dimanche 31 mai 2020

BARAKI KUNG FU "S/T" (Chupacadabra Records) - 03 février 2020



Baraki Kung Fu est un trio de « power pop rock en short ». Coté arts martiaux, ils utilisent plutôt une guitare, une basse et une batterie (avec Gasoline Bud des freaks Tequila Savate) pour défendre leur musique rêche, sec et sans bavure n’y artifice gratuit. Soit du rock garage qui sent la sueur et du rock HC qui n’aime pas les gestes barrières et encore moins les masques certifiés AFNOR. Ce premier album sans titre, contient 10 morceaux explosifs, funs et sans complexes. Et ce n’est pas parce qu’il y a un morceau qui a pour titre Heroin, que le spectre du Velvet Underground et de Lou Reed va venir nous apporter sa piquouse. Non, l’Heroin chez Baraki Kung Fu ne dure que 2 minutes et fait des étincelles non toxiques et 100% fun pour le moral et les jambes qui ont besoin de bouger. Bref, cet album est un 1er essais réussi, du moins si on est amateur de rock en short et en basquette. Enfin mention spéciale pour la pochette réalisée par La Brodeuse Masquée, ça ne s’invente pas !


FRANCOIS CLUB " Cobra " (Requiem Pour Un Twister Records/Modulor ) - 29 mai 2020



Après un EP nommé Paramilitaire sorti en 2015, voici Cobra, le premier album de François Club. Ex membre du groupe Aquaserge (de 2008 à 2011), le projet avorté Franz O Clock, des études au Conservatoire de musique en Electro-acoustique, des débuts à l’âge de 16 avec son pote Julien Gasc au sein du groupe punk Muddle, voilà en quelques mot le parcourt musical de François Club. Pour réaliser Cobra, notre chanteur compositeur et producteur a fait appel à de nombreux amis, dont Pascale Borel, ex chanteuse de Mikado, duo électro pop 80 dont le tube La Fille du Soleil trotte encore dans la tête. Bon choix, car la musique de François Club baigne justement dans les sons synthpop et new wave situé quelque part entre Mikado, Yellow Magic Orchestra, Kraftwerk, Christophe, Etienne Daho et Alain Chamfort. Légères et funs, les pastilles électro pop de François Club ont une atmosphère chill-out/lounge, fin de soirée, quand il ne reste plus rien à boire et que l’on a plus l’énergie pour venir gesticuler ses jambes et ses bras sur la piste de danse vidé de ses âmes nocturnes. L’album Cobra est comme un temps suspendu, bercé par la voix posée, mélancolique (et venimeuse ?) de François Club. En compagnie de ce Cobra, restons zen …

 


requiempouruntwister.bandcamp.com/album/cobra
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EINSTURZENDE NEUBAUTEN "Alles In Allem" (Potomak) - 15 mai 2020


1980-2020, le groupe allemand de Berlin Einstürzende Neubauten (traduction = effondrement de nouveaux bâtiments) à 40 ans d’âge et à son actif 15 albums studio et de nombreuses archives et collaborations sonores diverses. Ce groupe (au logo célèbre qui a souvent dû être tatoué, Henry Rollins l’a fait !) fondateur du genre « musique rock industriel » a-t-il encore à son arc en fer ou en plastique de quoi nous étonner ? Et bien à l’écoute d’Alles In Allem, nouvel album studio qui fait suite à The Jewels sortie en 2007 et si on suit la carrière du groupe, ce sera non, car ce disque est dans la continuité des œuvres précédentes. Cela fait déjà de nombreuses années que le son studio des compos de Neubauten est posé et moins industriel, en gros depuis le départ de F.M. Einheit. Par contre en live, le son indus est bien plus présent. Mais soyons juste, le son du métal n’est pas absent, on l’entend par parcimonie et sur le morceau qui ouvre l’album Ten Grand Goldie.  La voix de Blixa Bargeld a aussi changé au fil du temps et du poids du corps. Son squelette s’est enrobé et ses vêtements sont devenus plus « monsieur » et moins look punk échappé d’un squat. Blixa chante moins, son phrasé, parfois proche du spoken word, susurre et gémis dans le coin de l’oreille. Malgré le nombre d’instruments, dont une grande parti « fait maison » bricolé façon art brut, le son, les mélodies sont posées, discrètes -mais bien présentes-, comme pour mieux mettre en valeur les textes de Blixa Bargeld, retranscrite dans le livret intérieur du disque avec aussi le détail des instruments et des intervenants. Avec l’âge, la musique d’Einstürzende Neubauten est devenue proche de l’esprit du jazz, de la musique contemporaine, sacrée et classique. On pourrait même dire « intellectuelle » et « exigeante ». En 2020, la musique de Neubauten s’écoute confortablement chez soi, installé dans un canapé douillet, dans un théâtre feutré, dans un musée d’art contemporain. Soit un endroit où l’on n’entend pas le bruit de la foule et des verres qui se cassent sur le sol. Le comble pour de la musique industriel ?
Bref, on a vieilli avec la musique de Neubauten et on accepte cette évolution normale du temps, car faire du punk à 50-60 ans, est ce que c’est vraiment nécessaire ? Réponse dans 10 ans. Au final, ce nouvel album est un bon cru, qui prend de plus en plus de saveur au fil des écoutes. Neubauten poursuit sa carrière sans entrer dans un moule. Respect.

Nota :Alles In Alleme (dont sa pochette évoque celle de Fuenf Auf Der Nach Oben Offenen sortie en 1987) existe aussi en version Box Phase IV avec un 2ème vinyle d’alternative versions, deux CD, un DVD ROM inédits et un livre de 160 pages qui est une reproduction de notes, dont l’écriture manuscrite si particulière de Brixa Bargeld.


https://neubauten.org/