lundi 19 avril 2021

ECHO AND THE BUNNYMEN "Heaven Up Here" (Korova/WEA) – 30 mai 1981


MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°14

Dans la liste des groupes Cold Wave époque 78-84, Echo And The Bunnymen est, et restera à jamais mon groupe préféré. Oui, parmi tous les autres excellents groupes de cette belle époque du rock anglais, tels que Joy Division, The Cure, The Sound, The Opposition, The Passions, The Teardrop Explodes, The Psychedelic Furs, j’avais une affection toute particulière pour Echo And The Bunnymen. J’ai découvert ce groupe en lisant les mensuels Best et Rock & Folk. Il y avait de courts articles sur eux, les albums étaient chroniqués. Dans les articles il y avait souvent une photo du groupe, où ils étaient habillés en militaire. J’aimais beaucoup leur style vestimentaire, avec leur tenue en surplus militaire qu’ils achetaient non pas pour avoir un look rock, mais parce que ces vêtements ne coutaient pas cher. Évidemment il y avait la personnalité d’Ian McCulloch, avec sa coupe de cheveux en pétard où en hérisson. Quand on a 15/16 ans, qu’on habite en pleine campagne, ce genre d’artiste fait rêver. Il est anglais, il habite Liverpool, il a une belle gueule, de l'égo et n’a pas sa langue dans sa poche, bref, difficile de résister à son charisme, même en voyant seulement une photo dans un article.

Photo du groupe sur la pochette intérieur © Brian Griffin

Bizarrement, le premier disque d’Echo que j’achète, sera Heaven Up Here, le 2ème album et non pas le premier nommé Crocodiles. Heaven Up Here fait partie des disques du mois dans Best (n°153 ou 154 ?). La chronique enflammé est signé Hervé Picard, le spécialiste New Wave et Hard Rock. Sa chronique me donne envie d’acheter le disque, ainsi que la pochette que je trouve magnifique. D’ailleurs à ce jour, elle fait toujours partie des pochettes d’albums que je préfère (1). La photo, réalisée sur une plage de la ville balnéaire de Porthcawl, au sud du Pays de Galles est signée Brian Griffin. Dans le livret du CD paru en 2003,  il est précisé que la photo a été prise lors d’un jour de congé pendant l’enregistrement de l’album qui s’est déroulé au Rockfield Studio près de Monmouth. Pour faire venir les goélands que l’on voit sur la pochette, ils ont utilisé des seaux de déchets. A l’intérieur de la pochette du disque, il y a une aussi photo en noir et blanc du groupe. J’aimais tellement cette photo, que j’ai acheté, je ne sais plus où, un sweat shirt avec ce visuel. Brian Griffin fera les pochettes des quatre premiers albums du groupe, Crocodiles (1980), Heaven Up Here (1981), Porcupine (1983), Ocean Rain (1984), donnant ainsi au groupe un visuel qui utilise les beautés de la nature terrestre.

Heaven Up Here est le seul album que j’ai acheté à quatre reprises au fil du temps. J’ai tellement et tellement écouté cet album, que le premier vinyle est devenue un feu de bois et la pochette s’est abimée. De plus dès la première écoute, à la 30ème seconde, quand le riff de guitare de Will Sergeant commence, mon vinyle saute. Ainsi pendant de nombreuses années, j’ai écouté l’excellent morceau Show Of Strength rayé. Malgré tout je l’ai gardé. Ensuite je l’ai acheté en CD, puis de nouveau en vinyle que j’ai trouvé neuf dans un vide grenier, et enfin encore en CD dans la version avec cinq titres bonus.


Quand on est ado, ce genre d’album fait son effet. Ce disque est leur plus sombre (cold), crépusculaire, malgré tout, sans tomber dans les méandres du mal être comme sur Pornography (1982) des Cure (2) . Car une rage, une déchirure, une étincelle, une mélancolie se propage tout au long des morceaux. Un rythme étonnant, avec en avant le jeu sec de la batterie et de la basse, des riffs de guitare à la fois clairs et nerveux et au-dessus des étoiles, la voix de velours totalement habité par son mentor. L’album commence fort avec l’entêtant Show Of Strength. La rythmique de la basse de Les Pattinson est magique et la voix d’Ian est splendide. L’osmose entre les quatre musiciens (McCulloch, Les Pattinson, De Frettas, Sergeant) est à tomber. Sur Over The Wall, c’est l’entré dans les profondeurs de ce que la cold wave peut faire de mieux. On se croirait dans le film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Film avec dans la bande son, le morceau The End des Doors, dont le groupe et son chanteur Jim Morrison sont une des influences marquantes de McCulloch. Autre morceau qui donne la chair de poule, c’est A Promise. Ce morceau est comme désespéré, comme une souffrance, un cri qui arrache le cœur. Le riff clair de la guitare de Will Sergeant fera école dans le style indé. Le morceau All My Colours (face B, 3ème morceau), avec son rythme de batterie, joué par le regretté Peter De Freitas, mort trop jeune à seulement 27 ans dans un accident de moto, vous prend au corps et au mental. Tout au long de l’album, le son est clair et éclatant. Malgré l’aspect, sombre et tendue, il se dégage de la joie, et une sorte de bien être enivrant. A la production il y a Hugh Jones, qui a déjà collaboré avec le groupe en tant qu’ingénieur du son sur l’album Crocodiles. En 1981-82, ce producteur a déjà d’excellents albums et singles dans son CV: Popcorn Beat Rhythm News d’Essential Logic, From The Lions Mouth de The Sound, After The Snow de Modern English, Strawberries des Damned, Julie Ocean d’Undertones, Spirit de Bauhaus…et tout au long des années 80 et 90, son CV ne fera que s’ étoffer avec d’excellents albums (Manic Pop Thrill de That Petrol Emotion, The Big Heat de Stan Ridgway, All Fools Day de The Saints, The Falling de Carmel, Joy 1967-1990 d’Ultra Vivid Scene…).


Évidemment après avoir usé les sillons du vinyle d’Heaven Up Here, je me suis empressé d’acheter l’album Crocodiles, qui possède un son plus post punk. A partir de là, je vais acheter tous les albums d’Echo jusqu’au décevant Reverberation sortie en 1990. Par la suite, à part quelques morceaux sur Evergreen (1997), la musique d’Echo, (sans écho) n’arrivera pas à retrouver l’éclat des quatre premiers albums. 

Le 19 janvier 2012, je suis allez avec l’ami Jean-Michel Chesné au Bataclan voir leur concert qui reprenait dans l’ordre des titres, l’intégralité des albums Crocodiles et Heaven Up Here. Certes il ne restait plus que Ian McCulluch et Will Seargent de la formation original, mais qu’importe, pour le nostalgique, cette soirée fut un grand moment live. Aucun morceau n’avait pris une seule ride, tout est resté intact, notamment la voix de McCulloch qui fit des miracles au contact de notre écoute attentionnée. Là je vous ai évoqué le concert de 2012. Par contre je n'ai pas vu sur place le concert d'Echo And The Bunnymen au Festival Elixir à Saint-Pabu en Bretagne le 18 juillet 1982. Heureusement, mieux que rien, Alain Maleval dans son émission Mégahertz qui passait le samedi après midi sur TF1 (sic), avait diffusé quelques extraits de ce concert qui s'est déroulé dans l'après midi. A cette époque, TF1 était encore une chaine publique, et non pas une chaine de m... achetée par Bouygues.

Pour écrire cette chronique, l’album Heaven Up Here tourne en boucle sur ma platine. Nous sommes le 19 avril 2021, soit déjà bientôt 40 ans que l’album est sorti dans le commerce (le 30 mai 1981, soit le mois de l’élection d’un premier président socialiste français, mais ceci est un autre sujet), et c’est clair comme le ciel de la pochette, les 11 morceaux sont toujours aussi magnifiques et intemporels. Peut-être que le label a prévu une réédition de luxe pour cet anniversaire ? A suivre…

Nota du 23 novembre 2021 : Les albums Crocodiles, Heaven Up Here, Porcupine et Ocean Rain ont été réédités le 15 octobre 2021 en vinyle 180 grammes remastérisé par le la label Korova (distribution Warner/Elektra). Il n’y a aucun bonus, ni de notes de pochette supplémentaire.

Nota du 5 mars 2022: L’ami Mathieu David Blackbird (fanzine Persona) parle magnifiquement bien de l’album Heaven Up Here sur la radio Principe Actif :  http://un-prive-a-babylon.principeactif.net/podcasts/chapitre-425-lheure-de-liberte-de-mush-mat-une-balade-dans-liverpool

(1) Ici un article sur les pochettes vinyles : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/la-pochette-vinyle-une-oeuvre-dart.html

(2) Chronique de l’album Pornography des Cure ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/12/the-cure-pornography-fiction.html

https://www.bunnymen.com/




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