lundi 25 mars 2024

PEYMAN YAZDANIAN "Live in Lecce" (Melmax Music) – 29 mars 2024


Ce Live in Lecce est un enchantement ! C’est l’album idéal pour commencer la journée en toute décontraction. Pourtant ici pas d’orchestration, d’envolé harmonique, de pop solaire. Non, juste Peyman Yazdanian seul au piano. Certes un piano ré agencé, manipulé par ses soins. Dans son piano il a incorporé des objets divers sur les cordes ainsi que des marteaux (sic). Le résultat ne donne pas une musique concrète, abstraite à la John Cage ou industrielle à la Einsturzende Neubauten, mais une musique à la fois minimale, mélodique, harmonique et mélancolique qui évoque Philip Glass, Wim Mertens, Ravel et le guitariste Vini Reilly de The Durutti Culumn. La musique de Peyman Yazdanian nous enveloppe de son voile fragile, puis monte en puissance pour nous faire perdre pieds sur terre. Un mot : MAGNIFIQUE. Live in Lecce a été enregistré en 2021, lors du festival Conversazioni sul Futuro qui s’est déroulé à Lecce, situé dans la région des Pouilles en Italie. Sa prestation est une improvisation de 30 minutes réparties en 5 parties. Autant dire que ces 30 minutes sont trop courte, mais magie du CD, du vinyle (la version streaming était déjà disponible depuis octobre 2022), on peut écouter et réécouter sans lassitude ces 30 minutes au piano lunaire.

Né en 1969 à Téhéran, Peyman Yazdanian commence à apprendre le piano dès l’âge de 6 ans. Par la suite il va suivre des cours avec Farman Behboud, Gerhard Geretschlaeger à Viennes et Ginette Gaubert à Marseille. Il sera aussi l’élève de Iradj Sahbai. Un fois formé, Peyman Yazdanian va décrocher plusieurs prix. Ses études de pianiste vont le porter vers la musique néo-classique, minimaliste, contemporaine, jazz. Il va surtout composer des musiques pour le cinéma. En 1998, sa première B.O. est pour un grand réalisateur iranien, Abbas Kiarostami pour le court métrage Birth of Light, mais c’est en 2000 avec le film Le vent nous emportera de Kiarostami que les choses sérieuses commencent. A ce jour il a composé une trentaine de B.O. et une dizaine d’albums studio. Autant dire qu’il ne chôme. Après l’écoute de Live in Lecce, on va se plonger dans sa longue discographie qui va surement nous réserver des belles surprises.


https://www.instagram.com/peymanyazdanian_official/


dimanche 24 mars 2024

LEO COURBOT "Passion at a distance" (Autoproduction) – 22 mars 2024


Déjà, avant d’écouter une première note de musique, notons la belle pochette réalisée par le dessinateur, illustrateur Caza. Grande figure de la BD de science-fiction et d’univers psychédélique, Caza a fait partie des ténors de Pilote, Métal Hurlant au côté de Moebius et Druillet, sans oublier de nombreuses couvertures dans la collection des livres de poches J’ai Lu SF. Oui, la pochette noire avec cette fille sexy qui porte un casque de cosmonaute fait son effet ! Par contre, ce visuel peut-être trompeur, car ici il ne s’agit pas de krautrock, de cosmic music, de B.O. fantasmée pour un film SF. Non, le guitariste auteur compositeur, chanteur belge Leo Courbot, compose une musique jazz funk, teinté de rock 80’s. Sa voix est proche de Prince. A l’écoute de sa musique, c’est une influence évidente. D’ailleurs sur ce nouvel et deuxième album, il y a la présence du batteur Michael Bland qui a travaillé pour Prince, ainsi que pour George Benson. Par ailleurs, une des particularités de l’album, c’est la présence de nombreux batteurs de renom : Oliver Gene Lake (Meshell Ndegeocello, Marcus Miller, D’Angelo, Maxwell), Stéphane Galland (Joe Zawinul, Ozark Henry) et Pat Dorcean (Ida Nielsen, Jef Lee Johnson, Zap Mama) et Mehdi Bennadji. Le titre de ce concept album, Passion at a distance est tiré d’une phrase du physicien Abner Shimony, car le sujet est la notion de distance qui soit infime ou infinie. D’où le visuel cosmique de la pochette. Leo Courbot nous raconte "une histoire d’amour entre un homme et une mystérieuse “fille à l’âme céleste” qu’il rencontre brièvement dans le titre d’ouverture avant qu’elle ne disparaisse et qu’il parte à sa recherche." (Propos extrait de l’interview parue sur le site Lust 4 Live). Toujours dans cette interview, Leo Courbot nous dit qu’il a découverts adolescent Caza grâce à son père, lecteur de BD de science-fiction. Soit le style de dessin qui colle a sa passion pour le rock en feu de Jimi Hendrix. Leo Courbot, étant guitariste, difficile de passer à côté de ce maestro de la guitare électrique, surtout si on aime les solos, ce qui est le cas de Leo Courbot. Car Passion at a Distance n’est pas avare en solos électriques qui déversent des riffs 70-80 entre Santana et Prince & The Revolution. Par contre l’influence d’Hendrix est très discrète. La musique de Leo Courbot est assez calibrée. On est ici dans les pointures du jazz rock avec des chœurs funky. Il y a même une petite échappé reggae sur le morceau chanté en français Cantique des Quantiques. Sur ce titre on pense un peu à Charlélie Couture. Au final, Passion at a distance au son studio très 80’s a du charme, a la particularité de ne pas être dans le vent, mais d’être rétro, soit à contre-courant, tel le vilain petit canard.

https://leocourbot.bandcamp.com/album/passion-at-a-distance

https://www.facebook.com/LeoCourbotMusic/





samedi 23 mars 2024

THE JESUS AND MARY CHAIN "Glasgow Eyes" (Fuzz Club) – 22 mars 2024

En 2024, qu’attendre d’un groupe culte tel que The Jesus and Mary Chain ? Dès 1985 avec la publication de leur premier album titré Psychocandy, ce groupe écossais de Glasgow entre dans le panthéon des groupes majeurs des années 80. En synthétisant sous un fracas noise pop infernal, les groupes The Velvet Underground, The Stooges avec la pop des Beach Boys, le tout avec des coupes de cheveux qui mixent Robert Smith et Andy Warhol. En 1987, avec Darklands (1) ils baissent carrément de volume sonore, pour transformer la noise qui s’élève de la fuzz et des larsens pour devenir des ballades folk new wave d’une mélancolie pop à tomber. En prime, à cette époque, tous leurs maxis et EP's sont au top de l’élégance. Les morceaux non présents sur les albums sont sur l’excellente compilation Barbed Wire Kisses (B-Sides And More). Après ces deux chef d’œuvre de l’indie rock, le groupe aurait pu s’arrêter, ils avaient tant créés en seulement deux albums et de nombreux EP. Mais nos Jesus ont décidés de continuer, et ils ont eu bien raison, car même si les albums suivants n’arriveront à la hauteur de Psychocandy et Darklands, il y a malgré tout dans chaque album au moins 2-3 pépites, a commencer par Sometimes Always extrait de Stoned & Dethroned (1994) avec au chant Hope Sandoval de Mazzy Star.

En 2024, qu’attendre d’un groupe culte tel que The Jesus and Mary Chain ? Réconcilié depuis bien longtemps (même si sa peut éclater à tout moment), les frères Reid ont encore l’énergie, l’envie, et l’inspiration pour nous proposer des nouvelles compos et de partir en tournée. Voici Glasgow Eyes, leur 8ème album studio. Il contient 12 morceaux pour 50 minutes de  musique. Après une première écoute, sans être un chef œuvre (ça, ça appartient au passé), l’album s’écoute avec grand plaisir. La voix de Jim Reid est toujours aussi belle, avec cette tonalité pop mélancolique. La musique est évidemment moins noise, mais les riffs ne sont pas absents et drainent un rock 90 rassurant qui ne tombe pas dans le rock à papa. Il y a quelques effets électoniques, qui donnent à l’ensemble un son rock qui peut évoquer par instant les Chemical Brothers et Primal Scream. Le morceau JAMCOD avec son rythme électro rock a tous les ingrédients d’un bon tube qui s’écoute partout, tout au long de la journée et de la nuit. Le morceau suivant a pour titre Discotheque. Dans la discothèque de The Jesus and Mary Chain, l’ambiance est inquiétante. On n’est pas sur la piste de l’Hacienda ou du Palace, ou alors dehors à faire du deal avec des petites frappes. Le riff à la guitare de The Eagles and The Beatles fait penser au riff de I Love Rock’n’Roll de Joan Jett. Le morceau le plus rock de l’album.  Si vous avez un faible sur le côté mélancolique de JAMC école Darklands, vous allez fondre sur Second Of June. La voix de Jim et la mélodie, toute simple, sont à tomber. Morceau à écouter inlassablement. A regretter qu’il n’y ait pas dans l’album plus de morceaux de ce type. C’est clair, quand ils veulent, nos JAMC en ont encore sous le coude ! Girl 71 est un juste un morceau sympa, mais un peu facile. Pas mal le choix, le jeu de mot du titre pour le dernier morceau : Hey Lou Reid. Les années passent, JAMC sont toujours des fans de Lou Reed et du Velvet Underground. Nous aussi. Au final, Glasgow Eyes est un album de bonne tenue, à ranger auprès d’un album tel qu’Automatic (1989).

(1): Chronique de l’album Darklands ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/01/the-jesus-and-mary-chain-darklands.html

https://themarychain.com/

https://www.facebook.com/JesusAndMaryChain/?locale=fr_FR