L’ami Spear m’a suggéré de remettre en ligne les chroniques que j’avais écrites sur les albums de Hills pour foutraque.com. C’est en effet une bonne idée, car ce groupe spyché suédois est peu connu en France (à l’inverse des américains Black Angels), alors que leurs albums sont des pures réussites dans le genre psyché rock sous hallucinogène. Je profite de ses chroniques albums, pour remettre également en ligne celle écrite par Spear pour le concert du 6 août 2011 au Babel Club à Malmö.
Ce groupe suédois de Göteborg a publié entre 2009 et 2015 trois albums, plus un album confidentiel en 2016 (édité à 170 exemplaires pour le vinyle, 70 ex. pour le CDr, 50 ex. pour la cassette) et deux doubles live. Est-ce que le groupe est toujours en activité ? Je pose la question, à bon entendeur... En attendant, le mystérieux Djinn (quel est son poste dans Hills ?) qui joue également dans le groupe Goat, a publié en 2019 un album S/T et en 2020 l’album Avant de Servir, mais uniquement au format cassette. En solo, Djinn compose une musique free jazz et expérimental.
Ci-dessous la chronique du premier album S/T sorti en 2009 sur Sulatron Records.
Attention : CHEF D’ŒUVRE ! Si vous êtes fan de
musique psyché/krautrock/prog/hippie, vous allez prendre votre pied à l’écoute
des 7 titres qui composent cet album. Chaque morceau de cette rondelle est une
fresque sonore de 6 minutes mini et principalement instrumentale. Comme une
montée d’adrénaline ou du plaisir/acte sexuel, il émane de Hills des
sensations jouissives, des effets cosmiques qui portent au corps et à l’esprit.
Oui, Hills est un groupe habité, surdoué.
Hills est un trio suédois (deux gars, une fille) qui nous vient de
Göteborg. Mais à l’écoute de leur musique, on pourrait croire qu’ils nous
viennent d’une autre galaxie, d’une terre retirée bien loin des bruits de la
ville. En effet, leur style de musique est un voyage inter galactique remplit
de couleurs psychédéliques. Chaque titre est construit comme une méditation
pour s’élever vers l’au-delà. Si vous êtes fan de Spacemen 3, Can, Pink
Floyd et autres artistes amateurs de drogues, il vous faut acheter d’office
Hills de Hills. A l’intérieur, rien que du bon: Guitare acide,
flûte vaudou et hippie, batterie en transe, piano mélodique, élément sonore de
la terre comme l’eau qui coule, cloches d'église et rythmique ensorcelante.
Oui, ici tout y est pour les amateurs exigeants de musique psychédélique.
Hills est leur 1er album sorti en 2009. Le 2ème, Master Sleeps,
est sortie en 2011. A l’inverse de Hills, Master Sleeps est plus brut (Loop/Wooden
Shjips), mais le style psyché/krautrock (Neu !/Cluster) n’est pas en
reste, voire même plus présent. Ici pas de dimension folk mais ça fuzz bien
entre les oreilles. Bref moins de nuance, mais toujours des surprises sonores
ici et là, notamment sur le 2ème titre Bring Me Sand bien marqué Black
Angels.
Mais revenons à Hills. Comment s’est passée la réalisation de ce disque?
Un bœuf après avoir absorbé des substances ou, au contraire, des heures de mise
au point et de recherche sonore pour obtenir un tel résultat? Une des
particularités de Hills est de ne donner aucune info. Les jaquettes de
leurs pochettes n’aiment pas les textes et préfèrent les photos et
illustrations. Du coup les Hills sont aussi mystérieux que les Residents.
Le summum de l’album est le titre Schlaraffenland. Pendant 12 minutes
c’est la fièvre des sens. Echo, réverb, la batterie qui ne s’arrête pas, (sauf
si l’on coupe le jus) et ce riff de guitare qui ne nous quitte plus. Ce titre
aurait eu fière allure sur un album des Spacemen 3 ou de Sonic Boom.
Rien à dire, cet album aura de la prestance dans votre discothèque aux côtés de
Meddle (Pink Floyd), Soundtracks (Can), The
Perfect Prescription (Spacemen 3) et Passover (The Black
Angels). Bref, visitez la Suède en 2011 avec ce merveilleux groupe drogué
jusqu’à l’os (en témoigne les champignons sur leur page Myspace -j’ai écrits la
chronique en 2001-). Vivement un passage live en France ! Enfin, à noter que
sur leur label Sulatron records il y a pas mal de groupes psyché. Un
label à découvrir.
Nota : Merci au disquaire (magasin en voie de disparition) de nous avoir
fait découvrir ce groupe. C’est bien joli Internet, commander en ligne, mais
entrer chez un disquaire et entendre une musique qui nous plait, c’est autre
chose, un plaisir très agréable. Ok, on serait arrivé 15 minutes avant ou après
le passage du disque en écoute, on l’aurait loupé. Mais comme le dieu des
passionnés est là, ce n’est sûrement pas un hasard : Paskal Larsen se
devait d’écouter Hills et ainsi le faire découvrir à son pote Spear.
Le disquaire ici évoqué est Gibert Joseph à Paris qui possède un très
bon rayon psyché/sixties/funk et indé.
Ci-dessous la chronique du troisième album Frid sorti en 2015 sur Rocket Recordings.
Si vous êtes amateurs de musique psyché aux couleurs
hallucinogènes, ce 3ème album de Hills est pour vous. Ce groupe suédois
de Göteborg réalise depuis 2009 des albums majestueux avec des fresques sonores
qui vous attaquent le cerveau. Les 6 titres de Frid sont tout simplement
exceptionnels. Chaque seconde est un régal. Telle l’aventure chaotique des
films Apocalypse Now ou de The Sorcerer, on est transporté
pendant 40 minutes dans des visions colorées à en perdre la raison. Des voix de
sorciers, de la fuzz, du sitar, de la flûte de pan, une rythmique entêtante,
des solos habités et hantés et enfin des balades hippies enivrantes. Entre le
krautrock, le prog et le psyché rock, la musique sous acid de Hills est
une vraie bénédiction sonore qui trouve son salut en 2015. Dans le renouveau du
psyché, Hills place la barre très haute. Ils ont une imagination tellement
débordante. Ils ont tout bon, ils ont tout compris dans l’art de composer des
fresques sonores qui portent très loin. Au fil des écoutes, on se dit : « Mais
cet album est un chef d’œuvre ». Frid est un disque indispensable dans
votre collection. Enfin à noter la belle pochette qui prendra plus d’éclat en
format 33t avec à l’intérieur un poster bien psyché époque flower power.
Ci-dessous la chronique écrite par Phil Spear sur le concert du 6 août 2011 au Babel Club à Malmö.
En vacances chez les hippies de la communauté de
Christiania à Copenhague avec mon pote Christophe, nous ne pouvions
décemment pas manquer les psychédéliques suédois de Hills en concert à
Malmö. D’autant que les deux villes ne sont séparées que par une petite demi-
heure de train et le grand pont de L’Öresund.
Les festivités se déroulaient au Babel club, ancienne église recyclée en haut lieu du psychédélisme local. Entrée gratuite de 21h à 22h, puis 80 couronnes suédoises (environ 10 euros). Très raisonnable. Après être passé au travers d’une première averse orageuse, nous entrons par un couloir avec vestiaire qui donne sur un salon cosy avec parquet et bar, Ravi Shankar en musique d’ambiance pour nous accueillir, cool man ! Dans le prolongement de ce salon, une seconde salle où se déroulera le concert mais à notre arrivée elle est fermée. Il est vrai qu’il est encore un peu tôt, les Hills ne devraient pas entrer en scène avant minuit. On s’installe donc en sirotant une petite mousse (elle n’est pas donnée, 6/7 euros environ) et on sympathise avec l’un des organisateurs, le régisseur son et lumière du concert. La nouvelle que deux fans français sont présents se propage auprès du groupe et de leurs proches et, très vite, les rencontres amicales se multiplient. C’est bon, la grande salle est ouverte. Une salle toute en largeur avec d’un côté la scène en forme de balcon, de l’autre la projection du film Fellini Roma. Sur les deux murs perpendiculaires, deux kaléidoscopes géants tournent inlassablement, sans oublier quelques lasers multicolores, cool man ! Sur le côté de la scène, un escalier monte vers un second bar. Je suis « high » et la musique psyché/easy listening que nous proposent les DJ’s, le frangin du sonorisateur et la belle Emily, sosie de Joan Jett version « glam », me font perdre la notion du temps. Il est tout de même minuit largement passé lorsque les Hills font leur entrée sur scène.
Face au public, Pelle et Kalle, respectivement à la guitare et à
la basse/chant. Sur le côté, un nouveau venu au look hard rock, Tobias
au clavier et, dos au public, un petit bout de femme à la batterie, Hanna.
Elle n’aura de cesse, tel un chef d’orchestre, de mener les garçons à la baguette.
Impressionnante ! Six morceaux, dont trois nouveaux, pour un show statique mais
hypnotique d’une heure très marqué Can, avec une bonne pincée de
Wooden Shjips, un soupçon de Kraftwerk, sans oublier un gros clin
d’œil au Interstellar Overdrive du Pink Floyd.
Un show un peu court qui ne permettra malheureusement pas une découverte plus
large sur scène de leurs deux LP’s. La soirée se poursuivra jusqu’à trois
heures, le service d’ordre hargneux et omniprésent ne prenant pas de gants pour
signifier au public encore présent que la soirée est terminée. Il pleut des
cordes et les organisateurs proposent à nos petits français de poursuivre la
soirée chez la charmante Emily et sa petite communauté. Chez elle,
l’analogique règne en maître(sse) et la platine vinyle joue d’obscures galettes
des années 70. Seuls quelques portables nous rappellent que nous sommes en
2011… Il est 8 heures du matin lorsque Christophe et moi rejoignons
Copenhague. Emily, jag älskar dig !
Photos du concert @ Christophe Calmes
https://hillsband.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/Hills-812382378831213/
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