Tous les groupes qui ont apporté une valeur rajouté à la pop culture, ont droit aux publications non officielles, soit des produits dérivés (disque, T-shirt, poster, livre…) qui ne leurs rapporte pas un centime. Si certains margoulins sans scrupules font des « produits » disons de merde, sans aucun respect envers l’artiste et son public, en espérant plumer le maximum de badauds en peu de temps avec des disques au son pitoyable, inaudible, un packaging qui pue la contrefaçon, d’autres éditeurs fan de l’artiste arrivent à publier un disque avec un son correct, des morceaux en versions inédits, le tout dans une belle pochette. Ces éditeurs savent qu’en demandant la permission à l’artiste, au label à l’ayant droit, soit cela va couter une fortune, soit la publication sera refusé sans aucun moyen de discuter pour arriver à un accord. Ainsi, tel des messagers, ces éditeurs sans nom, ni adresse pressent des albums destiné aux fans assoiffés d’écouter les perles rares qui n’auraient jamais vu le jour sur une platine disque.
Pour cette petite chronique, j’ai choisi de vous présenter une sélection d’albums non officiels du groupe Kraftwerk. Le point commun de tous ses disques est le soin apporté au pressage, le son est très correct, voir excellent, les versions des morceaux sont différentes des versions officielles.
Live In Koeln Sartory Saal, March 22nd, 1975
Ce live « pirate » contient 3 morceaux, Autobahn, Ruckzuck et Kometenmelodie. Ce live a connu plusieurs versions non officielles, mais celui de 2018 possède un excellent pressage et une belle pochette. Lors de sa sortie, on le trouvait facilement chez les disquaires. Les versions des morceaux sont très intéressantes, avec ici et là d’autres sons et mélodies électroniques, notamment ce rythme monotronic qui va inspirer de nombreux futurs musiciens électro. Les versions studio d’Autobahn et Kometenmelodie sont publiés sur l’album Autobahn (1974) produit par Conny Plank et la version studio de Ruckzuck a été publié sur le premier album Kraftwerk (1970), album qui ne fait pas partie du « catalogue », rendant ainsi « non officiel » toutes les publications de cet album studio.
Frankfurt, West Germany, January 25,1974. Radio Broadcast
Ici, même pas peur, avec carrément l’impression des logos des labels Philips et Kling Klan. La rondelle du vinyle a droit a une imitation des vinyles Philips et en prime le logo du "pylone" rouge qui est dessiné sur la pochette du premier album de Kraftwerk. Mais voilà, si on est amateur de la première période plus expérimental de Kraftwerk, cet enregistrement radio est une petite perle sonore, et surtout le témoignage d’une époque d’avant Autobahn. Les 6 morceaux de l’album interprétés pour cette séance radio proviennent des 3 premiers albums, Kraftwerk 1 et 2, Ralf & Florian et le single Kohoutek-Kometenmelodie dans une belle version longue de près de 15 minutes, qui montre la couleur krautrock ambient du groupe, style musical qui se fera plus rare par la suite. Le son est magnifique et les versions sont à tomber. Voilà le style de disque non officiel, qui apporte un plus musical pour l’amateur du groupe. Avec cet enregistrement radio, on se rend bien compte que les musiciens de Kraftwerk sont des pionniers dans l’art musical à base d’électronique. Par contre si vous rechercher le tube mélodique et dansant style The Model, ce n’est pas ici que vous allez le trouver.
Soest Live
Pour cet enregistrement, il existe de nombreuses versions en vinyle, CD et DVD. La dernière en date est sortie en juillet 2020 en édition numéroté vinyle jaune sur le label italien Inner Space, qui a aussi réédité sans l’accord du groupe l’album Tone Float d’Organisation, la première formation d’Half et Florian avant qu’ils ne crées Kraftwerk. A noter que sur l’album il y a une adresse internet (www.odmcy.com) qui compile des labels qui ne publient que des bootleg d’artistes rock. Soest Live a été enregistré lors du Soest’s Winter Festival en Allemagne en novembre 1970. Ce concert a été diffusé à la télévision sur la chaine publique allemande WDR. Krafwerk vient à peine de publier son premier album studio, cet enregistrement reprend les 4 morceaux de l’album dans des versions différentes. Ce qui est logique, vu que les trois musiciens du groupe (Florian Scheinder, Ralf Hutter, Klaus Dinger) sont des explorateurs du son et des performeurs avant-gardiste. Ici la musique est perchée, trans mental et allumée. En 1970, Klaus Dinger n’avais pas encore créé avec Michael Rother le duo NEU !. Ce live est un témoignage précieux des premiers pas de Kraftwerk, qui joue a cette époque, du vibraphone, de la flute et du violon. Il est clair, qu’en 1970, Kraftwerk était un groupe de musique expérimentale et d’improvisation, limite free. On pense à Can. Il faudra attendre quelques années pour danser avec eux sur les autoroutes allemandes !
Live Paris 76 & Ultrecht 81
Radio Looploop a publié près d’une cinquantaine de bootleg d’artistes mainstream et vendeurs. Ils ne sont pas là pour repérer les groupes émergeant, mais plutôt pour se frotter les mains avec les groupes rock des années 70. Ce live avait été publié en 2001 sous une autre pochette, nettement moins accrocheuse que celui-ci. Le live in Paris est en fait un enregistrement radio réalisé avant le passage du groupe à l’Olympia le 28 février 1976. La voix du présentateur radio est apparemment de Claude Villers sur France Inter. Sachant qu’il a fait partie de l’équipe Pop-Club de José Artur, autant dire qu’il connait un rayon sur la « bonne » musique. Avec une face Paris 76 et une face Utrecht 81, soit un espace de 5 ans avec la publication de trois albums majeurs, Trans Europe Express (1977), Man Machine (1978), Computer World (1981), la conception de ce vinyle est bizarre. Coté Paris 76 il y a les morceaux Kometenmelodie Eins et Kometenmelodie Zwei, dont les originaux date d’Autobahn, et sur la face Utrecht 81 il y a les morceaux Nummern, Computerwelt, Metropolis, The Model, Computerliebe et Pocket Calculator, soit un mix des morceaux publiés sur Man Machine et surtout sur Computer World qui vient d’être publié lors de cette tournée de 1981. L’attrait de cet album est surtout intéressant pour l’enregistrement radio à Paris (joli témoignage sonore), ainsi que pour le visuel de la pochette qui montre les quatre membres de Kraftwerk avec leur chemise rouge et cravate noir du visuel iconique de Man Machine.
Oscillator
On finit notre petit tour d’horizon des albums qui apportent un plus aux albums officiels du groupe avec Oscillator, Non-album Tracks Compilation. Par contre désoler pour le portefeuille de Kraftwerk. C’est clair, cette compilation n’est pas là pour plaire au groupe, car elle reprend des remix, dub mix, des versions alternatives, le single Kohoutek (1973) devenu collector depuis sa sortie, la version française du morceau Showroom Dummies qui devient Les Mannequins. Notons aussi deux versions (allemand et italien) du morceau The Telephone Call dont l’original est sur l’album Electric Cafe (1986), et divers remix de morceaux extraits de l’album Computer World (1981). Au final cette compilation est très plaisante a écouter, de plus le son est nickel. Voilà, vous avez une petite liste pour vos prochains passages chez les disquaires, au rayon Kraftwerk, krautrock ou électro.
Chronique du concert de Kraftwerk à la Fondation Louis Vuitton ici: https://paskallarsen.blogspot.com/2020/05/kraftwerk-la-fondation-louis-vuitton.html
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