samedi 28 novembre 2020

XTC "Drums and Wires" (Virgin Records/Polydor) – 19 septembre 1979


 

MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°1

Voici une nouvelle rubrique, avec la chronique d’un album important pour moi, qui a participé à forger ma culture musicale. Pour la première chronique, autant commencer par le commencement, avec un des premiers disques de rock que j’ai acheté, c’est l’album Drums and Wires du groupe XTC. C’était fin 1979 ou début 1980, j’avais 14 ans et j’habitais en pleine campagne dans le département qui s’appelait à l’époque les Côtes du Nord (depuis 1990 le nom est Côtes d’Armor, car c’est plus vendeur pour le tourisme qui n’arrive pas à situer ce département en Bretagne, mais dans le nord de la France). Pour me déplacer en ville, j’y allais en mobylette et ce n’était pas souvent. Ainsi de mémoire, cet album je l’ai acheté par correspondance sur le Club Hachette (ou similaire je ne suis pas sûr du nom) qui m’envoyait tous les 2 mois un catalogue par courrier. Une fois le disque commandé, il fallait attendre un mois minimum pour le récupérer dans la boite aux lettres. L’attente permettait d’apprécier encore plus le disque, devenu un symbole de Graal.


 

J’ai découverts XTC avec leur morceau Making Plans For Nigel, qui passait beaucoup à la radio. C’était un tube au côté de Message in The Bottle de Police, Gangsters de The Specials, One Step Beyoud de Madness, Brass In Pocket de The Pretenders, African Reggae de Nina Hagen Band, Atomic de Blondie, London Calling de The Clash. Oui l’année 1979 était un bon cru du côté single rock. Si tous ses morceaux ont été importants pour moi pour découvrir et apprécier le rock, le single d’XTC avait ce petit plus qui m’a accompagné pour suivre leur carrière. Il y a la voix d’Andy Partridge qui est unique (comme la voix de Feargal Sharkey d’Undertones). Sa façon de chanter, son accent anglais une fois entré dans la tête, reste marquée instantanément et pour longtemps, comme la touche personnelle du peintre, auquel on reconnaitra tout de suite le style dès qu’on verra un tableau de lui dans une expo collective. Ensuite la musique sèche, rapide et mélodique est un joli coup de ciseau pour avoir la coupe branché du moment. Car en 1979 on est en plein dans les années New Wave. L’année 1980 approche, on va quitter les 70’s pour mieux explorer une nouvelle musique avec de nouveaux groupes. Certes XTC, n’est pas un nouveau quatuor (sauf dans le personnel avec un changement de guitariste et de clavier), Drums and Wires est leur 3ème album, mais leur son colle a l’air du temps, le single sonne très new wave et le choix de Steve Lillywhite pour  produire l’album est judicieux. Steve Lillywhite est le producteur chouchou de la nouvelle vague. En 1978 il a produit The Scream de Siouxsie and the Banshees, le premier album S/T et Ha ! Ha ! Ha ! d’Ultravox, So Alone de Johnny Shunders, le premier album S/T de The Psychedelic Furs et par la suite il va produire Talk Talk Talk de The Spychedelic Furs, The Changeling de Toyah, une bonne partie des albums de U2 et Big Country, Sparkle in the Rain de Simple Minds, Naked des Talking Heads, Peace and Love des Pogues, l’unique album de The Las’, Vauxhall and I de Morrissey. En 1979, Steve Lillywhite à 24 ans, il n’est pas encore un vieux requin de studio, autant dire qu’il comprend très bien le son demandé par ses jeunes groupes qui ont en parti le même âge que lui. 

 


L’album sort en Angleterre le 19 septembre 1979. Le 18 novembre le groupe passe dans l’émission Chorus animé par Antoine de Caunes et Jacky. Mais l’enregistrement du concert a lieu le 29 octobre au Théâtre de l’Empire. A noté que cette émission où l’on voit des groupes jouer en live devant un public, est diffusée le dimanche midi juste après l’émission religieuse et avant les infos. En Angleterre XTC passent dans la célèbre émission populaire Top Of The Pops, divertissement connu pour voir les groupes jouer en playback. 


 

En Angleterre, le morceau Making Plans For Nigel atteint la 17ème place des ventes. Sur le site internet Tubes en France, sur la semaine du 11 mai 1980, le morceau est à la 36ème place, mais la semaine précédente à la 28ème place. Petite remarque signalé dans le livre Discographie personnelle de la New Wave écrit par Pol Dodu, dans le pressage français de l’album,  le 3ème morceau Life Begins at The Hop est un single qui est sortie en Angleterre en avril 1979 et qui aura un succès, mais il ne figure pas sur l’album original. A la place, c’est le morceau Day In Day Out. De même, le single Making Plans For Nigel sortie en France n’a que deux titres (au lieu de trois). La face B française est le single anglais Life Begins at The Hop et enfin le verso la pochette du 45t est différente. Je ne pense pas qu’actuellement les distributeurs Français prennent autant de liberté pour modifier les disques de rock anglo-saxon.



On est le 28 novembre 2020, et pour écrire cette chronique j’ai sorti mon disque vinyle (pressage français) que je n’ai pas perdu, malgré les aléas de la vie, en plus le vinyle ne craque pas. Et pourtant à l’époque, je l’ai beaucoup écouté sur mon tourne disque couleur orange que mon frère m’avait acheté pour ma communion, ce qui prouve que ce pressage "fabriqué en France" est de qualité. 41 ans plus tard, la musique n’a pas pris de rides (à l’inverse de moi), au contraire, le son est toujours aussi frais et novateur. Andy Partridge, mais aussi le bassiste Colin Moulding (c’est lui qui a écrit les paroles de Making Plans For Nigel) ont des voix élastiques qui leur permettent d’avoir des tonalités, digne d’un acteur de théâtre. Coter musique, XTC est doué pour malaxer la musique pop (pour les mélodies on sent l’héritage des Beatles) avec des riffs parfois foutraques qui piochent dans le psychédélique de Soft Machine avec l’énergie after punk de l’époque, tendance Wire. Le son est à la fois clair et insolent. Les morceaux Scissor Man et Complicated Game sont des bons exemples de la musique complexe du groupe, comme une sorte d’acide pop sur ressort avec la tête sous les draps ou dans une boite métallique. La batterie imposante de Terry Chambers est la patte du producteur Steve Lillywhite, qui en fera son commerce avec le rock héroïque de U2, Big Country et Simple Minds. En 1980, XTC publie l’album Black Sea, mais là pas de tube en France, mais qu’importe, je vais suivre avec attention leur carrière ainsi que le projet The Duke Of Stratosphear. Par contre je ne les ai jamais vu en concert, car à partir du 18 mars 1982 (concert au Palace raconté ici par un spectateur :  http://www.uneviedeconcerts.com/archives/2009/12/24/16743542.html ), suite à un malaise d’Andy Partridge après seulement quelques minutes sur scène, le groupe arrêtera les concerts et ne se consacrera exclusivement qu’au studio pour la compositions des morceaux. Et, de ce côté, XTC va nous offrir de nombreux albums excellents, avec un son qui va changer au fil des projets. Le style sera moins vif, plus mélodique et toujours novateur.

Pour clore cette chronique, j'ai découverts chez Gibert Joseph que l’album vient d’être réédité avec en bonus un 45t deux titres, comme dans la première édition anglaise. Pressé sur un vinyle 200G haute-fidélité, cette version est approuvée par Andy Partridge. C’est peut-être le bon moment de le racheter et ainsi laisser reposer mon édition française (sans 45t) de 1979.


https://www.discogs.com/fr/XTC-Drums-And-Wires/master/70126







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