mercredi 28 avril 2021

SUICIDE "A Way Of Life" (Accord/Musidisc) – 13 décembre 1987


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°15

Je ne vais pas faire le malin, le meilleur album de Suicide est et restera à jamais leur premier album S/T sorti en 1977. A l’intérieur de ce disque fondateur, novateur il n'y a que des classiques, Ghost Rider, Rocket U.S.A., Cheree, Frankie Teardrop, Che. Qu’est-ce que je peux dire de plus sur cet album culte ? Des journalistes célèbres à ceux restés dans l’ombre des fanzines édité à 50 exemplaires, tous ont suffisamment décortiqué sur cet album culte qui a et continu d’inspirer des jeunes mélomanes de tous style musical.



En fait j’ai une tendresse toute particulière pour A Way Of Life, le 3ème album du duo. Déjà je l’ai acheté à sa sortie, en 1988. C’est d’ailleurs mon premier disque au format CD. Je me rappel très bien de ma surprise à l’écoute du son. Le gain digital sonne nettement plus métallique que celle analogique au contact du diamant sur les sillons du vinyle. Il n’y a  pas de craquements, pour le son calé au même volume, celui du CD est plus fort que celui du vinyle. Bref, je ne suis pas déçu de découvrir le son du CD.

 

Autre souvenir lier à cet album, c’est le passage de Suicide au Virgin Mégastore de Paris, le 12 avril 1989. C’était pour la réalisation d’une œuvre plastique par Alan Vega (c’est écris sur le flyer), mais, honte à moi, je n’ai aucun souvenir de cette œuvre, l’a-t-il réellement faite ? et pour une séance de dédicace, le motif de mon déplacement, j’avais apporté avec moi le CD. Idem, cinq jours plus tard, il y avait un concert de Suicide au Palace. Je ne sais plus pourquoi je ne suis pas allez, surement à cause de mon budget de mon statut de smicard, du moins à cette époque. Par contre je suis allé au concert de Complot Bronswick/Norma Loy le 12 avril à l’Elysée Montmartre, Slab !/The Grief le 17 avril au ciné Le Berry et le 19 avril Mudhoney (avec BB Doc en 1ère partie !) au Gibus. Le prix d’entrée de ces concerts était plus dans mon budget.


Nous sommes en 1988, la forme reste inchangé depuis la sortie du précédent album de Suicide, sortie en 1980, soit Alan Vega au chant, Martin Rev aux instruments synthétiques, électroniques et Ric Ocasek à la production. Avant cet album je n’avais pas percuté que Ric Ocasek avait produit le 2ème album et les albums solo d’Alan Vega à partir du magnifique Saturn Strip (1983). Pourtant Ric Ocasek est un artiste que j’aime depuis 1979, notamment son groupe The Cars que j’ai découverts chez un ami. Son frère avait les deux premiers albums du groupe. En 1982, je me suis acheté Beatitude, le premier album solo de Rick Ocasek, mais j’avais une préférence pour les Cars qui venait de sortir l’album limite FM Shake It Up. Bref, me rendre compte que deux univers musicaux aussi éloignés que Suicide, The Cars puissent avoir un point commun nommé Ric Ocasek est une surprise pour moi.

La forme reste inchangé, mais pas le son. Ici les nappes sont plus métalliques, plus électro. Je ne sais pas si la version vinyle a ce même rendu, mais en CD, la matière a un côté synthétique dans l’esprit d’Orchestral Manœuvres in the Dark période Organisation, avec par instant une touche dark, -surement un reste de la collaboration d’Alan Vega pour Andrew Eldritch (The Sisters Of Mercy) sur l’album Gift (1986) de The Sisterhood-, tout en restant unique grâce à la voix de vaudou d’Alan Vega branché sur les néons d’une discothèque. Ce mix me fait un peut penser à l’album Dark Continent de Wall Of Voodoo. Soit le bon alliage du rock, du blues avec les machines.


A Way Of Life contient de nombreuses perles. Wild In Blue annonce la couleur bleu nuit, pour danser, draguer, boire, fumer jusqu’au petit matin. Le tempo glacial et entêtant des machines de Martin Rev, porté par la voix nocturne d’Alan Vega est magnifique. Ce morceau composé en 1987, en avance sur son temps est annonciateur de ce que sera une partie de la techno de l’an 2000. The Hacker a dut avoir ce titre en tête, quand il écrit des tubes avec Miss Kittin. Ensuite, encore du lourd, avec la merveilleuse et mélancolique ballade Surrender (1) qui donne le blues. Ce morceau est un tube en puissance, du même calibre que Golden Brown des Stranglers. La réinterprétation du tube Jukebox Baby (1980), devenue Jukebox Baby 96 est aussi une bonne surprise. Ici le tempo est accéléré, plus électro. Une excellente version qui prend son effet sur la piste de danse. A noté que ce morceau tout en rythme est placé juste après la ballade Surrender. On reste dans le rythme avec l’obsèdent Rain Of Ruin qui colle à la peau, comme le latex. Ce morceau électrisant, « monotronik », possède une force érotique qui fait plaisir à entendre. C’est clair, à 50 et 41 ans Alan Vega et Martin Rev sont des jeunes gens modernes ! Sufferin ‘ In Vain est plus minimal, dans l’atmosphère d’une bande son d’un film de John Carpenter. Ça ressemble plus aux travaux en solo des deux compères new yorkais. Dans le titre Dominic Christ, il y a le nom du Christ, qu’on trouve dans l’œuvre plastique d’Alan Vega, avec ses croix lumineuses. Ce morceau a un côté chamanique, avec Alan Vega totalement en trance sur une musique minimale et répétitive. Love So Lovely est le morceau le plus faible de l’album, du moins pour Suicide, car dans l’absolu, ce morceau reste sympa à écouter. Deavastation et Heat Beat achèvent la machine « monotronik » qui tourne dans notre tête, avec le souffle humide d’Alan et les sons enivrants de la machine Martin. La grande classe !

Bref, on parle toujours du premier album de Suicide, mais n’oublions pas le troisième album qui possède son lot de morceaux intemporels. Oui, Alan Vega et Martin Rev sont des DIEU.


(1) Le label Sacred Bones Records vient d’exhumer des morceaux d’Alan Vega, restés dans les tiroirs avant qu'il ne parte dans un autre monde. Dans cet album titré Mutator (un bon titre pour résumer l’espace culturel actuel considéré comme « non essentiel »), il y a le morceau Samurai qui ressemble beaucoup à Surrender pour son atmosphère mélancolique, porté au souvenir, comme un au revoir en attendant un monde meilleur, qui s’achève avec un « goodbye » d’Alan. Ce morceau est magnifique. Par contre l’album est inégal, certains morceaux sont comme une ébauche, un extrait. Par contre la photo portrait de la pochette est magnifique.

https://www.discogs.com/fr/artist/31055-Suicide

https://www.facebook.com/ALANVEGAConversation

https://alanvega.bandcamp.com/album/mutator





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