lundi 2 novembre 2020

JESUS LIZARD au Boardwalk à Manchester le 4 avril 1991 et au CBGB à New-York le 9 juin 1993


Ce n’est malheureusement pas pour bientôt que l’on va aller voir un groupe de rock en concert. Une pensé toute triste pour les tourneurs et programmateurs de salles. Certes il faut garder le sourire, car si le monde du spectacle est à l’arrêt, c’est pour ne pas qu’il y est trop de malades du Covid qui viennent prendre des places dans les hôpitaux qui n’ont pas assez de lits et de personnels formés. Bref il faut arrêter toute la culture à cause de la politique liée à l’économie budgétaire dans la fonction public. On ferme des hôpitaux, cliniques de proximités et on a du mal a embaucher du personnel car les payes sont sous évalués, par rapport au travail qu’on demande aux soignants. En attendant qu’il y est de nouveau de la place dans les lits (si possible en bonne compagnie, histoire d’avoir un bon réveil) et qu’on arrête de jouer au yo-yo entre confinement et semi-liberté -la proposition de supprimer le confinement sera-t-elle au programme des présidentielle de 2022 ?- et ainsi de nouveau pourvoir sortir pour assister à un bon concert de rock, je sors de mes archives, des photos live du groupe Jesus Lizard. Soit le prototype même de groupe qui ne respecte pas les gestes barrières et pour les masques, il s'en sert de sous tif. Bref la belle époque ! 


Le premier concert s’est déroulé à Manchester lors du festival "Hardcore noise" du 2 au 4 avril 1991 au Boardwalk. Au programme des 3 jours, il y avait Lunachicks, Lemonheads, Jesus Lizard, Slum Turkeys, Metal Monkey Machine, Nerve Rack. J’avais écrit une chronique sur le festival pour le fanzine Hyacinth 6ème floraison. Je vous retranscris ci-dessous le passage avec Jesus Lizard. Le texte date de 1991, a ses imperfections, mais je n’ai rien changé.

"Le troisième soir, c’est le top-niveau, en matière de noise américaine avec à l’affiche, les extravagants – et le mot est faible – Jesus Lizard ! Ils arrivent à rendre live le son très technique des LPs, avec la voix filtrée/saturée et sans fêlure de David Yow. Et avec facilité. Yow est un fou total ! Dans l’espèce humaine, on ne fait pas mieux. Dès son entrée sur scène, il attaque le public et le gratifie d’un plongeon dans la marée humaine. Le ton est donné, l’ambiance est chaude. Vêtu d’un t-shirt et d'un jeans tout en lambeaux (surement à force de cirer la scène), tout au long du set il ne cesse de communiquer avec l’auditoire, en le provocant et en lui balançant quelques vannes bien américaines. Il ne tient pas une seconde en place et se retrouve torse-nu dès le troisième titre. On retiendra à titre anecdotique le moment où sa montre le démange, il demande à la salle : « Quelqu’un veut-il ma montre ? ». Un « Ouiiii » général se fait entendre et il la jette. 

Dans le public, un keupon hystérique ne peut s’empêcher de monter sur scène pour montrer ses fesses et de balancer un délicat « fuck off ». En réponse le bassiste le pousse aussi sec dans la fosse. Non mais des fois, un peu de tenue aux premiers rangs !... David Yow ne perd pas une occasion de se faire remarquer, il se permet une danse du ventre étonnante en gonflant son bide au maximum (le miracle de la bière ?). Les rangs devant lui ne peuvent s’empêcher de lui chatouiller le nombril. De temps à autre le bougre en profite pour passer sa main dans la tigrasse d’une fan en délire. Ce chanteur dégage véritablement quelque chose d’exceptionnel (de magique ?), on en tombe amoureux car on est séduit par sa fougue. Il possède un charisme qui en fait un des plus grands performeurs de la scène noise. Quant aux autres membres du groupe, plus discrets, ils assurent la rythmique avec une aisance à toute épreuve."  








Photos (1991) © Paskal Larsen

 

Le deuxième concert c’est déroulé dans la salle mythique du CBGB à New-York le 9 juin 1993. A l’affiche il y avait aussi Jon Spencer Blues Explosion et Girls Against Boys. J’avais écrit une chronique sur le concert pour le fanzine Hyacinth 12ème floraison. Idem, je vous retranscris ci-dessous le passage avec Jesus Lizard. Le texte date de 1993, avec ses imperfections (j’étais plus jeune), je n’ai rien changé.

"Arrivé tout droit de Chicago, Jesus Lizard achève sa tournée avec Helmet (qui ne joue pas ce soir, mais il y a quand même le bassiste dans la salle) pour un Nième passage dans un CBGB archi-comble, 500 à 600 personnes. A peine monté sur scène, le chanteur David Yow excite les spectateurs tassés comme des sardines. Dans un nuage de chaleur moite (bonjour les aisselles !), il saute dans les premiers rangs dès les premiers accords en braillant comme un primitif ou un ancien taulard, puis il s’avance à la brasse vers le milieu du public, histoire de faire grimper la température ambiante. Il ne va pas s’arrêter un instant pour reprendre son souffle. Non, David accumule voltiges, coups de poings dans le micro, jusqu’à s’écrouler par terre, glisser et s’affaler sur les jeunes filles qu’il repère de suite, et après sélection, il demande à l’une d’entre elles… de crier jusqu’à l’asphyxie. Bite à l’air (ne me demandez pas s’il est bien monté), jean usagé en bas des pieds, micro dans la bouche introduit jusqu’à la gorge, corps humide, oui sur scène David Yow est un fou en liberté. Quelque part, cet animal pourrait être sur scène un fameux bâtard de Nick Cave et Iggy Pop. Derrière, les autres membres font tout le nécessaire pour envoyer au maximum une noise bien rythmée et de haute gamme. On remarque le bassiste qui se sert méchamment de son instrument, comme si on lui avait volé sa femme. Pas de bile, en matière de noise, les dieux du bruit, Jesus Lizard sont les plus terribles, à voir absolument sur scène !"













 Photos (1993) © Paskal Larsen

Nota du 3 novembre 2020 : Quelques mois plus tard, j’allais revoir Jesus Lizard, mais là à Paris dans la célèbre salle du Gibus.


 

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