samedi 4 février 2023

GEINS’T NAIT + SCANNER + L. PETITGAND "OLA" (Ici d’ailleurs…/Alter K/L’Autre Distribution) – 3 février 2023

L’album OLA est la 6ème collaboration (mais 5ème pour la série Mind Travels) de Geins’t Naït avec Laurent Petitgand, grand frère de Dominique Petitgand qu’on retrouve sur les albums Fishes (1989), Yvone (1990), C/O Lisa (1993) de Geins’t Naït. Mais qui est Geins’t Naït ? Ce groupe de Nancy s’est formé vers 1982-83, avec en avant-poste Thierry Mérigout et Vincent Hachet qui a notamment produit l’unique album Purge On Urge -1986- du groupe OTO qui est entré dans la mémoire collective avec le tube Underground Anyway, dont la pochette est réalisé par… Thierry Mérigout. Geins’t Naït fait partie des piliers de la musique industrielle et expérimentale de la scène française des années 80. Ils ont signés sur le label Permis de Construire, qui a œuvré pour défendre ces groupes inconnus des magazines de rock (Best, Rock & Folk, Rock News, Gig…), mais prisés par les fanzines (Hello Happy Taxpayers, Out Of Nowhere, Espoirs Ephémères…). A cette époque, la scène industrielle française était très vive. Juste quelques noms : Pacific 231, Die Form, Nox, Le Syndicat, Vox Poluli !, Déficit des Années Antérieures, Zoviet France, Clair Obscur, Vivenza, Ptôse, Laurent Pernice, Von Magnet, Etant Donnés, Palo Alto. De 1986 à 1993, Geins’t Naït va publier de nombreux albums avec parfois des invités. Après une interruption de 18 années, Thierry Mérigout, en gardant le nom de Geins’t Naït refait surface avec l’album Si j’avais su, j’aurais rien dit réalisé avec Laurent Petitgand, publié en auto production sur Le Chant du Signe, qui n’en fut pas un, car c’est là que leur collaboration va se sceller grâce au label Ici d’ailleurs…, qui a signé en 1999… Dominique Petitgand. Ainsi en 2014, sort le magnifique album Je vous dit qui est le début d’une exploration musicale à l’ambiance cinématique. 

Quelques mots aussi au sujet de Laurent Petitgand. C’est un multi instrumentiste qui a travaillé pour le chorégraphe Angelin Preljocaj (De liqueurs de chair -1988-, Amer America -1990-), le réalisateur Wim Venders (Les Ailes du désir -1987-, Carnet de notes sur vêtements et villes -1989-), l’écrivain-réalisateur Paul Auster (The Inner life on Martin Frost -2007-), le réalisateur Florian Gallenberger (John Rabe -2009-). Il a aussi composé en 1991 pour Alain Bashung, le morceau Les Grands Voyageurs qu’on retrouve sur le magnifique album avec le tube titre, Osez Joséphine.

Un invité de marque vient compléter cette nouvelle collaboration entre Geins’t Naït et Laurent Petitgand, c’est l’artiste anglais Robin Rimbaud, connu sous le nom de Scanner. Depuis le début des années 90, Scanner a publié un nombre incalculable de disques, tant en solo, qu’avec des personnalités importantes du monde de la musique électro ambient. Au fil du temps, Scanner est devenu une figure majeure de la musique électronique. 

On en arrive à OLA. L’album contient 9 morceaux avec des titres mystérieux : MT-26, BRA, 370, BED, OLA, MOUCHE, MURPHENG, 95-MW et GILLES.2 (remix) qui est un hommage au philosophe Gilles Deleuze, qu’on retrouve régulièrement dans les travaux de Geins’t Naït. A noter, que Palo Alto a également rendu hommage à Gilles Deleuze dans son dernier album Différence and Competition (2021), comme quoi ce philosophe inspire le milieu de la musique électronique. A l’image des titres, la musique est ici à la fois mystérieuse, inquiétante, atmosphérique. On a l’impression de revenir aux sources de la musique expérimentale indus, école TG, Cabaret Voltaire, Coil, Nurse With Wound qui rencontre l’électro école Plaid, Autechre, Squarepusher, Pan Sonic, Plastikman. On est dans le collage sonore, l’ambient, la musique minimale et concrète. Ici le SON est la matière première. Quand une voix apparait, c’est pour percuter le son, comme le CRI d’Edvard Munch. A l’écoute de OLA, on voit des images en noir et blanc, époque cinéma expressionniste allemand ou soviétique avant-gardiste des années 20, défiler devant nous. La musique de nos trois artistes est ici en plusieurs étapes, avant que la bouilloire ne se mette en ébullition. Tentez cette belle expérience immersive !

Photos Geins't Nait avec Laurent Petitgand @ G. Didierjean

https://mindtravels.bandcamp.com/album/ola?label=1767220726&tab=music

https://icidailleurs.fr/artist/geinst-nait-l-petitgand/

https://www.facebook.com/geinstnaitpetitgand


ROSE CITY BAND présente "Chasing Rainbows", premier extrait de l’album "Garden Party" qui sortira le 21 avril 2023


Deux nouveautés en 2023 pour Rose City Band : un album qui s’annonce magnifique, avec la publication du premier extrait titré Chasing Rainbows et changement de visage pour Ripley Johnson qui s’est rasé sa longue et imposante barbe. Il a juste gardé une moustache, mettant ainsi en valeur son sourire qui lui donne la tête d’un musicien du groupe Supertramp. Si vous êtes un fidèle de mon blog, vous savez que j’aime beaucoup l’artiste Ripley Johnson, tant avec ses groupes Wooden Shjips, Moon Duo, et peut-être encore plus avec Rose City Band, dont Earth Trip était l’album n°1 de mon TOP 25 de 2021, et Summerlong était n°2 de mon TOP 25 de 2020.

Par contre, grosse déception coté concert. Au mois de mai 2023, Rose City Band sera en tournée européenne, mais pas une seule date en France. Surprenant d'autant que l'ami Ripley a toujours attiré du monde à Paris avec ses deux autres formations. Alors, je lève les bras au ciel, pour qu’un programmateur leur trouve quelques dates, du moins une à Paris. Je croise les doigts.


Ci-dessous, la traduction recto-verso du texte de présentation de l’album sur le Bandcamp de Rose City Band.

"Le rock country psychédélique de Rose City Band évoque les grands espaces de l’ouest américain et les esprits libres qui l’habitent. Le projet du guitariste et chanteur de renom Ripley Johnson, Rose City Band s’est étendu au-delà du studio et vit en tandem comme un ensemble live mettant en vedette certains des meilleurs joueurs de rock contemporain : le guitariste Barry Walker, le bassiste Dewey Mahood (alias Plankton Wat) et le batteur Dustin Dybvig. Garden Party est une célébration de l’été et tout ce qu’elle apporte : rassemblements communautaires, les répits offerts par la nature, et une appréciation pour même la beauté la plus simple, de 12-foot sunflowers à une carotte tordue plantée au printemps. La liberté, le contentement et la joie étaient les sources des chansons. Des solos de guitare aux rythmes de conduite, en passant par les élégantes lignes de pedal steel aux grooves d’orgue, Garden Party a l’énergie d’un groupe live capturée dans les moindres détails.

À sa création, Rose City Band s’est concentré sur ce que l’auteur-compositeur Johnson appelle la « porch music ». Enregistré en grande partie au Center for Sound, Light, and Color Therapy à Portland et mixé par John McEntire (Bastro, My Dad Is Dead, Seam, Gastr del Sol, Tortoise, The Sea and Cake), Garden Party met en guest des musicien de Moon Duo avec à la batterie John Jeffrey et Sanae Yamada aux des synthés, ainsi que Hasenberg aux claviers et Walker à la pedal steel. Avec les musiciens dans sa vie à l’esprit, le Ripley’s porch a ouvert pour chaque joueur à entrer. Bien qu’ils soient suivis principalement en solo, les enregistrements capturent les méandres d’un ensemble entièrement réalisé, et en un clin d’œil à des groupes comme le Grateful Dead, cela ne s’arrête pas là. « Les chansons ne seront pas vraiment finies tant qu’on ne les jouera pas sur la route », dit Johnson.


L’attitude insouciante de Garden Party est parsemée de tours subtils et de germes mélodiques qui poussent l’esprit vers la transe. L’interaction des guitares de Johnson et Walker est tout simplement radieuse. La piste d’ouverture Chasing Rainbows trouve les deux lignes coulant d’avant en arrière, se faufilant soigneusement l’une autour de l’autre avant de se baigner dans un bain de texture et de bruit. Slow Burn  enfonce le son cosmique caractéristique de Johnson dans les racines de la terre, tordant des phrases plus ancrées et des virages à la maison autour de la section rythmique. La gamme de Walker en tant que joueur à la pedal steel, est exposée partout avec des coups classiques dansant en tandem avec la voix de Johnson. La pièce maîtresse de l’album Porch Boogie a été écrite en pensant à l’ensemble live pendant que Johnson faisait l’une de ses promenades régulières, avec seulement des idées rythmiques donnant le rythme à un groove prolongé dans lequel le groupe pouvait s’étirer et se détendre. Les changements de ton et de sensation sur Mariposa et Moonlight Highway dans la transition vers El Rio sont révélateurs des directions expansives et inattendues dans lesquelles le Rose City Band est en mesure d’errer alors que les joueurs se suivent les uns les autres, des ballades tendres aux divagations folkloriques en passant par les riffs. Le grésillement de Moonlight Highway traduit l’énergie imprévisible et vivifiante des concerts du groupe sur la route en une chanson faite pour la danse, mouchetée de la lumière étoilée des voyages de nuit à travers le pays.

Comme toute grande musique, Garden Party puise dans le centre émotionnel de l’auditeur et l’emmène dans son endroit heureux – son endroit ensoleillé. L’album est une invitation à recalibrer, une balade joyeuse où les sons du groupe vous entourent et vous embrassent. Ripley le dit mieux : « J’aime toujours quand un album commence à un endroit et se termine à un autre. » Quel beau voyage."


https://rosecityband.bandcamp.com/album/garden-party

https://www.facebook.com/TheRoseCityBand/


vendredi 3 février 2023

ELODIE RAMA "Constellations" (10H10) – 3 février 2023


L’artiste d’origine martiniquaise Elodie Rama a pris son temps pour publier son premier album titré Constellations, mais le résultat en valait la chandelle, ici éclairé de son plus bel éclat. Avant la réalisation de cet album avec le producteur et compositeur DJ Atom (C2C, Soul Square), Elodie Rama a chantée pour de nombreux artistes, dont IAM sur l’album Rimes Essentielles (2021), sur  l’album Latin Quarter Part 2 (2022) du chanteur Akhenaton, Hocus Pocus, DJ Djel de Fonky Family, Sly Johnson. Elodie Rama est également une artiste visuelle (ses clip sont magnifiques), programmatrice radio et DJ. Avant ce premier album sous son nom, elle a publiée en 2013, l’EP Strange Island, lui permettant de prendre ses repaires en studio et de composer ses propres morceaux. Et sur Constellations, en résonnance avec les étoiles, elle est à 100% dans une bonne "vibes". Déjà le son, voix-musique est magnifique. On est ici, dans le style soul R&B downtempo, avec une touche de hip-hop. Pour l’ambiance feutrée, trip hop, on pense à Morcheeba, Fugges-Lauryn Hill. Les arrangements, mélodies glissent entre nos oreilles, comme un cadeau tombé du ciel. Les textes sont en anglais, français, espagnol et en créole, dont l’écrivain et poète martiniquais Édouard Glissant est une source d’inspiration pour Elodie Rama. Quelques invités sont venus ici pour accompagner Elodie Rama dans ce long format de 40 minutes stylés : Akhenaton, La Chica, Témé Tan, Patrick Chamoiseau. C’est clair, ce premier album porte bien son titre, car ici notre artiste a atteint la Constellation des étoiles, dont une, pourrait porter son nom !


https://elodierama.fr/

https://www.facebook.com/elodie.rama/

https://www.10h10-music.com/albums/elodie-rama-constellations-vinyle/