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mardi 19 mars 2024

DYNAMITE SHAKERS "Don’t Be Boring" (Les Disques en Chantier/[Integral]) – 22 mars 2024


Mon premier contact avec le groupe Dynamite Shakers c’est passé le 16 novembre 2021 au Petit Bain à Paris, au concert des Fleshtones, où ce jeune groupe a assuré comme un Dieu la première partie. Les quatre membres du groupe (notamment le chanteur guitariste) ont tellement déchiré la scène de par leur insolente jeunesse à jouer du rock sixties early 80’s avec une évidence telle -musique, attitude, look-, qu’ils ont impressionnés Peter Zaremba. Ainsi le groupe se retrouve invité en rappel pour finir le show électrique et alcoolisé des Fleshtones.  Dynamite Shakers ont tellement assuré, qu’une partie du public à préférer leur prestation aux patriarches des Fleshtones, pourtant un des meilleurs groupes live depuis 45 ans. Dans le dossier de presse il y a ce conseil de Peter Zaremba : "Quel que soit le lieu, le contexte, le public : toujours se donner à fond, ne jamais tomber la veste, ne jamais considérer qu’il s’agit d’un concert ordinaire." C’est clair, Dynamite Shakers a bien retenu le conseil. 

Photo @ Adam Le Sommer

Originaire de Saint-Hilaire de Riez en Vendée, nos musiciens, Elouen Davy (chant, guitare), Calvin Tulet (guitare), Lila-Rose Attard (basse, backing vocal), François Rocheteau (batterie), ont posés leur première dynamite en 2019. En 2021, ils publient trois 45 tours avec des reprises soigneusement choisie des Sonics (le fameux titre Boss Hog), The Wailers, Flaming’ Grovies, The Troggs, Fleshtones, Dogs avec Too Much Class For The Neighthood (bref les références sont clairement affichés) et un mini LP de six titres. Mais surtout, Dynamite Shakers va donner beaucoup de concerts, près de 400 ! Autant dire qu’ils sont bien rodés pour aller enregistrer leur premier album. Pour bien retranscrire le son live du groupe, l’album, titré Don’t Be Boring (à noter que sur la pochette, la typo du titre est cinq fois plus gros que le nom du groupe, ce qui donne une idée de la modestie du groupe) est enregistré en huit jours avec le producteur Jim Diamond, un orfèvre du son rock blues garage qui colle bien au corps humide. Le résultat donne 10 brulots de rock garage, teinté de power pop qui n’attendent pas midi à 14 heures pour nous allumer, mais seulement 5 minutes pour nous emballer. C’est à la fois brut, mélodique, chaud, léger, clair, vivant et tellement rock, mais attention, celui des grands soirs. Celui qu’on sait que l’avenir est devant nous (sans renier les passé), près à nous botter les fesses, à nous donner une gifle d’adrénaline, à nous donner la banane sans nous presser le citron. Comment résister au rythme en diable de What’s Goin’ On ?, au tubesque Ticket Girl, au riff, tempo rebel, limite grunge de The French Top Ten, au rock sans filtre de I Can’t Wait For You ? Au milieu de l’album, Elouan passe le chant à Lila-Rose sur The Gates To What Sweet Song of Youngs (texte composé par Lisa-Rose), un morceau pop sixties à la Dana Gillespie qui baisse de volume en riff pour un peu de douceur avant la tempête Look How Fast It Goes. Bref rien à jeter dans ce joyeux premier album. Dynamite Shakers est le style de groupe rock dont on sera fier de porter un t-shirt à leur effigie pour les afficher dans la rue, dans les soirées. C’est clair, les Dogs, feu Dominique Laboubé ont avec Dynamite Shakers, leur descendant première classe. Avec Dynamite Shakers, le « rock d’ici » (feu, nom de la rubrique de Philippe Lacoche dans le mensuel Best) chanté en anglais se porte bien, oui très bien !

https://dynamiteshakers.wordpress.com/

https://www.facebook.com/dynamiteshakers/




samedi 16 mars 2024

ORGÕNE "Chimera" (3 Palm Records) – 9 février 2024

Orgõne est un groupe soul funk de Los Angeles qui s’est formé à la fin des années 90. Sergio Rios (guitare, production) et Dan Hastie (synthétiseurs, clarinette, production) en sont les guides, car il y a beaucoup de musiciens, chanteurs et chanteuses (dont Fanny Franklin très présente les premières années du groupe) qui ont fait partie d’un des nombreux albums du groupe. Chimere, qui vient de sortir est leur 14ème album studio, et attention aucune fatigue, au contraire en 2024, Orgõne est plus groove que jamais. Dans la formation 2024, en plus des deux leaders, il y Sam Halterman (batterie, percussions), Dale Jennings (basse) et une flopée d’invités musiciens, chanteurs et chœurs.

L’album s’ouvre avec Halloween Dreams, un pur titre digne d’un générique de film d’action ou série TV 70’s. Le style de morceau que Quentin Tarantino n’hésiterait pas d’utiliser pour la B.O. d’un de ses films, tant la rythmique est funky et puissante. Elle donne à la fois l’action, le suspense, et le plaisir de faire une pause pour boire un Martini drink. Peut-être le meilleur morceau de l’album. Ensuite place à Lies and Game et la sensualité soul avec des voix et chœur à tomber. Tout le charme soul funk à la Curtis Mayfield est présent dans ce magnifique morceau à l’instrumentation exemplaire. Sa joue mec ! Basilick est un croisement entre Massive Attack et David Holmes, artistes des années 90 également fan de musique black qui pulse d’érotisme. Cette instrumentale école Lalo Schifrin est également un grand moment sonore. Peace For You revient au funk 70 avec sa rythmique et ses voix soul vintage. C’est bluffant, tant le son est à tomber. Orgõne sont des orfèvres dans l’art de faire perdurer ce qu’il y a de meilleur dans la musique black des années 70’s. Encore un instrumental à pleurer, tant Parasols convoque les Meters avec sa touche jazz cool avec une délicatesse évidente. Là aussi c’est du grand art. La face A de la version vinyle est un sans-faute, pour l’amateur de musique funk soul afro 70. 

Sergio Rios

Orgõne en 2024

La face B commence avec Zum Zum, un morceau qui tranche avec la face funk, car ici on est dans « l’africolor », musique traditionnel africaine avec des effets de studio. On pense à Manu Dibango. Le changement de style perturbe un peu. Sur ce morceau, le chant est tenu par Mermans Mosengo. Running Low lorgne vers le funk rock teinté de blues avec renfort de voix. Il ne manque que les cuivres, mais la rythmique tient la baraque solide face aux intempéries. Jamie Allenswoeth a une bonne voix, mit en valeur par les chœurs. Autre morceaux qui évoque les samples de David Holmes, mais ici ce sont de vrais instruments sur The Husk avec sa basse et son clavier qui nous tiennent en haleine. Ici l’ambiance suspense digne d’un film de casse (style Ocean’s Eleven) est au rendez-vous. Également un bel instrumental tout en ambiance, limite trip-hop. La fête s’achève avec Tuta Muisi (Dance Like Them), pour 6 minutes et 43 secondes d’afro beat porté par le chant de Mermans Morengo. Là également la rythmique, les percus sont à l’honneur. Au final, la face B est moins funky, plus afro que la face A, mais l’ensemble donne un bel album qui prend encore plus de saveur au fil des écoutes. La magnifique pochette est réalisée par Danny Fernandez. Son dessin ferait des merveilles sur un t-shirt. Elle illustre bien le titre de l’album, Chimere, une bête mythique à la tête de lion, au corps de chèvre et à la queue de serpent.

Enfin, à noter que dans la longue liste de ses productions, Sergio Rios a produit l'album Silver du trio féminin Say She She, mon coup de cœur de 2023. Il est également à la guitare avec ses musiciens. Autant dire que les filles sont bien entourées pour que leurs voix soit mise en valeur. Pour leurs concerts, elles sont accompagnées par les musiciens d’Orgõne, notamment le bassiste Dale Jennings et Dan Hastie aux claviers.

https://orgonemusic.bandcamp.com/album/chimera-2

https://orgonespace.com/

https://www.facebook.com/Orgone.Official/