Dans les yeux d’Iris est la première publication du label parisien Corps Double géré par le duo Adrien Belkout et Brice Isaac. Par contre c’est le 9ème long/demi format du dandy canadien de Montréal (et non pas italien) -installé à Paris depuis février 2019- Bernardino Femminielli. Le mot "Femminielli" désigne dans la tradition napolitaine, les transgenres efféminés, à ne pas confondre avec "les folles". Le port de la moustache (à la Giorgio Moroder), quelques poses suggestives confirment que le choix de ce nom n’est pas anodin, cela fait partie du "personnage". Pour faire court, Bernardino Femminielli est pour les canadiens, ce que Sébastien Tellier est pour nous, soit un chanteur doué qui n’hésite pas à faire cohabiter "chanson populaire" avec composition arty et branchée. A ne pas mélanger avec le côté drôle, fou du roi de Philippe Katerine, qui n’est pas au programme de la musique de Bernardino Femminielli. Image toujours, il est en couverture du nouveau n°(42) de Gonzai spécial "Voiture et pop culture". Au volant d’une voiture rétro 70 ou 80, il a fière allure pour partir en mission telle le policier Frank Serpico pour chasser le délinquant.
Quand on écoute la musique, le phrasé parlé de Bernardino Femminielli, deux autres noms viennent à l’esprit, Serge Gainsbourg et le compositeur et arrangeur Jean-Claude Vannier, mais aussi Alain Goraguer. Rajoutons le tube Elle et moi de Max Berlin (frère de Cerrone), un peu d’italo disco et la coupe est pleine. La musique de notre dandy est très cinématographique, ambiance films des années 70, début 80, à résonance érotique. Ses titres sont explicite : L’amour avec moi (l’album Exil -Past 0-), Gluantes Pornographies, Boys Trottoir (l’album Plaisirs Américains), Auto-stoppeuses (l’album Shanghai, c’est beau), Vortex sexuelle (l’album Carte blanche au désir), le single Café petite chatte. Oui le sexe est un sujet qui donne de la matière aux compos (texte et musique) de Bernardino Femminielli.
Dans les yeux d’Iris, est un projet à part, un pas de coter dans sa carrière, car ici Bernardino Femminielli est "seulement" interprète. Les textes sont de Brice Isaac et la musique de Brad Cerini, soit l’entité artistique d’Adrien et Brice du label Corps Double. Brice et Adrien ont taillés dans de la soie, les textes et la musique de ce concept mini-album, pour que notre crooner/dandy de la nuit soit dans son élément, avec une musique cinématographique (ici l’ombre de Melody Nelson de Gainsbourg/Vannier, du Beau Bizarre et La Route de Sanina de Christophe sont dans le paysage sonore) en noir et blanc qui se reflète dans les yeux d’Iris. Ce concept album, raconte les « tourments d’une lycéennes amoureuse trahie » soit du pain bénie pour le phraser à fleur de peau de notre lover canadien. Les arrangements, mélodies, ambiances des compos sont d’une profondeur harmonieuse à avoir des frissons dans le dos. En prime, l’aspect mélancolique de la musique (avec le jeu piano, violon), donne une sensation de présence troublante. A noter que le mastering est réalisé par Alex Gopher. Si vous êtes amateur de B.O de films des années 70, esprit Francis Lai, Alessandro Alessandroni et la pop 70 stylé Serge Gainsbourg, Gérard Manset, Claude-Michel Schönberg, le disque Dans les yeux d’Iris va accompagner chaleureusement vos prochaines nuits d’hiver.
https://bradcerini.bandcamp.com/track/fait-divers
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