Les éditions Sidonis Calysta inaugurent avec Les Monstres de la mer (Humanoïds from the deep en VO) de Barbara Peeters et Terreur Extraterrestre de Greydon Clark, la Collection Cauchemar. Cet éditeur spécialisé dans le western, a malgré tout édité quelques DVD de films SF, fantastique, horreur, mais avec cette nouvelle collection, le voilà qu’il met un pied dans le bis, le cinéma de genre destiné au double programme de drive in, pour surfer sur les succès du box-office. Ce ne seront pas les biseux qui vont s’en s’en plaindre, surtout quand au programme il y a le film Les monstres de la mer. Sorti en 1980 sur les écrans, ce film produit par Roger Corman avec sa société New World Pictures, vient surfer sur le succès du film Piranhas de Joe Dante (1978), également produit par Corman, Les Dents de la mer de Steven Spielberg (1975) et Alien de Ridley Scott (1979) pour une scène du film.
Roger Corman aime l’argent facile, ainsi offrir au public ce qu’il demande est pour lui une évidence. Corman étant un artisan, dans le sens noble du terme, notre réalisateur producteur en donne suffisamment pour que les billets verts du public soient bien amortis, il en aura pour son argent ! Les monstres de la mer en est le parfait exemple. Ici le public, principalement jeune et pour le coup, avec cet édition combo Blu-ray/DVD, vieux nostalgiques, a tous les éléments pour passer une bonne soirée popcorn : des monstres à l’ancienne (= un homme dans un costume et non un personnage en numérique), du gore, de l’érotisme avec des seins à l’air et même un peu de poils pubien pour le boutonneux à lunette double foyer, un méchant raciste, une top model d’1m83, des rednecks en pagailles, car l’histoire se passe dans une petite ville américaine, une fête populaire qui va finir au carnage, la plage, la mer, le soleil, de l’action, des scènes d’amour/flirt et même une Miss Saumon (sic) qui va se faire arracher son sous tif par un monstre, bref on ne s’ennuie pas un instant.
Synopsis :
"En Californie, dans le village de Noyo, une compagnie scientifique élève des saumons génétiquement modifiés pour grandir plus vite et en en avoir plus. Ainsi une conserverie industrielle va ouvrir et donner du travail aux habitants du village. Mais entre la pêche traditionnelle et la pêche industrielle, la population des pêcheurs va se diviser. Par un coup de malchance, ces poissons se retrouvent dévorés par des coalacanthes (une espèce aquatique vieille comme l’humanité) qui se mettent à muter en hommes-poissons voraces qui envahissent le port du coin."
Mine de rien, le pitch du film porte un message écologique au sujet de l’industrie de l’alimentation, basé sur l’organisme génétiquement modifié (OGM). Une industrie qui n’a fait que gonfler. D’autant qu’en 1980, le saumon était encore un produit de luxe et aujourd’hui, on le consomme, du moins le saumon fumé, comme du vulgaire pâté en boite.
Le film est réalisé par Barbara Peeters. Elle a déjà réalisée des films pour la firme Corman : Bury Me an Angel (1972), Summer School Teachers (1974). En 1980, les filles réalisatrices, cela ne court pas les rues, ni les océans. En choisissant la féministe Barbara Peeters pour réaliser ce film, Roger Corman espère montrer une vision féminine pour un film d’exploitation qui comporte des scènes de gore et de sexe. Elle est prévenue par Corman, il veut voir des mutants tuer des hommes et violer des femmes. C’est le minimum pour la réussite d’un film d’exploitation. Mais quand il voit le résultat final, il trouve qu’il n’y as pas assez de sexe frontale (les scènes de viol sont en ombre chinoise) et de gore, du coup il fait rajouter à l’insu de Barbara Peeters, d’autres scènes réalisés par l’assistant réalisateur James Babdellati. Cet affront va créer une dispute entres eux. Dégoutée par cette industrie de l’image sur grand écran, ce sera ainsi le dernier film destiné pour le cinéma réalisée par Barbara Peeters. Ses films suivants seront des épisodes de séries, destinés pour la télévision.
C’est
dommage pour la réalisatrice, mais pour le biseux assoiffé de faux raccords, d’action, de gore,
de sexe et de jeunes filles légèrement vêtu, d’autant qu’ici l’histoire se
passe en bord de mer, c’est juste la fête pour les yeux et les sens, d’autant qu’il
faut patienter jusqu’à la moitié du film pour voir un monstre en entier,
histoire de faire saliver le spectateur. Comme le dit Roger Corman dans
une interview inclus dans les bonus, il faut attendre avant de montrer les
monstres, pour que le public s’imagine son propre monstre. Coté effets spéciaux
et réalisations des costumes de monstres, ce sera les jeunes Rob Bottin (déjà
présent sur Piranhas), Chris Walas
et Steve Johnson qui s’y collent. Leur travail est réjouissant et
inaugure une carrière qui fera des étincelles : The Thing, Fog, Hurlements, Legend, RoboCop, Total Recall pour Bottin, La Mouche, Gremlins
pour Walas, La Mutante, Men in
black pour Johnson. A noter, que
faute de moyen, il n’y a que trois costumes d’homme-poisson qui seront réalisés
par Rob Bottin, d’où un clap bien
mérité pour le montage réalisé par Mark
Goldblatt, car on a l’impression de voir pleins de monstres.Soit, la magie du cinéma dans toute sa splendeur.
Ici les hommes-poissons sont un pur hommage aux films SF des années 50, avec L’Étrange Créature du lac noir de Jack Arnold (1954) en première position du podium. A noter qu’en 1979, Sergio Martino réalise le film Le Continent des hommes-poissons avec la belle Barbara Bach. On imagine que Roger Corman devait connaitre ce film. Par contre à l’inverse du film de Sergio Martino, côte distribution, il n’y a pas sur la plage californienne de Noyo, d’actrices à la renommée de Barbara Bach. Et non ici, malgré la présence de la mannequin top model Ann Turkel (à l'époque femme de l'acteur Richard Harris) dans un rôle sérieux et habillé, pas de sexe symbole sur le haut de l’affiche, juste quelques petites starlettes. Côte acteurs connus, il y a Doug McClure qui a débuté dans la série TV Le Virginien, joué dans la série de films, Le Sixième continent de Bowen Tyler (1975), Centre terre, septième continent de David Innes (1976) et Le Continent oublié (avec Dana Gillespie) de Bowen Tyler (1977) et Vic Morrow qui a débuté sa carrière avec le film Graine de violence de Artie West (1955), joué dans de nombreuses séries cultes (Bonanza, Les Incorruptibles, Mission Impossible, Hawaï police d’état, L’Homme de fer, Les rues de San-Francisco) et films bis italiens (Les Guerriers du Bronx et La Mort au large d'Enzo G. Castellari). Coté jeune qui aura une belle carrière, la B.O. est composé par James Horner qui composera par la suite les B.O. de 48 heures, Cocoon, Alien le retour, Au nom de la rose, Braveheart, Titanic…
Vous l’avez compris, pour l’amateur de films de monstres en carton-pâte, dont le premier volume Ze Craignos Monsters de Jean-Pierre Putters reprend en couverture l’affiche française du film (1), de films pop-corn qui permet de se détendre, Les monstres de la mer a bien rempli son cahier des charges. Chaque centimètre de la pellicule a été bien utilisé pour le bonheur du spectateur. Le combo Blu-ray DVD contient la version VO et VF non censuré du film (= + de gore, + de sexe !), en couleur restaurée. Côté bonus il y a une interview d’Olivier Père, de Roger Corman, de l’équipe du film, des scènes coupées, la bande annonce et un livret de 24 pages très instructif écrit par Marc Toullec.
(1) : L'affiche française a été réalisé par le célèbre dessinateur, illustrateur Bob Larkin. On lui doit aussi les magnifiques affiches des films Piranhas II, Le Commando des Morts-vivants, L'Horrible Invasion, Toxic Avengers Part II et de nombreuses couvertures de comics, dont La Planète des singes publié par LUG.
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