Quand on voit de loin la pochette, on pourrait penser qu’il s’agit du disque d’un groupe de musique industrielle du style Death In June ou Laibach. En fait il n’en est rien, il s’agit du 2ème album du compositeur François Merlin. La pochette réalisé par Dylan Cozian, nous montre la photo du sergent Hans Schultz interprété par l’acteur autrichien John Banner dans la célèbre série sixties américaine Papa Schultz. Sur la pochette, les yeux de l’acteur sont remplacés par les yeux de Bashful, personnage du dessin animé Blanche-Neige et les Sept Nains de Walt Disney (1938). Ce visuel rétro est lié à la perte des deux grands-pères -André et Roland, morts en l’espace d’une semaine-, de François Merlin. Ils ont dû voir Blanche-Neige au cinéma et le personnage du sergent Hans Schultz doit représenter l’occupation de Allemagne nazi pendant la seconde guerre mondiale ou une vieille série télé de l’époque ORTF, même si pour le cas de Papa Schultz qui date du milieu des années 60, elle n’a été diffusée à la télé française qu’au milieu des années 80 sur Canal+. Titré Les Magnifiques, ce 2ème album de François Merlin est donc un hommage intime à ses deux grands-pères et à une génération née pendant dans la période de la 2ème guerre mondiale. En espérant qu’il n’y est pas une troisième avec le climat géo politique actuel.
Photo @ François Dourlen
Le multi instrumentiste François Merlin, a composé, arrangé les morceaux chez lui et produit l’album au studio Near Deaf Expérience avec Éric Cervera (ex Hoa Queen, excellent groupe breton qui n’a publié qu’un album) et Sébastien Lorho (la liste des disques qu’il a produit donne le vertige). Pour l’enregistrement des morceaux/instrumentaux, il est accompagné de nombreux musiciens et voix, donnant ainsi aux morceaux, une dimension orchestrale, théâtrale, entre une B.O. de film et la musique pour un spectacle de danse, de théâtre de marionnettes, cirque/cabaret de poche où manège de fête foraine. De par l’hommage, lié à un passé révolu (à l’époque il n’y avait pas les réseaux sociaux -sociaux ?-, les téléphones portables avec moult applications -bientôt pour ouvrir n’importe quelle porte ou acheter une pomme, il faudra avoir installé une application sur son téléphone -téléphone ?- portable, en espérant qu’il n’y a pas de panne de batterie au moment du geste), il y a beaucoup de mélancolie, de spleen à travers les morceaux, sans pour autant tomber dans la dépression, ouf. Quelque collages sonores nous ramène à l’époque de la radio RTF, l’évocation d’images en noir et blanc d’un film des années 50 ou 60, comme Persona de Ingmar Bergman (1966), qui fait le lien avec le premier album de François Merlin, tout simplement titré Persona (2018). L’introduction (Le métronome de Fantômas) de l’album Les Magnifiques utilise des sons de la fin du morceau éponyme de l’album Persona. Pour rester dans les liens avec un mot, dans le fanzine Persona n°7, hiver 2019, il y a une interview de François Merlin réalisée par Frédéric Lemaitre.
Pochette de l’album Persona (Auto-production) - 2018
De par la richesse de l’instrumentation en mode analogique (piano, vibraphone, violons, percussions, synthétiseurs -Moog, Korg, Farfila, harmonium-, clarinettes, flûte, cors, mandoline, guitares acoustiques et électriques, basse…), des voix "angéliques", une acoustique sonore à tomber, c’est clair, ici on est dans l’exigence d’un compositeur de la trempe de John Barry, Jean-Claude Vannier, Angelo Badalamenti et dans la famille d’artistes comme Pierre-Daven Keller, Fred Pallem, Air, Pascal Comelade, Sixteen Horsepower/David Eugene Edwards et Pink Floyd. Allez, assez écrit, le mieux est que vous écoutez ce second album qui est justement "magnifiques", au pluriel, en espérant que Roland et André entendent tout la haut ce que leur petit fils à composer pour eux. Pour clore la chronique, à noter, pour le fétichiste du vinyle, le dernier morceau de l’album, Redoutable Turandot ne s’achève qu’une fois que vous avez levez le bras de la platine disque. Le dernier sillon tourne en boucle (1).
(1): Il doit sûrement avoir des collectionneurs de ce type de disques. From Here To Infinity, premier album
solo de Lee Ranaldo (ex Sonic Youth) -1987- ne contient que des
morceaux qui finissent en boucle. A la fin de chaque morceau, il faut relever
le bras de la platine. Ainsi les 40 secondes de chaque titre (la durée moyenne officiel) peuvent
durer à votre convenance et patience d'un son qui tourne en boucle, comme la goutte d'eau dans un évier.
https://francoismerlin.bandcamp.com/album/les-magnifiques
https://www.facebook.com/fran.merlin
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