MES DISQUES A EMPORTER SUR UNE ILE DÉSERTE: Chronique n°17
The Chameleons est un groupe anglais de post-punk, cold/new wave qui vient de Middleton, situé dans le nord de Manchester. Ils se sont formés en 1981, avec Mark Burgess (voix, basse), Reg Smithies (guitare), Dave Flielding (guitare), John Lever (batterie) et ont splittés en 1987 suite à la mort soudaine de leur manager Tony Fletcher. Pendant ses 6 années, ils ont publié de nombreux EP (dont le premier In The Shreds a été produit par Steve Lillywhite -XTC, Siouxsie, Ultravox, U2-) et trois albums. A noter qu’entre 1988 et 2012, Mark Burgess et John Lever sont dans un groupe parallèle nommé The Sun And The Moon. En 2000, le groupe se reforme et publie trois nouveaux albums jusqu’en 2003, année d’une nouvelle séparation. Mais ce sera surtout à partir de 2009, sous le nom de ChameleonsVox, mené par Mark Burgess avec des séries de concerts pour interpréter les morceaux des deux premiers albums, que le groupe avec de nouveaux musiciens sera sous le feu des projecteurs pour le bonheur des fans. Avec l’apparition fin 80/début 90 du style shoegaze et dream pop, la musique des Chameleons va influencer une ribambelle de musiciens en herbe, dont le groupe Interpol. Ainsi pour ceux qui ne les ont pas vu en concert dans les années 80, cette piqure de rappel (mais attention, pas obligatoire !) permet d’entendre en live les compos de The Chameleons.
Si dans les années 80, The Chameleons n’a pas eu le même succès que The Cure, Echo & The Bunnymen, Cocteau Twins, Killing Joke, le groupe s’est vu au fil du temps devenir une référence incontournable comme The Sound, The Opposition et And Also The Trees. Il est clair que le style graphique des dessins des pochettes réalisés par le guitariste Reg Smithies pouvait rebuter. De plus le groupe n’avait pas de look, ce qui pouvait être un handicap dans le rock new wave des années 80, surtout pour les concerts, où le groupe était surtout appliqué sur l’interprétation des compos et non pas sur l’exubérance théâtrale façon Bauhaus, Fad Gadget ou Sisters Of Mercy. The Chameleons en live, c’était « tout pour la musique » et non pas « t'as le look coco ». C’était (et c’est encore avec ChameleonsVox) une communion musicale, avec un soin méticuleux pour le son de cathédrale, soit l’arme à destruction massive du groupe.
Mais revenons à l’origine de la chose. En 1983, The Chameleons sort son premier album titré Script Of The Bridge. Cet album possède un son unique, entre le jeu des deux guitares au son cristallin, aérien et noisy, passé sous les brumes cold du nord anglais, une puissante batterie métronomique, le tout avec la voix sombre, mélancolique et habité de Mark Burgess. Chaque morceau est une hallucination épique, peuplé de fantômes, de grisaille. Ici le genre cold wave est au sommet créatif. La musique « héroïque » des Chameleons est précieuse, généreuse, parfois à la limite du progressif (oh le vilain mot !). Il n’y a pas une seconde de faiblesse dans les 56 minutes de l’album qui remplis largement les deux faces du vinyle plutôt habitué aux 20 minutes maxi par face.
A noter qu’aux USA, The Chameleons devient Chameleons U.K. et l’album édité sur MCA Records est amputé de quatre morceaux. Quant aux huit morceaux restants, ils ne sont pas dans le même ordre que le pressage normal publié par Statik Records. Ainsi Don’t Fall (avec en intro un court extrait de dialogue du film musical Two Sisters from Boston -Du burlesque à l’opéra en VF- de Henry Koster en 1946) n’ouvre pas la face A mais la face B. Évidemment le groupe est furax et en voudra à son label, qu’ils vont quitter rapidement pour la major Geffen, ce qui n’était pas une bonne idée.
Cet album je l’ai acheté à sa sortie en 1983. J’ai du le découvrir en lisant une chronique dans le mensuel Best. Ce disque a beaucoup tourné sur ma platine, ainsi que le deuxième album titré What Does Anything Mean ? Basically (1985). En 1985, lors de mon service militaire en banlieue parisienne, je les ai vus en concert le 31 mai à l’Eldorado, puis le 2 octobre 1986 à la Salle de la Cité à Rennes. Caché sous des fumigènes, on voyait surtout l’ombre des membres du groupe, plutôt statique, sauf la musique qui remplissait tous l’espace avec le jeu unique des guitares. J’ai revu le groupe sous la forme de ChameleonsVox le 8 novembre 2013 au Nouveau Casino à Paris. Ces retrouvailles fut torride. Dans la fosse, un connard avec son coude n’a fait un cocard à l’œil. J’ai trainé un bleu pendant plusieurs jours. Le concert était excellent et la voix de Mark Burgess était toujours magnifique, voir meilleur que dans le passé. Du coup je suis retourné les voir à La Maroquinerie le 6 mai 2014, pour assister une fois de plus à un merveilleux concert intense, électrique, en pleine communion avec le public. Il faut dire que la configuration de la salle est propice pour l’interaction, la proximité entre le groupe et le public. En 2015, je remets ça le 26 mai pour un concert au Petit Bain. C’est toujours aussi mémorable et intense. Là j’en profite pour me faire dédicacer la réédition de l’album Script Of The Bridge, sortie en version double LP. D’autant que mon pressage français de 1983 commence à craquer sévère. Depuis, ils sont passé régulièrement à Paris (Le Bus Palladium, Le Supersonic), mais là j’ai laissé ma place pour les plus jeunes.
Pour clore cette chronique nostalgie, notons que l’album Script Of The Bridge a été réédité en 2008 en double CD re-masterisé pour le 25ème anniversaire. Le CD bonus contient trois morceaux inédits et un live enregistré en 1983 à Bremen. En 2012 l’album est ré-édité en version double vinyle sur le label Blue Apple Music qui appartient au groupe. La re-mastérisation a été faite au célèbre studio Abbey Road. Que dire de plus, sinon que l’album aura bientôt 40 ans, et qu’il tient toujours bien la route, sans une ride.
https://www.chameleonsmark.com/
https://thechameleons.tmstor.es/
https://www.discogs.com/fr/artist/137234-The-Chameleons
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire