mercredi 24 mars 2021

FERNANDO DI LEO "La trilogie du milieu" (Elephant Films) – 16 mars 2021


 

"Les meilleurs thrillers italiens de tous les temps". L’accroche promotionnel est sans appel et provient de la bouche du meilleur commercial ciné de notre époque, l’incontournable Quentin Tarantino. Fan du film Passeport pour Deux Tueurs, Tarantino c’est inspiré du duo d’acteurs Henry Silva (Davis Catania), Woody Strode (Franck Webster) pour les personnages de Jules Winnfield (Samuel L. Jackson) et Vincent Vega (John Travolta) dans le film Pulp Fiction et pour la scène de striptease dans le film Boulevard de la Mort, la référence vient de Milan Calibre 9 avec dans le rôle de la stripteaseuse la belle Barbara Bouchet (également vue dans La longue nuit de l'exorcisme de Lucio Fulci).


En ce premier trimestre de l’année 2021, l’amateur du genre polar italien, nommé en VO Poliziottesco est gâté. Après la publication en DVD chez Actus Films de Société Anonyme Anti-crime de Stefano Vanzini (1972) et Opération K de Luigi Petrini (1977), le combo DVD/Blu-ray dans la collection Make My Day ! du film Le Témoin à Abattre d’Enzo G. Castellari (1973) et au mois de mai prochain Make My Day ! va publier le combo DVD/Blu-ray avec deux films, Le Conseiller d’Alberto De Martino (1973) et Napoli Spara ! de William Howkins (1977), de son côté Elephant Films vient de publier un coffret de trois films titré La trilogie du milieu. Elephant Films tel le mammifère qui écrase tout sur son passage n’a pas fait les choses à moitié. Le coffret contient trois films réalisé par Fernando Di Leo : Milan Calibre 9 (1972), Passeport Pour Deux Tueurs (1972) et Le Boss (1973). Les films ont été restaurés en HD et sont présentés en version intégrale non-censurée pour la version italienne sous-titré VF et en version française plus courte car dans les années 70, la censure française était très virulente. Sur ce sujet, je vous recommande le livre forma poche Censure-moi de Christophe Bier paru en 2000 chez L'esprit Frappeur. Quoi qu’il en soit, c’est bien de la part de l’éditeur de proposer les deux versions. Le coffret, disponible soit en DVD ou en Blu-ray contient aussi 3h30 de bonus avec de nombreuses interviews et présentations par les journalistes René Marx (L’Avant Scène cinéma), Laurent Aknin (L’avant Scène Cinéma, livre Cinéma bis, 50 ans de cinéma de quartier) et un livret de 52 pages richement illustré, écrit par Alain Petit (20 ans de Western Européen, Jess Franco ou les Prospérités du Bis). Le tout emballé dans un boitier aux couleurs du drapeau Italien.


Le néo-polar italien a eu son heure de gloire pendant les années de plomb qui ont ravagé l’Italie pendant les années 70 avec de nombreux attentats terroristes d’extrême droite et de gauche. Juste quelques titres sur la centaine de films sortis sur les écrans italiens entre 1970 et 1980 : Rue de la Violence de Sergio Martino, La Guerre des Gangs d’Umberto Lenzi, La Poursuite Implacable de Sergio Solima, Un Citoyen se Rebelle et Big Racket d’Enzo G. Castellari. Les films, souvent filmé à l’arrache dans les rues des villes tels que Rome, Milan, Naples montrent la violence de l’époque, parfois des manifestations, les conflits entre flics honnêtes et d’autres sans scrupules, des ripoux, la maffia, les politiques véreux. En Italie ces films vont avoir beaucoup de succès, alors qu’en France il faudra attendre les années VHS pour les voir. En effet les polars Italien étaient chez nous en concurrence avec les films de kung-fu qui avaient les faveurs du public français.


Parmi les metteurs en scène italien, il est clair que Fernando Di Leo (1932-2003) est très peu connu en France. Il n’a pas eu chez nous le même culte, que des réalisateurs comme Enzo G. Castellari, Lucio Fulci, Mario Bava, Dario Argento, Sergio Martino, Sergio Corbucci et ne parlons pas de Sergio Leone. Justement, Fernando Di Leo a commencé en tant que scénariste avec le maitre Leone sur l’écriture des films Pour une Poignée de Dollars (1964), Et Pour Quelques Dollars de Plus (1965). Mais il n’est pas crédité au générique. Avec cette première expérience, Di Leo va écrise de nombreux scénarios pour le western italien (Django, Le Temps du Massacre, Navajo Joe). Puis assistant réalisateur jusqu’à passer à la réalisation en 1968 pour le film Rose Rouges Pour Le Führer. En 1971 il réalise le film d’horreur La Clinique Sanglante avec Klaus Kinski. En 1972 Di Leo enchaine la réalisation des trois films qui deviendront la trilogie du milieu. De 1974 à 1985, il va réaliser essentiellement des polars, jusqu’à l’épuisement du genre qui sonnera la retraite bien mérité à Di Leo.


L’influence de Di Leo en matière de polar est Jean-Pierre Melville notamment Le Deuxième Souffle et Le Samouraï qui vont beaucoup marquer  Di Leo pour créer des personnages et l’atmosphère visuelle. Par contre à l’inverse de Melville, les films de Di Leo sont nettement plus violent, limite gratuite et putassier. Chez Di Leo les femmes (toujours en second rôle, du moins dans la trilogie) sont très mal traitées. Elles sont frappées par les hommes, leurs vêtements arrachés, le langage est vulgaire, ici pas de romantisme ou alors une fraction de romantisme vite expédier, car les hommes chez Di Leo sont très macho. C'est Barbara Bouchet qui tire le mieux son épingle du jeu dans le film Milano Calibre 9. Elle a droit à plusieurs belles scènes. Certes les femmes sont violentées, mais les hommes prennent aussi très chère. Il y a beaucoup de morts, et ce n’est pas joli à voir. Si les scénarios ne sont pas le fort de ses trois films, en général l’histoire tient en deux lignes et n’est qu’un prétexte à montrer des règlements de comptes, par conte du point de vue technique de l’image, Di Leo n’est pas un manchot. L’intro de Milan Calibre 9 et la longue scène de poursuite dans la ville de Milan dans Passeport Pour Deux Tueurs sont dignes des grands polars urbains tels que French Connection et l’Inspecteur Harry. Les musiques groove composées par Luis Enriquez Balalov et Armando Travaioli, sont au top de l’ambiance urbaine. Dommage que l’on ne trouve que quelques morceaux sur des compilations. Parmi les acteurs, notons dans les rôles principaux la présence des américains Henry Silva et Whoody Strode, l’acteur Mario Adolf que l’on a vu chez Fassbinder, Gastone Moschin plutôt habitué à jouer dans des comédies (Don Camillo) et dans les seconds rôles dont on connait le visage, Adolfo Celi, Barbara Bouchet, Richard Conte, Vittorio Caprioli.

Si j’ai une préférence pour le film Passeport Pour Deux Tueurs, notamment pour la course poursuite très généreuse, la scène finale dans une casse auto, la scène en boite filmé dans des angles étonnant, le visionnage des trois films est un plaisir non défendu pour les yeux. Chaque film possède ses petits moments jouissifs grâce à la mise en scène relevé. Par contre il faudra être indulgent pour la violence envers les femmes, et prendre ses scènes comme une BD, une œuvre artistique avec des personnages fictifs. Bonne séance !


Pour avoir une chronique détaillée des trois films, je vous recommande le blog Le petit cinéma de Stéphane : https://lepetitcinemadestephane.blogspot.com/

Ici ma chronique du combo DVD/Blu-ray Le Témoin à Abattre : https://paskallarsen.blogspot.com/search?q=le+t%C3%A9moin+a+abattre

https://www.facebook.com/ElephantFilms







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