Bank Myna est un groupe d’origine toulousain, devenu parisien, qui existe depuis 2013, suite de la rencontre entre Maud Harribey et Xavier Corazza. Tous deux, pour agrandir le cercle, postent une annonce. Ils font la connaissance de Fabien Delmas et Daniel Machón, suivie de Camilla, une musicienne italienne, ainsi Bank Myna devient quintet. Sa forme en trio, qui semble définitive, date de 2019, avec aux commandes Maud Harribey (chant, claviers, violon), Fabien Delmas (guitares, horloge, percussions) et Daniel Machón (basse, noise box, sampler). VOLAVERUNT est leur premier album, il fait suite à l’EP éponyme sortie en 2016. Bank Myna compose une musique sombre et solaire, comme si Dead Can Dance et Swans/Jarboe se donnaient rendez-vous à la pleine lune, sous le regard bienveillant de Cocteau Twins et des Goblins période Suspiria de Dario Argento. Ce premier album, composé de cinq morceaux/mouvements est une réussite totale, du moins pour l'amateur d’une musique profonde, intense qui monte en puissance au fil des minutes jusqu’à atteindre le royaume des cieux. Rien que le titre de l’album donne déjà une idée des sensations auditives qui nous attend. Maud nous donne quelques clefs: "VOLAVERUNT est le titre d’une gravure de Goya et signifie “elles s’envolèrent”. Sur l’œuvre, on peut observer une femme accrochée à des ailes de papillons censées signifier sa légèreté morale. J’y vois pour ma part un symbole de liberté et d’échappatoire aux normes de l’époque. On trouvait que cette idée d’affranchissement des codes, de déplacement et d’envolées collait particulièrement bien aux morceaux que nous avions composés." Oui, c’est bien cela, avec la musique de Bank Myna notre esprit s’envole dans les profondeurs du subconscient, où les ténèbres jouent à cache-cache avec le paradis.
"Volaverunt" gravure de Francisco de Goya (1799)
Leurs compos sont comme des fresques picturales qui emmènent le spectateur loin, très loin dans un imaginaire, dont chacun y mettra ses images, son histoire avec ses mystères, ses rencontres, chargés d’amour, de trahison et de réconciliation. Le style musical de Bank Myna est un heureux mélange de cold wave, de gothique, d’indus, de krautrock, de drone music, avec une touche doom. La voix de Maud est magnifique. Son chant est à la fois le prolongement de la musique -les paroles sont comme un instrument de musique- et le guide spirituel de la musique, habitée par les ténèbres aveugles de la nuit. Ici on sent la pierre qui a traversé les siècles. On sent la terre souillée par la barbarie de quelques hommes abus de pouvoir et d’arrogance, sans estime du peuple. La rythmique est à la fois oppressante et lumineuse, ce qui donne aux compos, une force qui s’intensifie sur la longueur. Deux morceaux dépassent les 11 minutes. Fabien et Maud nous donnent des précisions sur la durée des morceaux qu’ils nomment "Mouvement": "Il semble qu’on a voulu traduire à la fois l’aspect organique et les progressions amples et progressives des compos. Ça part de très bas et ça monte très haut en gros, c’est un peu notre classic move. L’album est également basé sur un concept de voyage cathartique dans l’inconscient, là aussi, il y a cette idée de déplacement, de mouvement. Le terme “mouvement” peut aussi se comprendre comme un mouvement musical. VOLAVERUNT est un tout, avec cinq sections différentes qui se répondent et communiquent entre elles."
Photo @ Alain Delvare
L’album s’achève avec un titre en français (et des paroles en anglais), Des mains, des yeux. Maud nous éclaire sur le choix du titre : "Sur les deux dernières années, nous nous sommes habitués, par la force des choses, à cacher nos visages. Nous sommes progressivement devenus des êtres in distinguables, noyés dans la masse sous nos masques, avec pour seuls moyens d’expression, bien souvent, nos mains et surtout nos yeux. Ce titre est, en quelque sorte, un clin d'œil à la période actuelle." Pour clore cette chronique, la pochette de l’album est réalisée par Louis-Alexandre Beauregard, ex batteur du groupe canadien Big Brave. Voilà, vous avez les clefs en mains et les yeux pour voir la musique qui prend forment dès les premières notes. Pour ceux qui en doute, grâce à Bank Myna, on sait que la musique possède une âme et de la chair. Amen.
Photo @ Alain Delvare
Nota : J’ai réalisé une interview de Bank Myna pour le fanzine Persona. Les propos que j’ai intégrés dans ma chronique, sont les bonus, non présents dans la version papier de Persona. L’interview sera dans le numéro 19 qui sortira en avril 2022.
Bank Myna sera en concerts le 4 mars au Fotomat à Clermont-Ferrand, le 5 mars au Farmer à Lyon, le 12 mars à l’Olympic Café à Paris pour une Release Party et le 20 avril à L’Alimentation Générale à Paris.
https://bankmyna.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/bankmyna/
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