Du point discographique avec l’album Rotobank-z en 2013, cela fait sept ans (de réflexion ?) que Patrice Elégoët, aka Chapi Chapo n’avait pas donné de nouvelle. C’est réparé avec la sortie du nouvel album nommé Collector. Depuis sept ans, notre artiste breton s’était focalisé sur la scène, accompagné de musiciens. Les ciné-concerts avec La Petite Fabrique de Jouets et PoPoPolska, la sieste musicale pour le jeune public avec Toutouig La La et le projet avec Arnaud Le Gouëfflec nommé Chansons tombées de la lune destiné aux enfants.
On arrive à notre sujet, l’album Collector. Voici la présentation du disque raconté dans la bio par Patrice Elégoët : "J'ai commencé "Collector" au début de l'année 2019. Ayant amassé au fil des années des petits synthétiseurs des années 80, je me suis orienté vers une musique plus électronique, plus énergique, et moins mélancolique que ce que j'avais pu faire auparavant. Ayant pour but de n'employer que des jouets ou petits instruments pour enfants, je me suis parfois retrouvé confronté aux sonorités limitées de ces petits claviers. Toutefois, avec ma trentaine de synthés vintage, je suis parvenu à en extraire des sonorités électroniques intéressantes. J'ai également tiré parti des options rythmiques qu'offrent tous ces petits synthés ludiques: boucles et rythmes pré-enregistrés, pads, etc. L'aspect rythmique prend donc dans "Collector" une place beaucoup plus importante que sur mes précédents albums et maintient une ambiance "8-bits" tout au long du disque."
Comme on peut le voir sur la photo de la pochette, il y a de nombreux instruments, mais ça ne représente qu’une toute petite partie de la collection des 600 jouets anciens de notre artiste, qui a gardé une âme d’enfant. Parmi ses 73 instruments jouets utilisés pour l’album, il y a des synthétiseurs miniatures, toys piano, lecteurs K7, mini-guitares, kazoos, sifflets, moulin à musique, jeux éducatifs sonores etc…
La magie de tout ce bric à brac en plastique, est que Patrice Elégoët compose une vrais musique (certes de poche) avec des mélodies, des voix et une structure qui en font des morceaux qui ont une queue et une tête. Souvent on a l’impression que les instruments ne sont pas des jouets, tant la sonorité est loin du « pouet pouet » qui couine sous les pieds. Pour compléter cette douce folie artistique, Chapi Chapo n’a pas fait appel à Casimir (une pensé à Régis Fassier qui vient de nous quitter), Pollux, Kiri le Clown, Pépin la Bulle, ni à Aglaé et Sidonie, mais a des artistes du milieu rock indé qu’on aime beaucoup : Laetitia Sheriff, Jad Fair, G.W. Sok (ex The Ex), Rachel Barreda Horwood (Trash Kit, Bamboo), Emilie Quinquis (Tiny Feet, Yann Tiersen), Troy Von Balthazar (Chokebore), Maxwell Farrington (Dewaere). Comme tous ces artistes de talents viennent d’univers différents, chacun apporte sa couleur personnelle dans ce joli album collector, qui porte bien son titre. La musique est évidemment ludique, mais pas du tout « neu-neu » ni « plan-plan ». Au contraire, il y a ici de la joie de vivre, de la bonne humeur dans un esprit électro pop et punk rock insolent, mais pas méchant. Sa swing sévère, notamment le morceau No No No No No avec au chant G.W. Sok, qui a tous les ingrédients pour être un tube, notamment dans les soirées arrosées. Bref Chapi Chapi, c’est tout un univers lunaire qui ne rentre dans aucun standard du rock indé actuel. On ne peut que vous invitez à faire connaissance au plus vite avec le monde enfantin, mais pas infantilisant de Chapi Chapo & Les Jouets Electroniques.
Photo © P. Burguin
https://chapimusic.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/chapichapotoymusic/
Je profite de ma chronique de l’album Collector, pour sortir de mes archives, une interview de Chapi Chapo que j’ai réalisé en 2013 à l’occasion de la sortie de l’album Rotobank-z, pour le fanzine Abus Dangereux face 129 décembre 2013 et sur foutraque.com.
En 1974, le duo italien, créateurs de films
d’animations (Pépin La Bulle, Albert et Barnabé), Italo Bettiol et Stephano
Lonati créent les personnages Chapi (une fille habillée en rouge) et
Chapo (un garçon habillé en bleu).
Ces deux personnages ont égaillés l’imaginaire de nombreux enfants (et parents)
présent devant leur poste de TV époque ORTF.
En 2003, le breton Patrice Elégoët crée le projet Chapi Chapo et
… Les petites musiques de pluie. En solo, ou avec des amis musiciens, il
compose une musique à la fois pour les grands mais aussi pour les tous petits.
La particularité du projet, est que les instruments utilisés sont des jouets. A
ce jour Chapi Chapo et Les petites musiques de pluie (il paraitrait que
la Bretagne est une région pluvieuse) ont réalisés 3 albums, de nombreux
concerts et des cinés concerts. Patrice Elégoët répond à nos questions.
Vous pouvez nous présenter le groupe Chapi Chapo et Les petites musiques de
pluie ? Vous vous êtes connus comment ?
Le projet CC&LPMDP est né en 2003 de l’envie de créer de la musique
tout seul, en parallèle d’une pratique instrumentale en groupe (à l’époque avec
Tante Felipe, sorte de fanfare punk qui comptait de nombreux instruments
: flûte traversière pour ma part, clarinette, trompette, basse, contrebasse,
batterie, machines, violon). C’est pour la scène, la première en 2009, que Chapi
Chapo est devenu un groupe à géométrie variable. Nous venons pour la
plupart de toute la Bretagne et on se connaissait depuis pas mal de temps. Nous
étions amis.
Comment avez-vous trouvé la couleur musicale de Chapi Chapo ? L’inspiration
vient d’où ?
Je crois que la couleur musicale est donnée par les instruments, à savoir les
vieux jouets musicaux. Pour le reste, c’est un mystère.
Une partie des instruments que vous utilisez sont des jouets. Qu’est-ce qui
vous plait dans les sons produits par les jouets?
Oui, une très grosse partie même ! On peut distinguer deux catégories : les
jouets (tableaux d’éveil, moulins à musique, pouets) et les instruments de
musique pour enfants (guitares, toy pianos, flûtes). Des objets qu’il faut
apprivoiser pour pouvoir les utiliser convenablement. C’est très intéressant,
car ils ont des sonorités bien spécifiques, loin des « vrais » instruments très
chers (même si certains jouets de collection ne sont pas donnés). Certains
sonnent un peu faux, certains sont difficiles à manipuler avec de gros doigts
d’adultes. C’est ça qui est génial.
Vous avez toujours été attiré par les jouets à musique ? Certains de ces
jouets datent de votre enfance ? Ou bien vous les avez trouvés en brocantes ?
Je n’ai pas vraiment eu de jouets musicaux quand j’étais petit, à part un
moulin à musique, que j’ai perdu depuis. Pour le reste, ils viennent des
Emmaüs, vide-greniers et autres brocantes. Et internet pour les jouets
américains, italiens, japonais etc.
A ce jour vous avez sorti 3 albums. Comment voyez-vous l’évolution (style,
sonore, sujet) entre ses 3 disques ?
Les trois albums ont été réalisés de la même façon. J’aime créer en direct.
C’est-à-dire qu’il n’y a pas une étape de création au préalable. Tout est fait
au même moment : composition + enregistrement dans la foulée. N’étant pas un
grand technicien du son, j’ai amélioré un petit peu mon matériel
d’enregistrement au fil des années, mais celui-ci reste très rudimentaire. Une
carte son, un micro et un ordinateur. Le dernier album sonne peut-être plus pop
que les précédents. Mais je crois qu’ils restent assez cohérents.
Sur le titre Where Went the Mighty Quinn, il y a la voix de Jason
Lytle du groupe Grandaddy. Vous pouvez nous parler de cette collaboration ? G.W
Sok de The Ex est également présent. Pourquoi avoir fait appel à lui ?
Les musiciens et chanteurs auxquels je fais appel sont des musiciens que
j’apprécie beaucoup, tu t’en doutes bien. J’ai connu G.W. Sok lorsqu’il
chantait dans The Ex (qu’il a quitté en 2008). Quant à Grandaddy,
le groupe de Jason Lytle, j’en suis fan depuis 1997, date à laquelle je
l’avais vu en concert à Rennes. Puis à Nantes et Saint-Malo. Ces collaborations
se font en général par mail. Et ça fonctionne super bien. C’est une étape très
excitante que de découvrir la contribution d’un chanteur ou d’un musicien. Et
je n’ai jamais été déçu. Bien heureusement.
Le nouvel album a pour titre Robotank-Z. Que représentent les vieux
robots en fer pour vous ?
Je ne suis pas grand connaisseur des robots en fer. Cependant, j’ai un jour
acheté par internet ce petit robot, au doux nom de Robotank-z. Quand je
l’ai reçu, j’ai été très content de constater qu’il faisait beaucoup de « sons
». Ses antennes, son mécanisme etc… Il semble, d’après mes recherches, que ce
soit en plus un incontournable dans le monde des collectionneurs de robots
mécaniques. De plus, c’est un original. On trouve beaucoup de reproductions. Il
m’est très précieux et nous accompagne d’ailleurs sur scène.
Vous avez deux approches. Les albums plutôt destinés aux adultes et les
ciné-concerts destinés aux enfants. Parlez-nous de la mise en forme des
musiques plutôt destinées aux tous petits (6 mois/3 ans) ?
A la base, le projet n’était pas destiné aux enfants. L’idée était de faire de
la musique avec des jouets. Un point c’est tout. C’est parfois dur pour
certains d’admettre que faire de la musique avec des jouets peut sonner comme
une musique « normale ». Le Vegetable Orchestra – groupe autrichien qui
joue avec des légumes frais – ne s’adresse pas aux jardiniers. Mais à tout le
monde. Nous c’est pareil ! En revanche, il est vrai que nous jouons des
spectacles conçus spécialement pour les enfants. Toujours avec des jouets.
C’est un exercice super intéressant. Non pas dans la composition mais plutôt
dans l’exécution : nous jouons tôt le matin, dans des salles remplies
d’enfants. Et c’est vraiment super. On s’éclate. Prochainement, nous
proposerons une sieste musicale à destination des bébés. On a hâte de voir ce
que ça va donner. Nous restons toutefois attachés à jouer pour les grands,
c’est-à-dire dans un format plus rock. C’est ce que nous faisons sous le nom de
Chapi Chapo Orchestra. Notre set se compose des morceaux de l’album Robotank-z.
Quel est votre remède pour garder l’enfant attentif ? Car le public enfant
ne fait pas de cadeau, quand il n’aime pas, il l’exprime haut et fort, il n’est
pas un mouton !
Nous n’avons pour ainsi dire jamais de problème d’attention de la part des
enfants. Nous avons de la chance. Pour les ciné-concerts, nous jouons sur de
magnifiques films d’animation polonais. L’image les captives donc d’office. Et
puis la durée des spectacles leur est adaptée. Environ 45 minutes. Pour les
bébés, on se limitera à 20-30 minutes. Le plus compliqué, finalement, c’est de
leur faire comprendre qu’à la fin du spectacle ils ne peuvent monter sur scène
pour jouer avec les jouets !! Mais on ne peut s’y risquer car certains jouets,
qui ont un rôle essentiel dans nos morceaux, sont très rares et donc difficiles
à retrouver en cas de casse.
Vous écoutez (aimez) les comptines ? Que représentent les comptines pour
vous ? Si vous en écoutez, quel est votre « best of » comptines et pourquoi ce
choix ?
Je crois que j’ai un problème avec ce mot, « comptine ». Je trouve ça assez
cucu en général. Il faudrait que je m’y attarde davantage car il y a surement
des super comptines ! Après, je suis davantage séduit par l’approche du groupe Dragibus,
qui triture et déforme les comptines du monde entier. C’est un groupe que je
recommande !
Vous attachez un soin tout particulier au visuel (pochette, site internet).
Vous avez fait des études d’art?
Non. J’ai fait des études de langue bretonne. Par contre, Amélie Grosselin,
elle, a fait des études de graphisme. C’est elle qui réalise les pochettes de
mes disques, entre deux concerts avec son groupe Fordamage. Elle fait un
super travail.
LA PETITE FABRIQUE DE JOUETS - Chapi Chapo et les petites musiques de pluie (teaser) from L'Armada Productions on Vimeo.
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