samedi 10 septembre 2022

TAXI GIRL "Paris" (Virgin France) – 1984


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°28

Je suis à mon 28ème disque culte (et oui mon sac devient lourd) et je me rends compte qu'il n'y a que le premier album de Miss Kittin & The Hacker. Ce qui est injuste, vu la qualité de bons disques côté rock indé, électro et chansons stylées. Pour réparer ce manque, je poursuit ma sélection avec, non pas avec un album, mais avec le single et EP Paris du groupe Taxi Girl, devenu duo depuis Quelqu'un comme toi (1983). J’aurais pu prendre le single et EP avec le tube Cherchez le garçon sortie en 1980, un titre indémodable, surtout pour les 35-60 ans qui aiment danser sur ce morceau à chaque occasion festive, mais voilà, j’ai une affection toute particulière pour Paris. Notamment pour le phrasé parlé nonchalant, teinté de rap old school du « beau gosse » Daniel Darc qui signe son nom sous Vivianne Vog et la mélodie pop synthétique, sous un rythme dub concocté par Mirwais. Et surtout ces paroles qui restent accrochés aux lèvres, comme le baisé désiré et langoureux envers son être aimé :

Eh mec! , c'est Paris.
Tu m'entends ?
P-A-R-I-S, Paris.
Respires le bon air,
Mais fais gaffe quand même.
Tous les jours des mômes meurent
D'en avoir respiré un peu trop.
Alors fais attention et
Marches dans les rues, vas au hasard.
A n'importe quel coin de n'importe quelle rue,
Tu rencontreras n'importe quel type qui te proposera n'importe quoi.
Diamant, si tu en mets,
Mais prends-les dans tes mains
Et jettes-les par terre.
Tu verras,

Ils se brisent comme du verre.
C'est Paris.
A Paris, rien n'est pareil.
Tout a tellement changé,
Que ce n'est même plus une ville,
C'est juste une grande poubelle.
Et la poubelle est pleine depuis si longtemps,
Qu'il n'y a plus de place pour nos déchets à nous.
C'est Paris,
Et à Paris y'a rien à faire.
Juste marcher dans les rues.
Marcher dans les rues pendant qu'il fait jour,
Et attendre.
Attendre qu'il fasse un peu plus chaud,
Qu'il fasse un peu d'amour.
P-A-R-I-S, Paris.
On ne sait pas ce qu'on attend.

Mais ça n'a pas d'importance,
Parce que ça ne viendra pas.
C'est Paris 1984.
Hin ! belle année
Nos parents ? nos parents veulent l'Espagne.
Et qu'est-ce qu'il nous reste à nous ? le Liban ?
Oh, fait trop chaud là-bas.
Remarque, ici, il fait un peu froid.
Mais ça, aucun radiateur au monde n'y peut rien.
Il fait froid dans nos têtes,
C'est pas Tokyo, Londres ou New York ou Amsterdam,
Non, non, c'est Paris.
Et à Paris y'a rien à faire
Paris,
Ville de nos rêves.
La poubelle est pleine depuis si longtemps,

Qu'il n'y a plus de place pour nos déchets à nous.
Il reste rien à faire, juste marcher dans les rues.
Marcher dans les rues et attendre,
Qu'il fasse un peu plus chaud,
Qu'il fasse un peu plus jour,
Qu'il fasse un peu d'amour.
Oh, Paris, ville de nos rêves.
Que dira-tu demain quand tu seras seule, pourrie
Et ruines un peu partout ?
Tu sais comment j'écris ton nom ?
P-A-R-I-S.
Hé ! mec !
Mec, comment t'épelles Paris ?
Paris ? P-A-R-I-S.
Non, non, non, non, non,
Paris, ça s'épelle M-E-R-D-E.

Tu sais, tu devrais trouver quelqu'un
Qui remplisse ton cœur d'amour, ou de calmant.
Enfin de quelque chose
Parce qu'on arrive par erreur, par hasard,
Et trop tard.
Et la poubelle est pleine depuis si longtemps,
Qu'il n'y a plus de place pour nos déchets à nous.
C'est Paris.
Paris, ville de nos rêves.
Et à Paris y'a rien à faire,
Juste marcher dans les rues.
P-A-R-I-S.
Alors marche, et attends...
Attends...attends....

 

Quel beau texte ! En 1984, année de la sortie du morceau, je n’habite pas encore à Paris. J’habite un petit village dans les Cotes d’Armor en Bretagne. Mais mon départ pour la capitale approche avec en mars 1985, mon service militaire à Taverny en banlieue parisienne. Le morceau Paris à droit à un clip qui passe à la télé dans les émissions rock, tels que Les Enfants du rock et Platine 45 sur Antenne 2 et peut-être sur Décibels qui apparait en 1985 sur FR3. Certes Paris n’a pas eu le même succès de vente de disques que Cherchez le garçon (1980) et Aussi belle qu’une balle (1986), mais il a bien fonctionné sur les pistes de danse. Car sous un texte sombre, désenchanté qui parle de la drogue, de l’errance dans les rues grises de la capitale (comme la face réaliste du morceau pop ligne claire d'Allo le monde du groupe Ici Paris), la musique est quant à elle bien pop, lumineuse et entrainante. Quand Daniel Darc épèle les lettres de P-A-R-I-S, c’est juste trippant, surtout quand Paris devient M-E-R-D-E. C’est tellement trippant, qu’en 2022, Paris est encore plus crade que dans les années 80, avec aujourd’hui ses masques qui trainent sur les trottoirs, alors que les poubelles sont vides, que les trottinettes sont posées (jetées ?) ici et là au grès des destinations. De toute façon les emplacements pour trottinettes deviennent rapidement des tas à ferrailles, car dès un malheureux coup de vent, ils tombent par terre. Bon, je m’égare…, revenons à Paris, titre d’un excellent morceau de Taxi Girl. La version EP, permet d’avoir en face A, le morceau Paris sur 5.10mn au lieu des 4.30mn du single et en face B, la version dub également plus longue que sur le single et en bonus la version remix. Ce format club donne un plus au morceau, avec ses rajouts instrumentaux très clubbing. C’est un petit plus, pour prolonger le plaisir d’écouter Paris, ici, là ou ailleurs ! A oui, pour clore cette petit chronique, la photo de la pochette est signé Youri Lenquette, qui a fait partie du mensuel rock Best.


L’ami Viviane Morrison (ex Heliogable, ex MESSIN 3) et spécialiste du cinéaste Marcel Carné (1906-1996), a mis en ligne un enregistrement d’un concert de Taxi Girl, place de la Bastille, le 21 juin 1984 sur le podium de Radio 7 dans le cadre de la Fête de la musique et diffusé en direct sur Radio 7. Daniel Darc et Mirwais sont accompagnés d’Olive de Lili Drop et de Philippe Le Mongne (Taxi Girl, Lizzy Mercier Descloux, Bandolero, Juliette et les Indépendants) à la basse. La tracklist contient deux reprises, Knocking’ On Heaven’s Door de Bob Dylan, Be Bop a Lula de Gene Vincent et le morceau Paris dans une version punk étonnante qui déchire grave ! Rien que pour ce moment live, merci à Jack Lang d’avoir créé la Fête de la musique ! Cette version live est digne d’une performance de Suicide, feu Alan Vega et Martin Rev, toujours debout.


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