Pedro Peñas Y Robles est le boss du label Unknown Pleasures Records, perfore nos oreilles sous l’entité HIV+. Il est également membre du duo synthwave Adan & Ilse, DJ, producteur, compositeur, chroniqueur dans la presse rock (Gonzai) et écrit des livres, biographies publiés chez Camion Blanc consacrés à Joy Division, Nick Cave et Nitzer Ebb. C’est clair, Pedro Peñas Y Robles est un activiste musical, à la fois un fan de musique (ses écrits), un musicien et un passeur bien actif (son label), pour diffuser la bonne parole au sujet de la nouvelle vague et ses nombreuses chapelles et passerelles qui se sont formées au fil des décennies (déjà 4 !).
Son 4ème livre (pour la 1ère fois non publié par Camion Blanc, mais par le "petit" éditeur qui monte Le Boulon) est consacré à la musique qui lui a ouvert les portes quand il était adolescent au début des années 80, c’est la new wave et tout ce que ce style peut englober : l’after punk, la cold wave, le new romantique, la synthpop, le gothic/batcave, l’industriel, l’EMB, l’électro, la dreampop, l’heavenly voice. Dans le titre de son livre il y a le mot « dictionnaire ». Pour ne pas qu’il y ait de confusion, ici on n’est pas dans Le Nouveau Dictionnaire du Rock écrit par Michka Assayas. Non, ici ce mot est là pour répartir les chapitres avec les lettres de l’alphabet de A à Z et non pas pour chercher à donner des définitions à tout ce qui touche à ce courant musical, dont le terme New Wave peut facilement tomber dans le fourre-tout. Est-ce que le groupe Police est new wave ? Est-ce que Rita Mitsouko est new wave ? En fait, ce livre se rapproche plus d’un blog, d’un carnet intime, qui raconte la passion de l’auteur pour cette musique qui l’accompagne depuis le début des années 80, alors qu'il est âgé de 13-14 ans. En racontant les groupes et artistes qui le guident pour créer de la musique, qui lui donnent la motivation de gérer à bien son label Unknown Pleasures (une centaine de référence à ce jour), dont le nom fait référence au titre du premier album de Joy Division sorti en 1979 sur le label Factory Records (FACT 10), Pedros Peñas Y Robles nous raconte en toile de fond son parcours musical jusqu’aux années 90. D’ailleurs, des années 90 aux années 2000, un autre livre pourrait voir le jour, c'est du moins ce qu’il laisse deviner à la lecture de son chapitre "Conclusion", détour vers le futur.
Pedro Peñas Y Robles en 1988
Dans le titre, il y a également le
mot « passionné ». Une passion qui déborde tout au long des pages,
avec des mots gentils sur les artistes qu’il aime et parfois des mots méchants
sur ces artistes qu’il n’aime pas. C’est cela être un passionné, il faut savoir
trancher, défendre ses acquis, quitte à revenir avec le temps sur ses positions
et aprioris. Ainsi son dictionnaire est élaboré selon ses goûts personnels et
non pas dans le but d’être exhaustif et présenter TOUS les groupes et artistes
qu’on peut qualifier de New Wave. Ne vous étonnez pas de constater qu’il manque
de nombreux noms aux travers des lignes des 265 pages du livre (de Psychedelic
Furs, Killing Joke, The Cars, Marquis de Sade à And Also The Trees, en passant par XTC,
The The et Yello, la liste est longue), par contre certains noms sont abondamment
cités, (Depeche Mode, Nitzer Ebb, Kraftwerk, DAF). Malgré
tout, Pedro se permet quelque pas sur
le bord de la route. Quand il n’aime pas un groupe, mais qu’il juge qu’il a sa
place dans « son dictionnaire », il fait appel à son ami Michel Amato connu sous le nom de The Hacker, pour donner quelques clefs,
notamment sur Duran Duran et Japan. Ok, pour les fashion Duran MTV à
midinettes, on comprend que Pedro
n’ait pas d’emballement, mais on apprend que le premier album éponyme (1981) est
chaudement recommandé, comme quoi… Dans
ce dico, il n’y a pas que des noms de groupes/artistes (The Cure, Fad Gadget, Gary
Newman, Joy Division, In The Nursery, Jad Wio, Liaisons
Dangereuses, Bauhaus, Magazine, Cabaret Voltaire, Norma Loy,
OMD, Martin Dupont, Tétines Noires,
Ultravox, X-Mal Deutschland…), il y a aussi des producteurs (Dave Allen, Dave Bascombe, John Fryer,
Martin Hannett…), labels (Mute, Factory, 4AD, ZTT Records…), la tête influente John Peel, les instruments de musique, notamment les synthétiseurs,
boites à rythmes, les lieux emblématiques qui permettent à Pedro de nous parler des soirées qui l’on marqué, notamment en
Espagne. Le livre est parsemé de personnalités, qu’on ne peut que vous inviter
à découvrir au fil des lettres de l’alphabet, sans être obligé de le lire dans
l’ordre. Vous pouvez glaner la prose de l’auteur dans le désordre (pour être
plus punk !) au gré de vos envies du jour. Tiens je me ferai bien le
chapitre X plutôt que le Z qui nous ramène à l’actualité du moment avec la
guerre en Ukraine.
La new wave sans visuel, c’est comme un film sans salle de cinéma, ainsi côté illustrations, on trouve des billets de concerts, des flyers, annonces de concerts et des photos datées des années 80 où l’on voit Pedro prendre la pose. La couverture aussi mystérieuse que la pochette d’Unknown Pleasures représente un graphique pour calculer la force d’une tornade (noire ?). Enfin, la préface est de Frédéric Lemaître de la revue Persona. Sa préface commence avec cette question : "La new wave, qu’est-ce que c’était exactement et doit-on en parler au passé ? " Pour y trouver une/des réponse(s), -ou pas-, on ne peut que vous inviter à lire ce dictionnaire écrit par un passionné.
Pochette de l’album "Unknown Pleasures" de Joy Division (1979)
https://leboulon.net/produit/dico-newwave/
https://www.facebook.com/havoc2027
https://hivmusic1.bandcamp.com/
merci pour ta superbe chronique !!
RépondreSupprimer