samedi 10 avril 2021

MEURTRES SOUS CONTROLE de Larry Cohen (Rimini Editions) – 18 mars 2021


 

Depuis mai 2019, Rimini Editions nous gâtes presque tous les mois avec la publication de films d’horreur des années 70 et 80 en combo DVD Blu-ray. Les films sont restaurés, les combos contiennent des bonus inédits et un livret de 24 pages écrit par Marc Toullec de Mad Movies. Juste quelques-uns des titres publiés : Le Bal de l’horreur de Paul Lynch,  Trauma de Dan Curtis, Terror Train de Roger Spottiswoode, Patrick de Richard Franklin, Harlequin de Simon Wincer, Virus Cannibale de Bruno Mattei, Mutations de Jack Cardiff

La nouvelle livraison est le film Meurtres sous Contrôle (God Told me To) que Larry Cohen a réalisé en 1976. Publié auparavant en DVD chez Bach Films, on peut dire que la version HD permet de redécouvrir ce magnifique film d’anticipation mais aussi thriller, complot SF.


 

Avant de parler du film, quelques mots sur le réalisateur Larry Cohen (1936-2019) qui a une étonnante filmographie. Avant de passer à la réalisation, il a été le scénariste du film Le Retour des sept réalisé en 1966 par Burt Kennedy, ce film est la suite des Sept Mercenaires de John Sturges (1960). A partir de 1960 il écrit des scénarios pour de nombreuses séries américaines qui n’ont pas traversés la manche. En 1967 il crée la série TV devenue culte Les Envahisseurs avec Roy Thinnes. Toujours pour la TV, il écrit des scénarios pour les séries Le Fugitif, Le Proscrit, Blue Light, Les Accusés. Autre gros morceaux, il écrit des scénarios pour quelques épisodes de Columbo (Exercice Fatal, Candidat au crime, Quand le vin est tiré). Toujours coté écriture, notons le western El Condor réalisé en 1970 par John Guillermin avec le duo de choc Jim Brown et Lee Van Cleef. C’est en 1972 qu’il réalise son premier film, Bones avec Yaphet Kotto qui vient de nous quitter le 15 mars dernier à 81 ans. En 1973 et 1974 il réalise deux films qui sont devenues des classiques de la blaxploitation, Black Caesar le Parrain de Harlem et la suite Casse dans la ville, deux films d’action avec le magnifique Fred Williamson. En 1974, changement de style avec là un classique de l’horreur, Le Monstre est Vivant et les suites Les Monstres sont toujours Vivants (1978) et La Vengeance des Monstres (1987). Parmi les autres films marquants, notons Snuff en 1985, Pacte avec un Tueur en 1987 et surtout la trilogie Maniac Cop qui a débuté en 1988. Voilà un aperçu de sa belle filmographie.


Et maintenant causons Meurtres sous Contrôle

Synopsis du film : Inspecteur de police et catholique, Peter Nicolas est appelé lorsqu’un tireur fait un carton dans les rues de New York sur une dizaine de passants. Il entame une brève conversation avec le tueur qui lui donne une raison toute simple pour expliquer son geste avant de se donner la mort. Le tueur lui dit : « Dieu m’a demandé de le faire ». L’histoire pourrait s’arrêter là sauf que Peter Nicolas se retrouve face à d’autres cas de meurtres à répétition où chacun des assassins donne la même raison.


Le film est réalisé avec un petit budget, malgré tout à l’image cela ne se voit pas, sauf pour deux inserts empruntés à la série TV Cosmos 1999, car les acteurs sont excellent, notamment Tony Lo Bianco (Peter Nicolas), qu’on a découverts dans le film Les Tueurs de la Lune de miel (The Honeymoon Killer) et revu dans French Connection, Serpico, Police Puissance 7. Ensuite le rythme du film est prenant, les images filmés à l’arrache dans les rues de New York donnent un grain de folie qui fait plaisir à voir, d’autant qu’aujourd’hui à cause des attentats, un réalisateur ne pourrais plus filmer ainsi. A la fin du film il y a un passage dans une salle de billard qui se passe dans le quartier de Harlem. Ce passage est très jouissif pour l’amateur du genre Blaxploitation. L’autre force du film est de mélanger avec talent, horreur, SF, thriller, polar urbain, anticipation, le tout avec l’atmosphère des films SF 70 (Soleil Vert, Silent Running, Rencontre du troisième type, Mondwest, Phase IV, Le Survivant). On est en immersion totale dans le suivi de l’enquête de l’inspecteur Peter Nicolas et ses croyances. La musique qui devait être composé par Bernard Hermann, mais il meurt juste avant le début du tournage, sera composé par Frank Cordell. Sa partition est un élément important pour justement notre immersion dans la folie des hommes avec comme excuse « Dieu m’a demandé de le faire ».


Le film est produit par Roger Corman et sort en novembre 1976 aux États-Unis. Mais Roger Corman n’a pas compris le film, il va se planter dans la campagne de pub. Explication de Larry Cohen : « Plutôt que de le présenter comme un film d’horreur, ou un thriller, il a cru bon l’exploiter sous l’angle de la controverse. Sur les affiches placardées dans certaines villes était écrit "Le film que tous les responsables religieux déconseillent formellement à leurs fidèles !". Roger Corman jouait la provocation, annonçait clairement aux spectateurs potentiels qu’ils pourraient être choqués par ce qu’ils allaient voir ». (Extrait page 20 du livret). D’autant que le film est sorti au début de son exploitation au Texas, soit une région très religieuse. Comme c’est le bide, le film ressort sous le titre Demon, mais pas plus de succès.


Malgré que Meurtre sous Contrôle ai reçu en 1977 le Prix spécial du jury d’Avoriaz avec comme président Steven Spielberg, le film ne sort sur les écrans français qu’en juillet 1979, soit le pire mois de l’année pour être à l’affiche sur les écrans, ainsi le film ne rencontre pas de succès. C’est au fil du temps qu’il va devenir un classique 70 du film d’anticipation, grâce à sa diffusion dans les festivals, aux chaines du câble et aux marchés de la vidéo. Ce n’est que justice, car Meurtres  sous Contrôle mérite d’être vu par le plus grand nombre de spectateurs.


Avec cette édition en HD, c’est une nouvelle étape pour (re)découvrir « L’un des films d’horreur les plus troublants et inoubliables des années 70. » (Rolling Stone)

En bonus, il y a un documentaire qui revient sur la filmographie de Larry Cohen, une discussion de Larry Cohen avec le public lors d’une diffusion du film dans une salle de cinéma. On peut noter que Larry Cohen a beaucoup d’humour et de la répartie. Enfin une interview de Tony Lo Bianco et Steve Neil responsable des effets spéciaux.


 

https://www.facebook.com/rimini.editions/


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire