Voici un livre au format poche réalisé à partir d’une série de conversations d’une heure trente étalées sur plusieurs mois entre le « journaliste » killer Sam Guillerand (1) qui pose les questions et le photographe Renaud Monfourny qui nous raconte son parcourt de ses 37 années au sein de la revue des Inrockuptibles. Malgré les diverses formules et tempêtes à travers les rédactions des Inrocks, Renaud Monfourny est toujours resté présent dans le journal. Il y est entré en décembre 1987 pour réaliser la couverture du numéro 4 (première formule, bimestrielle) de Rita Mitsouko, et des photos pour illustrer l’interview de Carmel.
A travers ses 37 années, Renaud Monfourny a vécu toutes les époques des Inrockuptibles qui était au départ le nom d’une émission radio qui émettait du coté de Versailles : fin 80, dans un esprit fanzine, une parution bimestrielle avec une mise en page toute simple, texte sur fond blanc avec une photo en noir et blanc pour illustrer l’article, l’interview. Cette première période qui va durer jusqu’au n°13 permet d’office d’entrer dans ce qui sera le style des Inrocks : défendre les groupes indé anglo-saxon avec des interviews fleuve qui ne se contente pas de rester centré sur l’actualité du groupe, chanteur, chanteuse, mais d’en savoir plus sur eux en temps que personne de chair et de sang. Autant dire qu’à cette période, les sommaires exclusivement musicaux sont irréprochables. A partir du n° 33, mai 1992, Les Inrocks passent mensuel, le format s’agrandit, la couverture change de typo (tête d’affiche pleine page), le cinéma, la littérature et la couleur s’invitent au menu. Là encore on reste dans les longues interviews passionnante. C’est à partir du 15 mars 1995, quand Les Inrocks devient un hebdomadaire que cela se corse. Les interviews sont plus courtes, la politique, les médiats, la mode, les faits de société se retrouvent au sommaire. Moins de musique ciblé, l’actualité des sorties devient le patron, rapprochant Les Inrocks à Télérama. La version hebdomadaire va faire des dégâts chez les fidèles lecteurs qui aimaient tant le slogan de Jacques Tati : «Trop de couleur distrait le spectateur. » En 2021 retour à la parution mensuelle pour Les Inrocks dans un format qui se rapproche du mook (mi-magazine, mi-livre), pour un pavé avec pleins (trop) de publicités. Renaud Monfourny a vécu tous ses chamboulement de format, parutions. Il donne ici son témoignage, son vécu à travers la presse musicale des 30 dernières années en France.
New Order 1987 @ Renaud Montfourny
Dés le début de sa carrière de photographe , Renaud Monfourny a imposé un style : un portrait en noir et blanc, épuré, sobre. Chez lui, pas de mise en scène « bling bling » et situations farfelues (mais cela peut arriver selon le sujet), non juste un fond neutre avec l’artiste au centre. L’artiste est mi a nu sans artifice. Cette sobriété sera la marque, la force de ses photographies. Au fil des décennies, il a photographié les figures indé des années 80 (Ian McCulloch, Morrissey, New Order, Felt, The Jesus & Mry Chain, Nick Cave...), 90 (Nirvana, Pixies, JP Harvey, Bjork...) et 2000 (Radiohead, Massive Attack), laissant les Rolling Stones et autres Pink Floyd a d’autres photographes. Parmi les anciens des années 60 et 70, il y a ses idoles du Velvet Underground, Patti Smith, Leonard Cohen, Iggy Pop, Neil Young. A noter qu’il n’aime pas prendre les photos dans les hôtels et en live. Il lui faut son petit coin de paradis qui sera parfois juste un panneau de signalisation.
Dans le livre, Renaud Montfourny parle un peu technique, mais pas trop, Le nécessaire pour qu’un débutant y vois de la lumière. Ses premiers appareils photos, ses études, le passage de l’argentique au numérique, sa façon d’opérer, son regard sur les autres photographes, la profession, être photographe en 2024. Le livre est divisé en deux parties : les interviews et les bonus avec une sélection de rencontres, souvenirs de personnalités qui lui sont chère, tant dans la musique, le cinéma, que la littérature. En 161 pages, Renaud Morfourny c’est retrouvé de l’autre coté du micro, et il s’en est bien sorti pour raconter en détail son parcours singulier de photographe rock.
Renaud Monfourny anime également un blog, qui lui permet de mettre chaque jour une personnalités établies ou émergentes, Soit un lieu de découverte :http://blogs.lesinrocks.com/photos/
(1): On a découvert Sam Guillerand avec son livre d’entretiens avec Didier Balducci. Chronique ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2023/12/never-give-up-didier-balducci.html
Un album fondateur pour Renaud Montfoury : Lou Reed "Rock’n’Roll Animal" (1974)
Un album des années 80 important pour Renaud Montfourny : Echo & The Bunnymen "Heaven Up Here" (1981)