samedi 25 décembre 2021

"MIDI-MINUIT FANTASTIQUE, Volume 4" de Michel Caen et Nicolas Stanzick (Rouge Profond) – 03 décembre 2021


Il aura fallu 10 ans à Nicolas Stanzick pour mener à son terme la publication de l’intégralité de la revue Midi-Minuit Fantastique, soit 24 numéros, plus le numéro double 25/26 qui n’a jamais été publié. Comme son nom l’indique, cette revue est consacrée au fantastique, et plus particulièrement au cinéma fantastique. Créé en 1962 par Michel Caen, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boullet et publié par Eric Losfeld aux Éditions du terrain vague, le premier numéro sort en mai 1962 et le dernier, numéro 24 sort en hiver 1970-1971. Les 11 premiers numéros, au format et au tirage plus petit (environs 5000 exemplaires) étaient épuisés depuis très longtemps, notamment le n°8 (janvier 1964) avec son titre Érotisme et épouvante dans le cinéma anglais, qui s’est trouvé à avoir des soucis avec la censure, qui va les guetter jusqu’au bout. A partir du n°20 (octobre 1968), la revue se fera imposer d’écrire sur la couverture "Interdit au moins de 18 ans". Ce sera le début de la dégringolade pour pouvoir vivre décemment de ses ventes. Les derniers numéros aux tirages plus importants, sont encore trouvables chez les bouquinistes à des prix corrects.

 

Le Midi-Minuit était un cinéma de quartier situé au 14 Boulevard Poissonnière en face du Grand Rex à Paris. Le cinéma ouvre sa salle de 500 places en 1939 et la fermera en 1985, pour être remplacé par la banque LCL (Le Crédit Lyonnais). A partir des années 50, ce cinéma ouvert en continu de 12h à 0h diffusait des films d’horreur et fantastique, notamment les films de La Hammer, avec Dracula, Frankenstein, La Momie et le Loup-Garou. C’est au Midi-Minuit que Michel Caen, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boullet se retrouvent pour discuter cinéma de genre et culture underground (polar, BD, musique…), d’où le nom choisi pour la revue.



Après avoir publié en 2008 le livre Dans les griffes de la Hammer aux éditions Scali (livre réédité en 2010, mais aujourd'hui épuisé), Nicolas Stanzick c’est fait une réputation mérité du spécialiste des films de La Hammer. Ainsi en 2012, avec l’aide de Michael Caen (1942-2014) et le l’éditeur Rouge Profond, Nicolas Stanzick a carte blanche pour mettre à jour ce projet qui consiste à rééditer l’intégralité des numéros avec en prime de nombreux bonus qui viennent s’intercaler entre les numéros sous le titre L’Entracte du Midi-Minuit, avec une flopée documents d’archives et des interviews réalisés pour ces éditions. En prime, un cadeau de luxe, un DVD avec des court-métrages inédits et des interviews, documentaires d'époque. Pour remplir la coupe de champagne déjà bien pleine, l’impression, la qualité du papier est époustouflante. Les photos, dessins, affiches sont magnifiques, tant les couleurs et le noir et blanc éblouissent nos yeux, surtout quand il y a des décolletés. Car chez Midi-Minuit Fantastique, l’érotisme, le charme et l’horreur sont très liés. Il suffit de regarder la couverture du numéro 1 avec le Loup-Garou qui étrangle sa mère (tout un symbole). Cette photo d'exploitation qui ne figure pas dans le film de Terence Fisher, annonce déjà dès le n°1, la couleur subversive de la revue. Pour venir à bout de ce travail de titan, il aura fallu 4 volumes de 700 pages en moyenne.

Le Volume 1 est sortie en 2014, mais il est aujourd’hui épuisé. Le Volume 2 est sortie en 2015 (attention il sera bientôt épuisé), le Volume 3 en 2018, et là début décembre 2021, le Volume 4 qui achène le travail, avec en prime le numéro double 25/26 (été 1973) jamais publié à cause de la censure. Les photos Sex vampire des films de Jean Rollin n’ont pas du plaire aux biens pensants religieux de la "bonne" morale catholique.

Couverture du numéro double 25/26 resté inédit jusqu’à sa parution dans le Volume 4 - Photo extraite du film "La fille de Dracula" de Jess Franco (1972)

L’intégralité des numéros de Midi-Minuit Fantastique

Je vous épargne le sommaire très dense et très illustrés de ce chapitre final. Juste signaler que dans le numéro double 18,19 de décembre 1967, il y a un bel article de 14 pages sur le cinéaste japonais Seijun Suzuki, qui a réalisé entre autre les magnifiques films La marque du tueur,  La Barrière de chair, La jeunesse de la bête. Autant dire que les journalistes de Midi-Minuit Fantastique étaient bien des précurseurs et pas cantonné (sic) a seulement l’horreur de La Hammer et des films (entre-autre) avec Vincent Price, car écrire en 1967 un article fleuve sur ce cinéaste, c’est juste magique. Dans les années 90, il y aura un début du culte envers Seijun Suzuki grâce à HK Vidéo. Bref, ce qui est sûr, Nicolas Stanzick peut prendre des vacances mérité pour profiter de sa famille et pour écouter ses disques vinyles de musique rock, sa seconde passion.

L’actrice Barbara Steele, icône de la revue Midi-Minuit Fantastique

A noter dans vos agendas, jusqu’au 9 janvier 2022, Midi-Minuit Fantastique est à l’honneur au Forum des images à Paris, avec des projections de films, -dont Les Lèvres rouges de Harry Kumel avec une belle partition de François de Roubaix le 29 décembre à 20h45-, courts métrages, exposition, rencontres. 


Interview de Nicolas Stanzick réalisé en 2011 ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2020/10/nicolas-stanzick-le-culte-hammer-films.html

https://www.facebook.com/midiminuitfantastique/

https://www.rougeprofond.com/midi-minuit-fantastique-integrale/




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