et voix guerrières en ordre de marche) possède une puissance rythmique qui pourrait illustrer la B.O. d’une grosse production épique hollywoodienne. D’ailleurs Vae Vonis  (Malheur à vous) est construit comme une histoire en deux épopées, titrées ici en "Recto" et "Verso". La face "Recto" aux sons et envolées guerrières, Vae vobie ! Vae Victus ! (Malheur à vous ! Malheur aux vaincus !) et la face "Verso" au son électro (ici moins de chorale, mais des voix sous vocoder à la Kraftwerk) à la fois mystique et solaire qui espère voir pointer la lumière dans ce monde en feu, Lux in Tenebris (Lumière dans les ténèbres). Évidemment avec ce qui se passe actuellement en Ukraine, le propos de l'album, avec pour enfoncer le clou, le titre War is Coming, résonne tristement avec l’actualité. Après la partition pour le film L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier (2018), Zombie Zombie confirme sa part de risque de non confort à chercher au plus loin, la façon de créer, ne pas rester cantonné dans un style de musique, (égale l’ombre de John Carpenter) et d’innover. A ce jour, leur imaginaire artistique continu de nous étonner. Chapeau à Étienne Jaumet, Cosmic Neman et Dr Schonberg. Pour clore la chronique, notons pour la 2^ème fois, la pochette recto et verso  est réalisée par Philippe Druillet. Vu la qualité du dessin, le format vinyle 33 tours est conseillé pour apprécier pleinement les dessins du maitre du temps.

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DEAD HORSE ONE "When Love Runs Dry" (Requiem Pour Un Twister/Modulor) – 18 mars 2022

Dead Horse One est un groupe de Valence qui s’est formé en 2012. Leur créneau musical est la musique shoegaze avec une touche de cold wave. En 2014, ils ont réussi à avoir le leader du groupe Ride, Mark Gardener pour produire leur premier album Without Love We Perish. Un des pères fondateur du genre shoegaze à la production, c’est quand même une sacré reconnaissance envers la qualité des compos de ce jeune groupe français, car dans le style musical, Dead Horse One ne sont pas les seuls à le pratiquer, il suffit de regarder les affiches du festival Levitation (à Austin et à Angers), le catalogue du label Fuzz Club. Après le 3^ème album The West Is The Best publié en 2019,-dont quatre morceaux sont mixés par Mark Gardener- Dead Horse One revient nous chatouiller les oreilles avec l’EP 5 titres When Love Runs Dry. Le morceau Core qui ouvre l’album, surprend avec ses guitares musclées, saignantes et heavy dans la veine des groupes du label Sub Pop au moment du grunge (Green River, Afghan Whigs, Screaming Tree, Soundgarden, Helmet). Cette force de frappe heavy avec des guitares saturés, pied au plancher, atténué par des voix aériennes est la couleur des trois premiers morceaux de l’EP (Core, Static King, Nevermore), soit du shoecore ou du grungegaze sans triche n’y superflue. Les deux derniers morceaux calment le volume, pour se diriger vers la ballade pop à fleur de peau sur Mentally Homeless et une relecture de Static King au piano solo. Ainsi après la tempête, c’est le calme, comme pour mieux rebondir pour la prochaine histoire, le prochain RDV. On achève bien les chevaux ? Non on les garde, on en prend soin !

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JOHN CARROLL KIRBY "Cryptozoo" (Stones Thow Records) – 11 février 2022

J’avais achevé l’année 2021 avec l’écoute du magnifique album Septet de John Carroll Kirby (1). Voilà que je rate son concert le 11 mars 2022 au Pop Up du Label à Paris (j’ai eu l’info trop tard), et que je constate que depuis Septet, John Carroll Kirby a composé la B.O. du film Cryptozoo et un nouvel album Dance Ancestral est sur le point de sortir. Quelle santé ! Cryptozoo est un film d’animation réalisé par l’auteur de bandes dessinées Dash Shaw. Ce film est sorti en salle aux Etats-Unis le 20 août 2021. Il a été diffusé au festival Sundance qui s’est déroulé du 28 janvier au 3 février 2021, il a décroché le prix NEXT de l’innovation. Le film a également été diffusé en 2021 à la Berlinale sélection Generation.

Voici le synopsis : "Californie, vers 1970. Alors que les jeunes de la nation pratiquent l’amour libre et protestent contre l’établissement et la guerre du Vietnam, une autre sorte de lutte se déroule sous terre : la vétérinaire Lauren Grey traque des créatures fantastiques, les sauvant des abus et leur offrant un refuge dans son Cryptozoo. Hélas, l’armée complote pour mettre la main sur la plus grande cryptide de toutes, la chimère dévorante de rêves Bakou, pour exploiter son pouvoir et détruire les rêves de la culture alternative en plein essor."

Après le très groovy Septet aux couleurs Blue Note, Cryptozoo montre une autre partie du talent de John Carroll Kirby pour la musique de film, teinté de Library music, de new age, d’ambient, de folk et de psychédélisme apaisé, éléments qui illustrent bien les images colorées du dessin animé de Dash Shaw. Notre surdoué a composé et produit les 9 morceaux, principalement instrumentaux, avec un thème musical qui revient de temps à autre. Il est accompagné de trois musiciens (guitare, percussions, flute) et de la voix discrète de la chanteuse Kacy Hill. On est ici dans le style sonore des années 1969-1975. La pochette de l’album dessinée par Dash Shaw reflète bien l’ambiance psyché 70 teinté de Lewis Carrol au pays du LSD, de l’herbe folle, des dragons, des lapins roses qui connaissent le latin. L’ensemble est proche des travaux de Sven Wunder et Air. Le final donne un album "vintage" agréable à écouter, du moins pour l'amateur de Library music 70 sous champignons ou bonbons  Haribo.

(1): Chronique de l’album Septet ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/12/john-carroll-kirby-septet-stones.html

https://johncarrollkirby.bandcamp.com/album/cryptozoo-original-motion-picture-soundtrack

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