dimanche 20 juin 2021

DISQUAIRES UNE HISTOIRE "La Passion du vinyle" de Françis Dordor (GM Éditions) – 12 juin 2018


 

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre écrit par le journaliste Françis Dordor, un "vrais" spécialiste de la musique et du vinyle, -support qui permet d’écouter la musique chez soi quand on le désire-. Il a écrit dans les revues Best et Les Inrockuptibles, ainsi que des livres sur Bob Marley.  Il a aussi été disquaire, le temps d’un job d’étudiant pendant l’été 1973 au centre commercial Rosny II dans la banlieue Est de Paris.

En tant que "consommateur" du disque vinyle depuis l’âge de 12 ans, autant dire que la lecture de ce livre m’a conforté, que cette passion de l’objet en dur n’est pas anodine, surtout pour le porte-monnaie. Pour ma communion, mon frère Alain m’a offert un tourne-disque couleur orange. C’était en 1977 à Guingamp en Bretagne dans une boutique d’électroménager, avec un peu de tout, comme un bazar. Il y avait un minuscule bac à disques. A défaut de choix, j’ai  sorti la double compilation des premiers succès de Claude François, avec notamment le tube Si j’avais un marteau (à noter que dans les années 85-87, le style musique industrielle et notamment Einsturzende Neubauten, Coil, Laibach et Test Dept seront mes groupes, mes disques de chevet). Ainsi le premier disque vinyle que j’écoute sur mon tourne disque sera du Claude François

Pochette du premier disque que j’ai acheté, c’était en 1977, j’avais 12 ans.

En fait entre 1977 et 1978, mes gouts musicaux ne seront pas terribles. Juste des groupes, chanteurs.es que j’entends à la radio et à la télé. Les choses sérieuses vont commencer en 1979 dès mes premières lectures de Rock & Folk, Best, l’émission Chorus sur Antenne 2, Feedback sur France Inter et la découverte du style "New Wave" avec The Pretenders, XTC, The Clash, The Cure, The Specials, Madness, The Buggles, The Knack, Blondie, Jacno. Entre 1977 et 1979, comme j’ai peu d’argent de poche, je vais piquer des 45t (Billy Joel, Queen, Gerry Rafferty, Barry Manilow, Bee Gees), quelques albums (Vangelis, Mike Oldfield, Jean-Michel Jarre, Elton John) au supermarché Mammouth (écrase les prix !). Mes autres disques à cette époque, je vais les commander au Club Dial et Club Hachette (quand on s’inscrit, on a trois disques  gratuits et ensuite il faut acheter au minimum un disque tous les trois mois), dont il faut attendre au moins 6  semaines pour recevoir le disque. C’est à partir de 1979, à 14 ans, que je vais commencer à acheter mes disques chez le disquaire. Il y en a un à Guingamp, mais je ne me rappelle plus du nom. J’achetais en général un des disques chroniqué dans Rock & Folk ou Best avec une préférence pour les chroniques et critiques de Best. Cela a commencé avec un disque 33 tours par mois, quelques 45 tours et progressivement mes achats sont devenus plus importants, mais ceci est une autre histoire.


 

Il est temps de venir à notre sujet, le livre de Francis Dordor. Réalisé sur prêt de deux ans, en 388 pages, Françis Dordor a réussi à présenter un large panel de disquaires, des années 60 à aujourd’hui. Le sommaire est bien rédigé, permettant ainsi de passer au crible les divers types de disquaires qui ont, ou bien eu pignon sur rue en France et à l’étranger. Les chapitres sont conçus à partir d’interviews de disquaires, chanteurs, membres de groupes, clients, journalistes, labels, collectionneurs, donnant ainsi la parole à Lenny Kaye (compilation Nuggets, Patti Smith Group), Marc Zermati (Open Market, Skydog Records), François Ciabrini (Givandan), Daniel Richard (Lido Music), Patrick Mathé (New Rose), Lionel Herrmani (Mélodies Massacre), Patrick Kerhousse (Rennes Musique), Noel Terronès (Fuzz Disques), Francis Kremer (Punk Records), Olivier Chalelin (Le Rideau de fer), Thomas Changeur (Balades Sonores), coté groupes chanteur.es, Chrissie Hynde (The Pretenders), Tai Luc (La Sourie Déglinguée), Vanessa Briscode (Pylon), Patrick Blain (Charles de Goal), Éric et Gille Tandy (Olivensteins), Frank Darcel (Marquis de Sade), Étienne Daho, Mona Soyoc (Kas Product), Dominique A, Christophe Miossec, Hervé Vilard, Éric Sourice (Les Thugs), Lionel Liminanas, labels, Jean-Pierre Turmel (Sordide Sentimental), Gérard Nguyen (Les Disques du soleil et de l’acier), Jean-Luc Marre (PIAS), Philippe Debris (Closer), David Godevais (Disquaire Day), journalistes, Pierre Lescure, Philippe Manœuvre, José Ruiz, Philippe Garnier … et  il y en a pleins d’autres qui sont interviewés, donnant ainsi au livre une force vu de l’intérieur. Côté musiques, ce sont les activistes du rock qui sont privilégié, notamment la scène punk. La soul, le jazz, le reggae, la musique classique, la chanson française sont juste évoqué ici et là. Les petits disquaires, lieux de vie dans les centres villes sont à l’honneur, mais les mastodontes tels que la Fnac, Virgin, Tower Records ne sont pas oubliés. Cette phrase de Patrick Kerhousse (Rennes Musique -(1)-) résume bien l’idée d’un bon disquaire : "Etre pointu, tout en étant généraliste" (page 176). A noter un chapitre  sur La mort programmée du vinyle et de ses conséquences. La préface est écrite par le journaliste Laurent Chalumeau, et en bonus, un DVD avec un documentaire qui raconte comment le disquaire Tower Records qui réalise un milliard de chiffre d’affaire en 1999, dépose le bilan en 2006. Amateur du vinyle, vous avez ici de quoi lire !

(1): Le groupe Marquis de Sade découvre en novembre 1979 la pochette de son premier album Dantzig Twist en vitrine de Rennes Musique. Le magasin avait reçu le disque avant le groupe ! (Propos de Frank Darcel page 177)

Chronique du guide Le Paris des disquaires ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/06/le-paris-des-disquaires-par-herve.html


https://gm-editions.com/produit/disquaires-une-histoire-francis-dordor-la-passion-du-vinye/




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