Faisons une petite pause des sorties nouveautés et rééditions, pour vous présenter un album qui n’a aucune actualité. C’est toujours cool de découvrir un disque en allant chez le disquaire. La boutique Listen !, Paris 11ème est pour ça une bonne adresse pour y trouver le bon disque d’occasion. Une fois de plus, en y allant « zoner » dans le rayonnage à vinyles, rangé par style (punk, B.O. de film, jazz, funk, disco, Rock US, français, imports japonais…), pour y trouver un disque sans idée précise, au hasard des arrivés, j’entends en fond sonore une bonne musique funk 70. Je demande au taulier du lieu, Thomas de qui il s’agit ? Il me montre la pochette, c’est l’album Magical Shepherd de Miroslav Vitous. Je n’en ai jamais entendu parler, et la pochette est juste ignoble. On y voit Miroslav Vitous pauser en vêtement à la Michel Polnareff avec une guitare double manche, c’est d’un goût ! Il y a juste un détail qui peut nous aiguiller sur le style de musique. Son regard est en direction d’une fenêtre qui montre le ciel étoilé, le cosmos. Le cosmos qu’on retrouve au verso de la pochette. En effet sa "cosmic" musique est un heureux mélange de funk bien groovy, de jazz/prog rock en fusion, de disco futuriste qui pulse, le tout avec un rythme à faire danser un sourd. On est bien au cœur des années 70 avec les instruments et l’acoustique de l’époque. Sur cet album solo, Miroslav Vitous n’est pas seul, il a une équipe de choc, en commencent par le maitre Herbie Hancock, présent sur cinq morceaux, le percussionniste brésilien Airto Moreira (Deodato, Astrud Gilberto, Miles Davies, Donald Byrd), le batteur de jazz Jack DeJohnette, et aux voix soul Cheryl Grainger et Onike. L’album commence très fort avec Basic Laws qui est un pur brulot de soul funk de prêt de 12 minutes. On est dans le style blaxploitation, The Temptations époque Masterpierce, Miles Davies époque Bitches Brew, avec ses riffs de guitares Fender Rhodes qui groove un max, ses effets cosmiques échappés des synthétiseurs 70, dont la Mini Moog, une basse inspirée bien en avant et ses voix black -is beautiful- féminines qui donnent des sueurs. Comment ce morceau est passé des radars de mes écoutes ? Le morceau suivant, New York City, plus jazz est également une bombe qui donne le tournis. Impossible de trouver les mots pour décrire ce rythme prenant de 9 minutes qui porte à la transe. Cette face A est juste parfaite ! La face B continu de nous faire voyager dans le cosmos de la black music au parfum sonore des années 70, avec une touche disco pour les voix, qui évoquent un peu Grace Jones. Que du caviar a ce mettre entre les oreilles. C’est clair, cet album avec la forte présence d’Herbie Hancock va rejoindre le meilleur des albums funk de justement Herbie Hancock, mais aussi Quincy Jones, Lonnie Liston Smith and the Cosmic Echoes, Donald Byrd/The Blackbyrd, Miles Davies, Sun ra, Funkadelic…
Pour compléter la chronique, voici brièvement la bio de Miroslav Vitous. Il est né en 1947 à Prague. Après avoir appris le violon à 6 ans, le piano à 10 ans, il apprend la basse à 14 ans. Ce sera avec la contrebasse son instrument de musique !
Étudiant au conservatoire de Prague, il forme le Junior Trio avec son frère et le pianiste Jan Hammer. En remportant le premier prix d’un concours international de musique à Vienne, Miroslav a eu l’occasion d’étudier aux États-Unis, au Berklee College of Music. C’est pendant cette période qu’il a été invité à jouer dans le groupe de Cannonball Adderley, mais il a refusé afin de terminer ses études à Berklee. À l’été 1967, Miroslav s’installe à New York pour s’impliquer dans la scène musicale. Il va jouer avec une foule de grands musiciens tels que Art Farmer, Freddie Hubbard, Bob Brookmeyer, Stan Getz, Herbie Mann, Miles Davis et Chick Corea. En 1971, avec le saxophoniste Wayne Shorter et le pianiste Joe Zawinul il crée le groupe de fusion Weather Report. Airto Moirera (percussions), Alphonse Mouzon (batterie), Joe Zawisul (synthés, piano) vont compléter le trio. Après quatre albums, Miroslav Vitous quitte en 1974 le Weather Report, pour poursuivre sa carrière solo qu’il a commencée en 1970 avec l’album Purple. Magical Shepherd est quant à lui son 4ème album solo. Pour la suite de sa carrière, je vous laisse lire la bio détaillé qui se trouve sur son site internet. Et surtout, si vous êtes amateurs de jazz/funk 70, et que vous ne connaissez pas cet album, n’hésitez pas à l’écouter au plus vite, vous risquez d’y être accros !
https://www.miroslavvitous.com/
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