dimanche 7 mars 2021

WIZZZ ! "Vol. 4" (Born Bad Records/L’Autre Distribution) – 5 mars 2021


 

Avant de créer le label Born Bad en 2006, JB Guillot avait publié en 2001 la compilation Wizzz ! sur les labels Musiques Hybrides et Delabel. Cette compilation avait fait l’effet d’une petite bombe tant à l’intérieur il y avait de nombreuses perles sixties yéyé rares made in France, dont Les Filles C’est Fait… de Charlotte Leslie, Sexologie de Daniel Gérard, Le Pape du Pop de Stéphane Varègue. A l’époque j’avais écrit un petit article (c’était mon premier) pour le fanzine Abus Dangereux face 72, mai-juin 2001 (1). Par la suite en 2008, JB édite un volume 2 sur Born Bad (BB 013) et comme le succès est au rendez-vous, il réédite le premier volume en 2011 (BB037), un volume 3 en 2015 (BB 069) et hop en ce mois de mars 2021, le volume 4 (BB 139). Soit quatre compilations French Psychorama en 20 ans.

On reconnait d’office ces compilations grâce à leurs pochettes BD pop. La première a été réalisée par Guy Peellaert (dont la BD culte Pravda la survireuse restera à jamais gravé dans nos esprits) et les suivantes par Rocky Rock qui a gardé l’esprit graphique du premier avec une touche Jean Graton (le papa de Michel Vaillant). Avec le joli visuel pop, il est clair que le format 33t vinyle est recommandé à celui plus petit du format CD.


 

Ce nouveau volume est rempli à bloc, avec 8 artistes par face, soit un total de 16 chanteurs.es et groupes obscurs, sauf pour les collectionneurs et chineurs du matin. Le livret qui accompagne le disque donne de nombreux détails sur ces artistes qui ont pour la plupart sorti qu’un ou deux 45t. Juste quelques noms : Doukkali, Matty Kemer, Michel Didier, Alain Serco, Les Missiles, Liberatore et quelques titres : I Like Sex, Patratras Hola, Comme un Arc-en-ciel, Le Poisson Vert, Laisse-moi Médire que je t’aime, Le grand Méchant Loup… L’ensemble donne des morceaux pop, psyché, décalé, idéale pour une surprise party. Maintenant on connait bien la recette, et tant qu’il y aura des petit trésors à dénicher (dont certains 45t sont devenus trop chère, suffit de regarder les prix sur Discogs), rien de tel qu’une bonne compilation pour nous les faire découvrir. Allez, tout le monde en piste ! (en Bretagne « partir en piste » veut dire faire la tournée des bars). 



https://www.bornbadrecords.net/releases/wizzz-french-psychorama-1966-1974-volume-4/


 

(1)   Ci-dessous l’article au sujet de la première compilation Wizzz ! que j’ai écrit pour le fanzine Abus Dangereux face 72, mai-juin 2001, c'était il y a déjà 20 ans.


LA FRANCE C’EST FAIT POUR FAIRE L’AMOUR.

La musique des années 60 en France représente pour beaucoup d’entre nous l’époque yéyé avec comme guide la revue Salut les Copains pour nous parler des idoles (Johnny, Sylvie, Eddy…). Pour la première fois dans notre doux pays, une culture faite pour la jeunesse se développe : l’apparition du disque format 45 tours que l’on peut acheter en supermarché, les vêtements mode étudiés pour nous les jeunes consommateurs, prêts à dépenser notre argent de poche, gagné à la sueur dans les usines et les chantiers du bâtiment par nos parents (vieux jeu !), les bastons dans les bars, bref les sixties c’est cool. Aujourd’hui an 2001, la culture jeune avec tous ses critères en matière de consommation (il y a des écoles pour apprendre à connaître et créer les tribus et ses repères) paraît banale, beaucoup de presse, de chaines TV, internet, la pub, mais en 60 c’était autre chose avec une chaine TV en noir et blanc, peu de magazines. En 60, être jeune en aimant la musique rock ‘n’roll et pop, c’était être un peu rebelle et underground.

Après la scène yéyé, apparait un autre courant musical, le jerk. Nous sommes en 66-67. La compilation Wizzz ! (mot tiré de la jolie voix de Jane Birkin dans le morceau Comic Strip écrit par son pygmalion Serge Gainsbourg) se penche sur cette deuxième moitié des sixties, mais avec avec des artistes peu ou pas connus. D’où l’attrait de l’objet. Au lieu de chercher rare de Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Michel Polnareff, Serge Gainsbourg (par contre très présent dans l’esprit sonique de la compilation), le sorcier J.B. Guillot alias DJ Wizzz s’est promené dans les conventions, brocantes et disquaires spécialisés pour y dénicher des disques insolites. Plus de deux années lui auront été nécessaires pour trouver les morceaux incroyables aux sons groovy, pop, psyché ici présents. Les artistes ont pour nom Charlotte Lesly, Christie Laume, Les Fleurs de Pavot, Richard de Bordeaux, Les Papyvores, Stéphane Varègue, Christine Pilzer, Monique Thubert, L’œil, Philippe Nicaud. Et cerise sur le gâteau, deux titres hors-norme et sexe des connus Daniel Gérard avec son chapeau de Gitan et William Sheller


Malgré tous les atouts que les producteurs et majors (Polydor, Barclay, Vogue) mettaient en place pour faire connaitre les chanteuses avec une bonne musique pop facile à fredonner, une bonne distribution dans les magasins, passage télé, le succès n’est pas au rendez-vous. Il faut dire que sous les apparences joliment mélodiques, les paroles étaient souvent trop subversive pour les radios. Entre "le LSD que j’ai mis dans le café a fait mauvais effet" (Les Fleurs de Pavot), "Les filles c’est fait pour faire l’amour" (Charlotte Leslie), "Il est le pape du pop… il tartine du LSD… Les vitamines ça donne bonne mine" (Stéphane Varègues), "Je vois des seins partout, qui traînent dans tous les lits" (Richard de Bordeaux), et les titres coquins : Cuisses Nues, Bottes de Cuir, Sexologie, il est inutile de vous faire un des/sein pour l’accueil des adultes pas encore libéré (sauf en 45). Tous ces artistes n’ont réalisé qu’un à quelque 45 tours et ont pour la plupart quitté le monde/business de la musique. A quelque exception comme Richard de Bordeaux qui a réalisé pour la TV des génériques d’émissions enfantines. Ainsi, c’est avec attention qu’on découvre avec Wizzz ! une face peu connu des sixties en France loin des idoles de Salut les Copains. On n’a pas encore marché sur la lune, mais la conquête de la liberté et des utopies n’est pas loin, attendons le mois de mai.

Pour célébrer la sortie de la compilation, il y a eu dans la salle Glazz(zzz !) Art à Paris une soirée avec poiur la première fois depuis 30 ans sur scène Christine Pilzer. Elle a chanté accompagné par le groupe Les Terribles, cinq jolies morceau pop à faire danser le public comme à l’époque des sixties, mais sans la coupe au bol (âge oblige). La soirée s’est poursuivie avec J.B Guillot/Wizzz &aux platines pour une musique garage et easy listening.

Ici une interview de Mister Swinging Mademoiselle : https://paskallarsen.blogspot.com/search?q=swinging+mademoiselle






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