Quand on est un amateur du visuel
psychédélique (mix de l’art nouveau et de l’Op Art) école affiches réalisées entre
1966 et 1969 à San Francisco par Wes Wilson, Victor Moscoso, Rick Griffin, Alton Kelley
et Stanley " Mouse " Miller pour annoncer les concerts de rock (Grateful Dead, Jefferson Airplaine) et soirées sous LSD, on ne peut pas être
insensible aux visuels du groupe allemand Vibravoid.
Formé en 1992, ce groupe de Düsseldorf mené par le chanteur guitariste Christian Koch a publié une pléthore d’albums studio, des double/triple
albums live, jusqu’à les rééditer lors de leurs anniversaires de sorties. Pour
chaque publication, il y a un soin apporté aux visuels (pochettes, incerts,
disques vinyles couleurs) qui piquent la rétine. On ne va pas s’en plaindre.
Juger par vous-même.
Faisons une petite pause des sorties
nouveautés et rééditions, pour vous présenter un album qui n’a aucune actualité.
C’est toujours cool de découvrir un
disque en allant chez le disquaire. La boutique Listen !, Paris 11ème est pour ça une bonne adresse
pour y trouver le bon disque d’occasion. Une fois de plus, en y allant « zoner »
dans le rayonnage à vinyles, rangé par style (punk, B.O. de film, jazz, funk, disco,
Rock US, français, imports japonais…), pour y trouver un disque sans idée
précise, au hasard des arrivés, j’entends en fond sonore une bonne musique funk
70. Je demande au taulier du lieu, Thomas
de qui il s’agit ? Il me montre la pochette, c’est l’album Magical
Shepherd de Miroslav Vitous. Je
n’en ai jamais entendu parler, et la pochette est juste ignoble. On y voit Miroslav Vitous pauser en vêtement à la Michel Polnareff avec une guitare
double manche, c’est d’un goût ! Il y a juste un détail qui peut nous
aiguiller sur le style de musique. Son regard est en direction d’une fenêtre
qui montre le ciel étoilé, le cosmos. Le cosmos qu’on retrouve au verso de la
pochette. En effet sa "cosmic" musique est un heureux mélange de funk bien groovy, de
jazz/prog rock en fusion, de disco futuriste qui pulse, le tout avec un rythme à
faire danser un sourd. On est bien au cœur des années 70 avec les instruments
et l’acoustique de l’époque. Sur cet album solo, Miroslav Vitous n’est pas seul, il a une équipe de choc, en commencent
par le maitre Herbie Hancock, présent sur cinq morceaux, le percussionniste
brésilien Airto Moreira (Deodato,
Astrud Gilberto, Miles Davies, Donald Byrd), le batteur de jazz Jack DeJohnette, et aux voix soul
Cheryl Grainger et Onike. L’album commence très fort avec Basic Laws qui est un
pur brulot de soul funk de prêt de 12 minutes. On est dans le style blaxploitation,
The Temptations époque Masterpierce, Miles Davies époque Bitches
Brew, avec ses riffs de guitares Fender Rhodes qui groove un max, ses
effets cosmiques échappés des synthétiseurs 70, dont la Mini Moog, une basse inspirée
bien en avant et ses voix black -is beautiful- féminines qui donnent des
sueurs. Comment ce morceau est passé des radars de mes écoutes ? Le
morceau suivant, New York City, plus jazz est également une bombe qui donne le
tournis. Impossible de trouver les mots pour décrire ce rythme prenant de 9
minutes qui porte à la transe. Cette face A est juste parfaite ! La face B
continu de nous faire voyager dans le cosmos de la black music au parfum sonore
des années 70, avec une touche disco pour les voix, qui évoquent un peu Grace Jones. Que du caviar a ce mettre
entre les oreilles. C’est clair, cet album avec la forte présence d’Herbie Hancock va rejoindre le meilleur
des albums funk de justement Herbie Hancock,
mais aussi Quincy Jones, Lonnie Liston Smith and the Cosmic Echoes,
Donald Byrd/The Blackbyrd, Miles Davies,
Sun ra, Funkadelic…
Pour compléter la chronique, voici brièvement la bio de Miroslav Vitous. Il est né en 1947 à
Prague. Après avoir appris le violon à 6 ans, le piano à 10 ans, il apprend la
basse à 14 ans. Ce sera avec la contrebasse son instrument de musique !
Étudiant au conservatoire de Prague,
il forme le Junior Trio avec son
frère et le pianiste Jan Hammer.
En remportant le premier prix d’un concours international de musique à Vienne, Miroslav a eu l’occasion d’étudier aux
États-Unis, au Berklee College of Music. C’est pendant cette période qu’il a
été invité à jouer dans le groupe de Cannonball
Adderley, mais il a refusé afin de terminer ses études à Berklee. À l’été 1967,
Miroslav s’installe à New York pour
s’impliquer dans la scène musicale. Il va jouer avec une foule de grands
musiciens tels que Art Farmer, Freddie Hubbard, Bob Brookmeyer, Stan Getz,
Herbie Mann, Miles Davis et Chick Corea.
En 1971, avec le saxophoniste Wayne
Shorter et le pianiste Joe Zawinul
il crée le groupe de fusion Weather
Report.Airto
Moirera (percussions), Alphonse Mouzon (batterie), Joe Zawisul (synthés, piano) vont
compléter le trio. Après quatre albums, Miroslav
Vitous quitte en 1974 le Weather
Report, pour poursuivre sa carrière solo qu’il a commencée en 1970 avec l’album
Purple. Magical Shepherd est quant à lui son 4ème album solo.
Pour la suite de sa carrière, je vous laisse lire la bio détaillé qui se trouve
sur son site internet. Et surtout, si vous êtes amateurs de jazz/funk 70, et
que vous ne connaissez pas cet album, n’hésitez pas à l’écouter au plus vite,
vous risquez d’y être accros !