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mardi 9 avril 2024

RENAUD MONFOURNY Entretiens avec Sam Guillerand (Médiapop éditions) - 20 mars 2024

Voici un livre au format poche réalisé à partir d’une série de conversations d’une heure trente étalées sur plusieurs mois entre le « journaliste » killer Sam Guillerand (1) qui pose les questions et le photographe Renaud Monfourny qui nous raconte son parcourt de ses 37 années au sein de la revue des Inrockuptibles. Malgré les diverses formules et tempêtes à travers les rédactions des Inrocks, Renaud Monfourny est toujours resté présent dans le journal. Il y est entré en décembre 1987 pour réaliser la couverture du numéro 4 (première formule, bimestrielle) de Rita Mitsouko, et des photos pour illustrer l’interview de Carmel.


A travers ses 37 années, Renaud Monfourny a vécu toutes les époques des Inrockuptibles qui était au départ le nom d’une émission radio qui émettait du coté de Versailles : fin 80, dans un esprit fanzine, une parution bimestrielle avec une mise en page toute simple, texte sur fond blanc avec une photo en noir et blanc pour illustrer l’article, l’interview. Cette première période qui va durer jusqu’au n°13 permet d’office d’entrer dans ce qui sera le style des Inrocks : défendre les groupes indé anglo-saxon avec des interviews fleuve qui ne se contente pas de rester centré sur l’actualité du groupe, chanteur, chanteuse, mais d’en savoir plus sur eux en temps que personne de chair et de sang. Autant dire qu’à cette période, les sommaires exclusivement musicaux sont irréprochables. A partir du n° 33, mai 1992, Les Inrocks passent mensuel, le format s’agrandit, la couverture change de typo (tête d’affiche pleine page), le cinéma, la littérature et la couleur s’invitent au menu. Là encore on reste dans les longues interviews passionnante. C’est à partir du 15 mars 1995, quand Les Inrocks devient un hebdomadaire que cela se corse. Les interviews sont plus courtes, la politique, les médiats, la mode, les faits de société se retrouvent au sommaire. Moins de musique ciblé, l’actualité des sorties devient le patron, rapprochant Les Inrocks à Télérama. La version hebdomadaire va faire des dégâts chez les fidèles lecteurs qui aimaient tant le slogan de Jacques Tati : «Trop de couleur distrait le spectateur. » En 2021 retour à la parution mensuelle pour Les Inrocks dans un format qui se rapproche du mook (mi-magazine, mi-livre), pour un pavé avec pleins (trop) de publicités. Renaud Monfourny a vécu tous ses chamboulement de format, parutions. Il donne ici son témoignage, son vécu à travers la presse musicale des 30 dernières années en France.

New Order 1987 @ Renaud Montfourny

Dés le début de sa carrière de photographe , Renaud Monfourny a imposé un style : un portrait en noir et blanc, épuré, sobre. Chez lui, pas de mise en scène « bling bling » et situations farfelues (mais cela peut arriver selon le sujet), non juste un fond neutre avec l’artiste au centre. L’artiste est mi a nu sans artifice. Cette sobriété sera la marque, la force de ses photographies. Au fil des décennies, il a photographié les figures indé des années 80 (Ian McCulloch, Morrissey, New Order, Felt, The Jesus & Mry Chain, Nick Cave...), 90 (Nirvana, Pixies, JP Harvey, Bjork...) et 2000 (Radiohead, Massive Attack), laissant les Rolling Stones et autres Pink Floyd a d’autres photographes. Parmi les anciens des années 60 et 70, il y a ses idoles du Velvet Underground, Patti Smith, Leonard Cohen, Iggy Pop, Neil Young. A noter qu’il n’aime pas prendre les photos dans les hôtels et en live. Il lui faut son petit coin de paradis qui sera parfois juste un panneau de signalisation.

Dans le livre, Renaud Montfourny parle un peu technique, mais pas trop, Le nécessaire pour qu’un débutant y vois de la lumière. Ses premiers appareils photos, ses études, le passage de l’argentique au numérique, sa façon d’opérer, son regard sur les autres photographes, la profession, être photographe en 2024. Le livre est divisé en deux parties : les interviews et les bonus avec une sélection de rencontres, souvenirs de personnalités qui lui sont chère, tant dans la musique, le cinéma, que la littérature. En 161 pages, Renaud Morfourny c’est retrouvé de l’autre coté du micro, et il s’en est bien sorti pour raconter en détail son parcours singulier de photographe rock.


Renaud Monfourny anime également un blog, qui lui permet de mettre chaque jour une personnalités établies ou émergentes, Soit un lieu de découverte :http://blogs.lesinrocks.com/photos/

(1): On a découvert Sam Guillerand avec son livre d’entretiens avec Didier Balducci. Chronique ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2023/12/never-give-up-didier-balducci.html

Un album fondateur pour Renaud Montfoury : Lou Reed "Rock’n’Roll Animal" (1974)

 

Un album des années 80 important pour Renaud Montfourny : Echo & The Bunnymen "Heaven Up Here" (1981)

 

jeudi 25 janvier 2024

"DICTIONNAIRE AMOUREUX DU ROCK" d’Antoine de Caunes (Plon) – 28 octobre 2010

Autant j’aime bien faire mon TOP annuel des albums qui m’ont marqués, autant les Dictionnaires, qu’importe leurs thèmes, ce n’est pas ma came. Malgré tout, lors d’une balade dans une recycleriez du 20ème arr. de Paris, je me suis laissé tenter par le Dictionnaire amoureux du Rock écrit par Antoine de Caunes (livre qui fait partie d’une collection chez Plon consacré aux amoureux de…). Le prix de 50 centimes d’euros y est pour beaucoup, pas grand-chose à perdre pour découvrir ce pavé de plus de 700 pages (la première édition de 2010 au format bible). Comme tout dictionnaire, les chapitres vont de la lettre A, avec en première chronique l’album Abbey Road (des Beatles), -dont Antoine de Caunes comme de millions de fans, a été sur le lieu de la pochette culte, mais seulement en 2006-, à la lettre Z qui finis avec la chronique de ZZ Top (trop facile !). Les chapitres sont illustrés par des dessins d’Alain Bouldouyre. Avant de commencer à le lire, j’ai regardé les artistes sélectionnés dans son dictionnaire amoureux. Pour ceux qui connaissent le bonhomme à travers ses émissions rock à la télé (Chorus, Houba-houba, Les Enfants du Rock, Rapido), pas de surprise, ses héros sont bien au menu : Bob Dylan, J.J. Cale, Elvis, Ry Cooder, John Hiatt, Tom Petty, Mark Knopfler, Randy Newman, Southside Johnny, Cat Stevens et, évidemment le « boss » Bruce Springsteen à travers ses concerts (ici au Madison Square Garden) et l’album Born to Run. Si vous suivez un peu mes écrits sur mon blog, vous savez que ce type de chanteurs ne sont pas dans mon ADN. Par contre, égalemens présents, Burt Bacharach, David Bowie, The Clash, The Cure, Willy de Ville, Serge Gainsbourg, Iggy Pop, The Stranglers, Television, OK. Mais au final, qu’importe si on aime l’artiste ou pas, ici c’est la plume, le vécu d’Antoine de Caunes qui prime. Car le bonhomme sait écrire, partager ses joies et peines avec vitalité et humour. Chaque chronique est un instantané de vie, celui d’un journaliste télé qui a tout au long de sa carrière fait de belles rencontres. Des anecdotes, réflexions (sérieux ou pas),  il y en a toutes les pages. Antoine de Caunes a une mémoire de dingue, qu’il partage ici avec délice. Ainsi, on se laisse embarquer par toutes ses chroniques, tranche de vies, avec gourmandise. Par exemple j’étais mort de rire pour son texte sur Nina Hagen, venue avec son groupe au Théâtre de l’Empire (le lieu de Jacques Martin où il enregistrait en public L’École des fans) pour l’émission Chorus. Elle, et ses musiciens ont été tellement chiant avec l’équipe technique, des critiques sur le lieu (alors que ce Théâtre avait une superbe acoustique), le tout en prenant de haut tout le personnel, comme si l’alliance France-Allemagne était incompatible. Ainsi, Antoine de Caunes leur demande de remonter dans leurs camions et de retourner dans leur beau pays. Pas de Chorus pour Nina Hagen, elle là bien cherché. Pour raconter cette mésaventure France-Allemagne => la revanche, l’écriture d’Antoine de Caunes fait mouche. Son récit est absorbant. Au final, ce Dictionnaire amoureux du Rock, permet d’être en connexion avec les années 70 et 80, vécu de l’intérieur. Comme dirait notre présentateur sous speed, ce dico est un livre CHAUDEMENT RECOMMANDÉ.

Nota : Le Dictionnaire amoureux du Rock, devenu Dictionnaire amoureux illustré du Rock a été réédité en novembre 2017 chez Grund avec une sélection des chroniques, dans un format plus grand, avec des photos pleines pages. Là, on est dans le beau livre illustré, mais la première version avec le texte complet, une mise en page sobre en petit format, est à mon avis plus pratique à lire, notamment lors des déplacements.



Je profite de cette chronique consacré à Antoine de Caunes, pour sortir de mes archives une chronique du coffret DVD consacré à l’émission Chorus. Elle a été publiée en 2010, dans le fanzine Abus Dangereux.

Entre 1978 et 1981, le dimanche à midi après la messe sur Antenne 2 (maintenant France 2), il y avait une émission rock appelée Chorus. Présenté par Antoine De Caunes et Jacky, cette émission de 37 minutes avait la particularité de montrer deux live exclusif enregistrés au Théâtre de L’Empire (le théâtre de l’émission Dimanche Martin). Aujourd’hui, malgré des centaines de chaines sur le câble, essayez de trouver une émission de rock à la TV, alors qu’à l’époque, il n’y avait que trois chaines. En 1979, j’avais 14 ans et je me rappelle très bien de cette émission. C’était à chaque fois la guerre avec mes parents qui voulaient voir les infos. En effet, écouter et voir à la TV un concert des Undertones, The Jam ou Siouxsie, le dimanche midi, c’était atypique. En plus, les live étaient souvent intenses et diablement furieux. Pour les groupes, cette émission était une bonne page de pub pour se faire connaitre du plus grand nombre.

L’équipe de Chorus @ Jean-Luc Buro

Antoine de Caunes sur le toit du Théâtre de l’Empire

Dans l’émission, peu de bla-bla. Installés sur le toit du Théâtre de l’Empire, Antoine De Caunes présente rapidement les deux live du jour avec derrière lui Jacky (bien avant le Club Dorothée) qui fait le clown. C’était véritablement 35 minutes de concert en public (quelle chance pour ceux qui étaient présents), sans coupure de pub, n’y de commentaires sur les morceaux et sans montage qui donne mal aux yeux (ref Tracks au début sur Arte). C’est donc avec plaisir que l’on trouve ces images de notre patrimoine TV dans ce coffret 3 DVD avec des live complets de ZZ Top, Police et Clash et de nombreux extraits des prestations de Cure, Stranglers, Dogs, Trust, JL Hooker, Magazine, Madness, XTC, Captain Beefheart, Magma, Pat Benatar…soit un bon panorama entre les artistes jeunes et moins jeunes, entre l’underground et les succès radios de l’époque. A noter que dans le même style d’esprit, quelques années après, sur TF1 le samedi après-midi il y avait l’émission Mégahertz présenté par le branché Alain Maneval, le samedi soir Les Enfants Du Rock sur la 2 et L’Echo des Bananes puis Décibel sur la 3. C’était la bonne époque pour la place du rock à la TV.