Le label Now-Again Records de Los Angeles (spécialisé dans le soul & funk 60-70) vient de rééditer l’unique album du groupe new-yorkais Morgen. Sortie en 1969 sur Probe, une subdivision de ABC Records, l’album original est devenu un graal pour les amateurs de rock psychédélique teinté de hard/proto rock et de jazz sous acide. Depuis, il y a eu de nombreuses rééditions de l’album sur divers labels (dont le label français Replica Records), mais celui présenté par Now-Again Records est surement la version définitive. L’album, remastérisé avec soin, est complété de toutes les versions, mixes, alternatives, plus des inédits, soit 22 morceaux en plus des 7 originaux. La réédition existe en version double et triple vinyle + livret (mais il faudra débourser 50 euros mini) et triple CD (sans livret) pour les moins fortunés (20 euros). Pour de nombreux puristes du style psychédélique, cet album est LE DISQUE, l’ultime 33 tours à posséder.
Morgen est le projet du compositeur,
chanteur, guitariste, producteur Steve
Morgen. Il est accompagné des guitaristes Murray Shiffrin (également à la production de l’album) et Barry Stock, du bassiste Bobby Rizzo et du batteur Michael Ratti. Depuis tout petit, Steve Morgen chante pour son plaisir.
Après un essai à la batterie à l’âge de 6 ans, puis des cours de trompette à
l’école primaire, à l’adolescence il se met au piano et à la guitare. Pour en
venir à Morgen (qui a failli se nommer
Dream Spectrum), Steve rencontre les musiciens qui
allaient constituer le groupe par l’intermédiaire d’un ami batteur qu'il côtoie à l’université.
L’alchimie est telle, quel les répétitions se transforment rapidement en
morceaux de qualités. Ils se retrouvent à faire de nombreux concerts à New
York, dont à l’Electric Circus. Ce
sera lors d’un concert, qu’un ponte d’ABC les remarque et propose de les
signer. L’album est enregistré dans un ancien studio de Skitch Kenderson sur un
quatre pistes. Puis le remix et les ajouts ont été faits par un ingénieur d’ABC
dans un studio 16 pistes. Dans un premier temps il y a la publication d’un 45
tours deux titres (Of Dreams/She’s The Nitetime). Suite à divers
problèmes/incertitudes avec le label, la sortie de l’album traine et ne sera en
rayon qu’un an plus tard. L’accueil dans les médiats est très bon, avec de
nombreuses critiques positives et enflammé. Malgré tout, avec ce retard, et l’abondance
de drogue au sein du groupe, sa survie est fragile et inévitable. D’autant que Murray Shiffrin meurt suite à un
accident. Bref c’est un gâchis, car cet album est une petite bombe sonore dans
le paysage psyché rock. Les morceaux sont intenses, relevés de riffs coupants,
d’ambiances cosmiques, de voix habités. Quelque part entre Jimi Hendrix, The Who, Soft Machine, MC5 et The Doors les sept
morceaux originaux sont révolutionnaires et auraient pu être le point de départ
d’une longue carrière. D’autant que le leader Steve Morgen n’a pas réussi avec d’autres groupes ou en solo a
donner une suite digne à l’album. Ces projets sont restés à l’état de K7.
Pour clore cette chronique, un petit mot sur la pochette. Vous avez évidemment reconnu Le Cri (Skrik en VO) d’Edward Munch (1863-1944). C’est l’artiste préféré de Steve Morgen. Il a demandé l’autorisation au Musée d’Art Moderne de New York pour l’utiliser sur la pochette. L’autorisation a été accordée ! Pas sûr qu’aujourd’hui, un jeune groupe aurait ce même privilège. A noter qu’on retrouve aussi Le Cri sur le maxi Keen de That Petrol Emotion (1985). Pour les personnes qui sont passé au travers de cet album, ne rater pas le coche avec cette magnifique réédition. 52 ans plus tard, ce disque avec ce SON bien fin sixties reste moderne et novateur.
Steve Morgen
Pour écrire cette petite chronique, j’ai pioché des infos dans l’interview de Steve Morgen pour le site Psychedelic baby mag :https://www.psychedelicbabymag.com/2015/02/morgen-interview-with-steve-morgen.html
https://www.rappcats.com/morgen/
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