Vendetta Dal Futuro, titré en français par Atomic Cyborg est un film que l’italien Sergio Martino a réalisé en 1985 sous le pseudo de Martin Dolman et sortie en salles en 1986. Ce film fait partie de la vague Post Nuke italienne qui a déferlé lors des années 80 sur les écrans de cinéma, suite aux succès de Mad Max 2 : Le défi (George Miller-1981-), New York 1997 (John Carpenter-1981-) et Blade Runner (Ridley Scott-1982-), sans oublier l’original pour le look des machines de La Course à la mort de l’an 2000 de Roger Corman (1975) avec David Carradine et Silvester Stallone, qui n’a pas encore incarné Rocky Balboa à l’écran. Depuis le péplum et le western, les cinéastes italiens profitent des succès aux box-offices, pour créer leurs visions du genre, souvent avec inspirations, notamment pour le western (spaghetti), le thriller horrifique (giallo) et le polar urbain (poliziottesco). En ce qui concerne le genre post apocalypse/post-no-nuke (1), c’est plus discutable, il y a à boire et à manger. Déjà les titres nous mettent sur la piste pas très fréquentable : Les Rats de Manhattan de Bruno Mattei/Vincent Dawn, 2019 Après la Chute de New York de Sergio Martino/Martin Dolman, Les Nouveaux Barbares et Les Guerriers du Bronx d’Enzo G. Castellari, Les Prédateurs du Futur de Joe D’Amato, 2072 Les Mercenaires du Futur de Lucio Fulci, Les Exterminateurs de l’an 3000 de Giuliano Carmineo, Le Chevalier du monde perdu de David Worth et tant d’autres films, dont Atomic Cyborg de Sergio Martino avec en prime une touche du film Terminator de James Cameron qui a pulvérisé les box-offices en 1984. En tant que bon artisan du cinéma bis italien, autant bien profiter des films à succès pour y puiser des idées, une des spécialités de Sergio Martino. Il a touché au mondo, au western, au giallo, au polar, à l’horreur, film avec des grosses bébêtes (dont le film culte Le Continent des Hommes Poissons), à la comédie sexy (Les Zizis Baladeurs en 1980 -quel titre !-) et au post-nuke avec les honneurs du travail bien fait, malgré le manque de budget.
Atomic Cyborg est sorti en France le 26 mars 1986. La première
semaine, le film sera diffusé dans 22 salles de cinéma. Après plusieurs
semaines sur les écrans, le film comptabilise 367 979 entrées sur l’ensemble du
territoire. Pas mal pour un petit film. Il faut malgré tout préciser que le
film a un atout « attrape client », c’est l’affiche qui tape bien à
l’œil. Elle a été réalisée par Renato
Casaro, l’illustrateur des affiches
de Rambo, Running Man avec Schwarzenegger,
Le Professionnel avec Belmondo … Vu le style de film, il
était normal qu’il connaisse une seconde vie dans les vidéo clubs avec la
publication de deux VHS éditées par Vidéo
International et René Chateau. Bizarrement
il n’y a pas eu d’édition DVD avant 2020. C’est Pulse Video qui l’édite en combo Blu-ray/DVD dans sa collection Atomic Future consacré aux films du genre no-nuke. Le combo contient le film numérisé en 4K, plus
la version française VHS pour le fan hardcore, une interview d’une heure de Sergio Martino et des bandes annonces. (https://www.facebook.com/atomicfuture/)
Synopsie du film : "En 1997 au Nouveau-Mexique. Le professeur Mosley, l'un des plus importants dénonciateurs de la pollution atmosphérique, se bat pour empêcher la construction de nouvelles structures dans des quartiers surpeuplés. Turner, riche industriel, fait appel à des hommes de la pègre pour se débarrasser de lui. Mosley est placé sous la protection de la police, mais Paco Queruak, un cyborg dont les organes humains ont été remplacés à 70 % par de l'électronique après un accident, parvient à le blesser. Turner, furieux qu'il ait raté sa cible, ordonne d'éliminer Paco. Traqué, celui-ci retourne vers son pays natal, l’Arizona, et s'installe dans le motel de Linda…".
Atomic Cyborg n’est évidemment pas un film d’auteur, mais un film de commande (= des producteurs assoiffés par les billets verts) pour surfer sur le succès de Terminator. L’acteur principal Daniel Green est certes inexpressif, par contre il est bien charpenté et joue son rôle correctement. De l’action, de l’action et encore de l’action, avec des gros bras de rednecks, des gros camions, des explosions, un joli combat avec une femme cyborg, le tout sans tomber dans le bourrin neuneu. Oui, le film se laisse regarder avec plaisir, encore mieux avec des potes, pour ainsi mettre au repos notre cerveau fatigué après une longue journée au travail. A noter la présence dans un second rôle de l’acteur américain John Saxon (1936-2020), qu’on a vu dans de nombreuses séries TV (Au cœur du temps, Le Sixième Sens, Kung Fu, Les Rues de San-Francisco, L’homme de fer…) et au cinéma (L’homme de la Sierra de Sidney J. Furie, Une Poignée de Plombs de Don Siegel, La Fille qui en savait Trop de Mario Bava, Les Griffes de la Nuit de Wes Craven…).
En fait la raison première qui m’a amener à écrire cette chronique, ce n’est pas le film, mais la bande originale du film, qui vient d’être édité pour la première fois en vinyle sur le label italien Rustblade Records. Elle a été composée par Claudio Simonetti. Ce compositeur italien a fait partie du groupe Goblin. Je ne vais pas faire l’affront de vous présenter ce groupe culte italien, juste qu’ils ont entre-autre composées les plus belles BO de films de Dario Argento (Les Frissons de l’Angoisse, Suspiria, Phénomena) mais aussi Zombi de Romero, Patrick de Richard Franklin. En solo, Claudio Simonetti a également composé quelques BO (Ténèbres et Cart Player de Dario Argento, Démons de Lamberto Bava, Les Nouveaux Barbares d'Enzo G. Castellari).
Comme John Carpenter, Giorgio Moroder, Guido & Maurizio De Angelis, Fabio Frizzi, Edgar Froese (Tangerine Dream), Vangelis, Claudio Simonetti utilise les synthétiseurs comme instruments de musique et le home studio comme un laboratoire expérimental où peut surgir le miracle à tout instant. De pars les instruments, le son de Claudio Simonetti est synthétique et non pas acoustique. Comme il est seul à bord, on sent qu’il s’éclate à construire des nappes sonores, des ambiances urbaines entre rues « coupe gorge » et échappé sur le bitume au volant d’un bolide customisé. Pour en venir à la BO d’Atomic Cyborg, comme le film a été réalisé en 1985, on sent immédiatement le son des synthés de cette époque new wave et synth wave, avec une touche jeu vidéo. Ici la musique est moins originale/étonnante que les classiques Suspiria et Profondo Rosso, malgré tout le son Goblin est bien présent. Par contre il faudra être indulgent envers certains passages un peu kitsch, épiques et « plan plan ». Dans ce style de BO, il y a de vrais morceaux et d’autres qui entrent dans la catégorie « remplissage » pour le coté intro, extrait d’un morceau pas fini. Malgré tout pour l’amateur du son Goblin passé au radar des années 80, il y a des quoi trouver son bonheur à l’intérieur des 16 « compos » originaux qui voient pour la première le jour sur un support physique.
Oui, à noter qu’avant la publication de ce vinyle, il n’y avait eu que cinq morceaux publiés en 1986 sur un album compilation (Emergency Music Italy Srl) au côté de deux autres films, Morirai A Mezzanotte de Lamberto Bava et Conquest de Lucio Fulci.
C’est pour le 35ème anniversaire de la sortie du film, que le label Rustblade Records édite deux versions côté packaging de la BO. Une version de luxe à seulement 49 exemplaires (sic !) et une version limité à 499 exemplaires (re-sic !). Le vinyle, couleur orange pour le luxe, gris pour l’édition limité, contient en bonus un « poster » au format A4, par contre dommage qu’il n’y est pas un insert avec des infos sur la musique du film, voir une interview de Claudio Simonetti pour nous évoquer la composition de la BO. Bonne écoute !
(1) Les films post apocalypse, no-nuke vous interpelles ? Pour presque tout savoir sur ce cinéma de genre, je vous recommande la lecture du livre Retour vers les futurs de Claude Gaillard publié en 2019 aux éditions Omaké Books.
https://rustblade.bandcamp.com/album/hands-of-steel-vendetta-dal-futuro-soundtrack
http://www.rustblade.com/product/hands-of-steel-vendetta-dal-futuro-preorder-out-21-february/
https://pulsestore.net/produit/atomic-cyborg-encombo-blu-ray-dvd/
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