mercredi 31 janvier 2024

THE THE "Soul Mining" (Some Bizarre/Epic) – 1983


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°33

En 1983, le compositeur, multi instrumentiste Matt Johnson aka The The réalise avec Soul Mining, son premier chef d’œuvre. Un doute ? Réécouter le aujourd’hui, et vous verrez que les sept compos de l’album sonnent toujours aussi bien. Certes, il y a une patine des années 80 dans le son des synthés et dans la voix de Matt (c’est ce qu’on aime aussi), mais ces compos sont si riches en trouvailles sonores arrangements, harmonies, mélodies, que même 40 ans plus tard, il y en a encore et encore à découvrir. A la fois dansant, arty, pop, l’univers de Matt Johnson est complexe, tout en étant accessible et fédérateur, il suffit d’écouter le morceau Giant qui donne des ailes, l’envie d’ouvrir portes et fenêtres pour accueillir le monde extérieur. C’est un de ses dons artistique, celui de nous donner du bonheur sonore.

Verso de la pochette de l’album "Soul Mining" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Pochette recto-verso de l’édition américaine de "Soul Mining" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Soul Mining s’ouvre par le morceau I’ve been waitin’ for tomorrow (all of my life), avec la frappe intensive, tribale du batteur Zeke Manyika (du groupe Orange Juice) qui va tenir le rythme tout au long 5 minutes et 44 secondes. Des bonnes notes de synthé, la voix maniéré et habitée de Matt font de ce titre une belle entrée en matière, qui ne nous attend pas à entendre de l’accordéon sur le titre suivant, This is the Day, qui sera le 2ème single extrait de l’album. A noter que le morceau Perfect (avec David Johansen -New York Dolls- à l'Harmonica), sorti en single à la même période, ne fait pas partir de l’album, il faudra attendre 1987 sur la première édition CD, avant de nouveau disparaitre. Le premier single extrait de Soul Mining, est le morceau Uncertain Smile qui s’achève avec un splendide solo de piano joué par l’illustre Jools Holland du groupe Squeeze. Ce titre qui clôture la face A est un bonheur total pour l’oreille. La voix posée, presque romantique (attention surtout pas nouveau romantique !) de Matt est à pleurer. Surtout quand les synthétiseurs viennent se mêler à la discussion. Pour trouver des mélodies à en donner des picotements dans tout le corps, l’artiste Matt Johnson est un orfèvre intouchable. Il a tant de grâce à donner, jusqu’au long final solo de piano qui nous achève de plaisir. Attention, ce solo de piano, n’est pas présent sur le single, plus court de 2 minutes.

Pochette du single "Uncertain Smile" (1982). Dessin d’Andy Johnson

Pochette du single "Perfect" (1983). Dessin d’Andy Johnson

Pochette du single "This is the Day" (1983). Dessin d’Andy Johnson

La face A de Soul Mining est d’une pureté tels, que l’écouter encore aujourd’hui, ramène à de bons souvenirs de nos années Feedback, animées par Bernard Lenoir sur France Inter. Le bonheur continu dès The Twilight Smile qui ouvre la face B. Ce morceau est le plus new wave de l’album. Mais attention de la new wave aussi exigent que celle des groupes tels que The Associates, Magazine, Japan, Fad Gadget, The Teardrop Explodes, XTC, The Monochrome Set, Felt. Pas la new wave de la radio FM qui finira par lasser (Simple Minds, U2, Heaven 17). Le morceau titre Soul Mining et les 9 minutes de Giant enfoncent le clou (voir le dessin du verso de la pochette réalisé par Andy, frère de Matt, où l’on voit des marteaux fracasser une tête). A noter que les deux singles et le morceau Perfect, malgré leur qualité mélodique, n’atteindront pas les sommets dans les charts anglais et se positionneront vers la 70ème place. Mais qu’importe, le talant ne s’évalue pas sur le podium d’arrivé, mais sur l’originalité de l’artiste, qui s’aura faire son trou au fil du temps, quitte à manger du pain blanc. Inutile de préciser que Matt Johnson est une référence pour de nombreux musiciens, chanteurs, dont Morrissey. Le talent du compositeur Matt Johnson, ne peut pas laisser indifférent, même si on est sourd. Pour clore cette chronique, The The est toujours en activité, notamment sur scène avec des dates pour 2024. Renseignement sur le site internet.

https://www.thethe.com/

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mardi 30 janvier 2024

PLAYBOYS "Vol. 9 – Garagisme by Les Playboys" (Dangerhouse Skylab) – 12 janvier 2024

Né sur les cendres du groupe punk Dentist, les Playboys est un groupe niçois qui existe depuis 1979. Autant dire qu’ils font partie des groupes français de rock, les plus anciens encore en activité. Certes leurs sorties discographiques sont concentrées dans les années 80 et 90, mais les années 2000 viennent de temps à autre nous rappeler que les Playboys n’ont pas raccrochés leurs costards bien cintrés. La preuve avec Vol. 9, Garagisme by Les Playboys, 3ème long format, période 21ème siècle, donc encore plus loin dans l’espace-temps des années 60, époque musicale qui inspire nos Playboys de Nice, également le fief de l’activiste Didier Balducci (Dum Dum Boys). Ce nouvel album a la particularité d’être composé de 12 reprises et d’une composition originale. Dans les années 60, en France, les groupes et chanteurs yé-yé avaient autant de morceaux originaux que de reprises des groupes/chanteurs anglo-saxons qui étaient dans le vent. Quelque par, les Playboys reprennent cette tradition, mais dans un style nettement moins « variété », en puisant autant dans le rock garage anglais, américains que d’artistes français tels que Nino Ferrer et Jacques Dutronc. Depuis leur début, les Playboys ont fait de nombreuses reprises en anglais (l’album Girl en 1987) et surtout en français, langue qui leur va à ravis. Chez les Playboys, le chant en français est une baie de jouvence et des Anges (Nice oblige), tant elle coule de source… bénite.

Exemples de pochettes des compilations Pebbles

Par d’inquiétude, vous ne prenez pas le train en marche, malgré le titre de l’album, il n’y a pas eu avant 8 volumes de reprises. Non, celui-ci est le premier. En prime il y a un concept, les reprises sont puisées dans les compilations Pebbles, soit un catalogue de 60 volumes répartis sur des vinyles, CD et coffrets. Ces compilations apparues à partir de 1978, reprennent l’esprit de la compilation Nuggets, Original Artyfacts from the Firt Psychedelic Era, 1965-1968, créé et animée en 1972 par Kenny Kaye, guitariste de la formation originale du Patti Smith Group. Ce Nuggets a permis de faire découvrir au public, une tonne de groupes garage énervés qui ont inspirés la scène punk rock 76-81. Ainsi Pebbles, en pleine période punk, prend le relais en sortant des profondeurs de la terre, un flopées de groupes américains de garage rock, encore plus obscur que ceux présents sur Nuggets.


Pochette de la compilation Pebbles qu’on retrouve chez nos Playboys

Verso de la pochette "Vol. 9 Garagisme by Les Playboys"

En reprenant le visuel des compilations Pebbles volumes 7 et 8, les Playboys ont sélectionnés un morceau des groupes suivants : The Squires, Dr. Spec’s Optical Illusion, Hysterics, The Uncalled For, Beaux Jens, The Painted Ship, The Mustard Men, The Chob, The Satans, The Escapades, Trojans Of Evols et Bedfiorde Set. Comme à l’époque yéyé, nos Playboys reprennent ses morceaux en français. C’est ce qui donne l’effet Kiss Cool à l’exercice, l’effet charme sixties Frenchy By Chic qui habille si bien l’art et la manière de composer, de se réapproprier le rock garage des groupes américain des années 60. Une bonne voix, des chœurs qui ont du chœur, de l’orgue Farfisa, un peu de fuzz, de l’électricité bien placé, une rythmique épurée bien dansante, soit du sixties comme on l’aime, sans rajout de gras, d’effets gratuits qui "bourrinent" l’estomac. Non, passé sous la patte des Playboys, les reprises sont fun, sentent le frais, comme après un lavage à la main  pour vêtements fragiles. Ainsi les Playboys, 44 ans d’âge au service du rock, sont toujours aussi jeunes et dynamiques. Soit un cas d'école à saluer! Fans des Calamités, Nino Ferrer, Jacques Dutronc, Fabienne Delsol, (pour ne citer que quelques noms), ne rater pas ce Vol 9. qui donne la banane !

Chronique de l’album La Baie des requins ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/03/les-playboys-la-baie-des-requins.html

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