mardi 8 juin 2021

LES AGAMEMNONZ "Les Agamemnonz play Amateurs" (Hi-Tide Recordings/Universal) – 11 juin 2021


 

Je découvre le groupe rouannais Les Agamemnonz en 2015 avec la sortie de leur deuxième album titré Au Revoir. Je suis tellement emballé par leur musique surf, idéale pour le générique d’une série TV échappée des sixties, que je fais une interview d’eux pour le fanzine Abus Dangereux (1). Ainsi, quand je reçois un mail de Marc Chonier, attachez de presse du groupe, pour m’annoncer la sortie d’un nouvel album titré Amateurs, c’est juste la joie à plein tube, a en oublier le « couvre-feu », et oui nous sommes en guerre !  Déjà l’album est publié sur le label américain Hi-Tide Recordings, qui possède un joli catalogue dédié aux musiques Surf, Exotica, Tiki, Twist, Macumba, Doo-wop, Freak Primitive Music, Pop sixties… bref que du bon qui swing et qui donne la banane en sirotant un cocktail maison, si possible en charmante compagnie. A l’écoutes des 12 morceaux de l’album, il est clair que Les Agamemnonz ont leur place sur ce label raffiné. Une fois de plus, leur musique instrumentale et surf tape direct dans le mille. Impossible de résister aux riffs, aux mélodies des guitares surf qui trottent instantanément dans la tête. Chaque morceaux est digne d’un thème (titre du 2ème morceau), d’un générique pour un film, une série, voire pour une pub rétro, un peu dans l’esprit des compositeurs de Library Music pour ici un western spaghetti 60’s. Par instant le riff d’Atomic de Blondie vient également à l’esprit. Dans la set liste, il y a deux reprises : Les Conseils de la Fée des Lilas de Michel Legrand pour la B.O. du film Peau d’âne de Jacques Demy (1970) et Mount Harissa de Duke Ellington. Le quatuor (avec des invités sur certains titres) est au taquet. Avec eux, malgré le titre de l’album, l’amateurisme n’est pas de la partie. Non, les instrumentaux sont soignés, finement coupé, rien ne dépasse pour le confort des oreilles érudites. Il y a de nombreux instruments qui viennent étoffer le petit monde musical des Agamemnonz : guitares, cavioline, basse, piano, synthétiseur, trombone, trompette, violon, cor d’harmonie, bugle, batterie, percussions. Et oui, pour ce nouvel album, Les Agamemnonz ont mis le paquet pour composer des morceaux qui ont du coffre, de la vie, du souffle et surtout du fun et de l’amour. Enfin à noter que le visuel de la pochette n’est pas une photo, mais une peinture originale signée Elia David. Nos quatre musiciens sont bien petits dans cette grande forêt californienne ! Bref, avec ce bel album à l’acoustique irréprochable, enregistré au Capitola Analog Studio à Budelière (23) et au Studio Télémaque à Fresney (27), il devient urgent de les voir en concert pour nous donner du bonheur, rien que du bonheur. Justement, le 11 juin, pour la sortie de l’album, ils seront au festival Rush à Rouen.


https://hitiderecordings.bandcamp.com/album/amateurs

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(1) Je profite de la sortie de ce nouvel album pour sortir de mes archives une interview des Agamemnonz, que j’ai fait en décembre 2015 pour le fanzine Abus Dangereux face 138, sortie en avril 2016.


Le groupe rouennais Les Agamemnonz sont des drôles de zozos. Ils s’habillent avec des tuniques grecques, dans un style vestimentaire plus proche d'une production de films d’exploitation que d’un péplum à grand budget. Vêtus de leurs morceaux de tissus, Les Agamemnonz réalisent une musique surf idéale à écouter pour aller prendre le large à Trouville-sur-Mer (situé à moins d’une heure de Rouen). Après les Monks (habillés en moines) et les Nuns (groupe féminin anglais habillé en nonnes et qui reprend les morceaux des Monks), voici les tuniques grecques embarquées sur la route des sixties pour nous faire danser sur les sons de  la surf music, avec des guitares hawaïennes. Leurs pastilles instrumentales sont des petites perles trouvées au fond des mers. Entre les génériques sixties des séries du style Batman et Bonanza, l'interlude TV du Petit Train de la Mémoire, une séquence dans le Pulp Fiction de Tarantino, l’ambiance scénique pour un spectacle de cabaret burlesque et les délires sonores de leurs contemporains qui se nomment Cannibal Mosquitos et Calibro 35, les 18 compos de cet album titré De A à Z sont des rayons de soleil qui donnent des fourmis aux jambes et l’envie de boire des cocktails sucrés. Le résultat est fun et très sympatoche. Sans prise de tête, on se laisse emporter avec les vagues par leur musique instrumentale et estivale qui devrait embellir vos fêtes de fin d’année, chez vous ou dans une salle des fêtes. Oui la vague bleue surf (du second tour) s'est posée en Normandie.

 

Vous pouvez nous raconter comment vous vous êtes rencontré, et ce qui vous a motivé à former le groupe ?

Sans trop rentrer dans les détails, nous nous sommes rencontrés lors de nos études d'art et de musique à Rouen. Nous avons joué tous ensemble dans un groupe de pop il y a une dizaine d'années, et puis nous avons monté Les Agamemnonz en 2010, un peu comme un side-project de ce groupe. Le groupe de pop a splitté, Les Agamemnonz sont restés.

 



Votre style musical, c’est la surf music. Qu’est-ce qui vous plait dans ce genre ? C’est pour ne pas avoir de chanteur et donc pas de paroles à écrire ? C’est pour faire plaisir à vos parents qui ont peut-être danser sur la surf music dans les années 60 ?

La question de la présence d'un chanteur ou de paroles ne s'est jamais vraiment posées ainsi. Nous avons déjà effectué de multiples collaborations avec des chanteurs lors de certains concerts. Et sur les deux disques que nous avons sortis, nous avons-nous même ponctuellement donné de la voix ou alors fait appel aux Point Break Sisters, trio vocal féminin nantais. Par contre, on s'est rendu compte que le fait de jouer dans un groupe instrumental avait un côté « tout-terrain » qui était un réel avantage. Pas besoin de sonorisation, une simple rallonge électrique et hop ! Nous avons vite découvert que nous pouvions jouer absolument n'importe où et du coup, cette configuration légère nous a permis de multiplier les expériences de concert. En ce qui concerne nos parents, ils ne sont pas assez vieux pour avoir vraiment connu cette vague surf/instro qui a précédé le succès des Beatles. Mais c'est vrai que lorsqu'ils écoutent ce que nous faisons comme musique, ils évoquent volontiers des groupes comme les Shadows ou les Spotnicks.



Qui sont vos héros surf qui vous guident pour avoir la bonne vague? Les Shadows ont –ils joué un rôle dans votre dépucelage musical ? Écoutez-vous des groupes actuels, (en surf et autres), et qui?

Je crois que les deux groupes qui nous ont vraiment intéressés au départ étaient les Ventures et les Astronauts. Même si chacun a ses préférences musicales au sein des Agamemnonz, nous sommes plutôt d'accord de ce côté-là. Et finalement, les Shadows sont venus assez tardivement dans notre appréciation de ce type de sonorités. A l'heure actuelle, nous avons autant d'intérêt pour le son de groupes comme les Challengers ou les Pyramids que pour des groupes européens comme les Champions, ou les Fingers. Et évidemment, pas mal de groupes contemporains nous plaisent aussi : les Arondes, les Reverbly Ones, the Space Agency, the Surfites, the Volcanics, the Beechwoods
Et on ne se limite heureusement pas à l'écoute d'un seul style musical. Le lecteur cd du camion voit passer des choses aussi différentes que Duke Ellington, Emperor, Chico Buarque, Mr Oizo.


Votre premier album est sorti en décembre 2015.  Vous pouvez nous raconter dans quelle condition vous l’avez enregistré ?

Notre premier disque en cd De A à Z, est en fait la compilation d'un 25 cm que nous avions sorti chez le label Green Cookie il y a deux ans et d'un LP (Au Revoir) qui vient de sortir sur deux labels (Green Cookie et Kythibong). Les deux disques ont été enregistrés en plusieurs petites sessions chez Yann Jaffiol au MyStudio à Nantes. En règle générale, nous effectuons des petites sessions (entre deux et quatre jours) réparties sur plusieurs mois. Et concernant l'enregistrement des morceaux, nous avons essayé des configurations très différentes. Certains morceaux arrivent au studio totalement finalisés de la première à la dernière note et ont été joués plusieurs fois en concert pour les rôder. D'autres sont plus ou moins composés dans la semaine qui précède le studio (voire la veille). Et il est aussi arrivé que nous arrivions dans la cabine avec des morceaux totalement inachevés. En définitive, il y a assez peu d'improvisations.

Pour obtenir votre son, est ce que vous utilisez des instruments vintages ?

Nous jouons sur des instruments aux sonorités très typées (basse Longhorn, guitares Mustang ou Jaguar), mais qui ne sont pas des instruments vintages à proprement parler. Il s'agit d'instruments fabriqués récemment, mais qui ont gardé des sonorités proches de leurs ancêtres des années 60. Nous jouons aussi sur du matériel spécial, conçu et fabriqué par Le Suédois, un électronicien de génie qui a fabriqué notre ampli basse, notre réverb à lampes, des pédales de fuzz et qui répare in extremis nos amplis.


Comment se passe l’ambiance dans vos concerts ? On est en 2015, le public n’est pas surpris d’entendre un groupe jouer de la surf music ?

En règle générale, je crois que le public ne se pose pas trop la question. Quelques personnes viennent nous voir parfois pour nous dire que ces sonorités leur sont inhabituelles, mais c'est plutôt rare. C'est une musique qui est plutôt faite pour danser, alors nous dansons tous ensemble.


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