Paskal Larsen - Le Blog: LIMIÑANAS / GARNIER "De Película" (Because Music)

samedi 11 septembre 2021

LIMIÑANAS / GARNIER "De Película" (Because Music) – 10 septembre 2021

Une fois de plus le graphiste Elzo Durt, découverts grâce au label Born Bad, fait des merveilles avec la réalisation de la pochette (recto-verso, pochettes intérieures, rond central des vinyles, l’insert des stickers) de la collaboration inattendue entre les rockeurs stylés Limiñanas et le DJ, producteur techno Laurent Garnier. Certes, en tant qu’ancien résident de l’Haçienda à Manchester (temple crée par Tony Wilson et aidé financièrement par le groupe New Order) et du Rex Club, deux lieux cultes qui ont vu passer des personnalités rock : ESG, The Smiths, Madonna, Jesus & Mary Chain, Cabaret Voltaire, Einstürzende Neubauten, Stone Roses, Happy Mondays pour l’Haçienda et Alan Vega, Sonic Youth, Nick Cave, Prince, Spacemen 3, Dominic Sonic, Crime & The City Solution, Les Dogs, Daniel Darc pour le Rex Club, c’est clair, Laurent Garnier à des liens étroits avec le rock. Certes, en regardant sur Discogs ses collaborations, mix, remix, je n’ai pas trouvé d’artiste qui vient du rock, ainsi Limiñanas sont les premiers, tout comme Limiñanas pour la techno, Laurent Garnier est le premier.

La rencontre entre Limiñanas et Laurent Garnier a eu lieu à Lourmarin (84) en juin 2017 lors du festival Yeah ! créé en 2013 par Laurent Garnier (qui a quitté Paris pour le Vaucluse) et des bénévoles. Une amitié s’installe, en 2018 Garnier fait le remix du morceau Dimanche (extrait de l’album Shadow People -2017-), la mèche est allumée pour voir plus loin. Ce sera De Película, un album concept de 11 morceaux.

De Película est « Un fiévreux road-trip à la poursuite de Juliette et Saul, voyous adolescents dans la tradition romantique d’A Bout de Souffle ou de Sailor et Lula, dans un sud de la France flirtant avec la frontière espagnole. » (Extrait du dossier de presse).

Alors le résultat ? Il est clair que le fan des Limiñanas sera moins dérouté que le fan de Laurent Garnier. On reste dans l’espris des albums du duo de Perpignan, soit un mix entre le rock garage (certes ici plutôt pépère), la B.O. stylé entre Ennio Morricone, la période Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg/Vannier (dont le BB du titre Je Rentrais par le bois.. BB est surement un clin d’œil à SG) et le phrasé/parlé de Max Berlin (She And I). Pas de touche techno, par contre la dance, la rythmique club/Haçienda époque baggy de Laurent Garnier est bien présente sur certains morceaux comme sur Promenade Oblique et sur Juliette dans la caravane.

Sur le morceau Que Calor, le chanteur franco-chilien Henriquez Edouardo (ex Panico et actuel Nova Materia) vient apporter la touche latino en raccord avec le titre de l’album De Pelicula (Pellicule en VF. Le choix de l’Espagnol est surement en référence pour les décors de la région d’Almeria, lieu où fut tournés les westerns spaghettis, dont le visuel intérieur avec les trois paires de chaussure évoque une des affiches du film Mon nom est Personne de Tino Valerii -1973-). Parmi les autres invités, notant la présence des amis du duo : Bertrand Belin (texte, voix ) qui chante sur le morceau Au début, c’était le début, dans l’esprit d’Alain Bashung, qui a quitté le Rio Grande depuis 2009 et Ivan Telefunken (guitare, synthé jouet), guitariste de Pascal Comelade.

Photo @ Mathieu Zazzo

De Pelicula étant un road-trip, on est ici dans la B.O. de film fantasmé, où l’acide, le trip psychédélique se rencontrent sur une piste de danse pour ensuite prendre la route vers l’Ouest. Sur le chemin on rencontre Juliette, échappée du cabaret des filles de joie. L’aventure peut commencer ! Au final, De Pelicula est un album plaisant à écouter, qui plaira aux fans du duo. On peut juste regretter que cette association rock/techno n’est pas aboutie à une réussite originale telle que Screamadelica qui était la réunion parfaire entre le groupe de rock indé Primal Scream et le DJ producteur Andrew Weatherall, mais ont « juste » préféré rester sur les sentiers de la B.O. de film 70 (La Horse, La Planète sauvage…), style que Limiñanas affectionne tout particulièrement. Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir, l’album reste au-dessus du lot de ce qui peut sortir actuellement.

Petit nota : Il existe une version double vinyle 33 tours avec un 45 tours bonus, plus les stickers. Ce format permet en plus d’admirer le travail d’Elzo Durt.