Le compositeur américain Philip Glass fait partie des grandes figures de la musique minimaliste (terme que Glass désapprouve), répétitive (terme qu’il approuve), contemporaine, au côté de, Steve Reich, La Monte Young, Terry Riley, John Adams, Michael Nyman et Rhys Chatham. Il s’est fait connaitre du « grand » public avec sa partition pour le spectacle d’opéra/danse Einstein On The Beach mis en scène et dirigé en 1976 (notamment au festival d’Avignon) par Robert Wilson, avec au premier plan sur la scène, la danseuse et chorégraphe Lucinda Child. Pour percer une partie du talent musical de Philip Glass, il est conseillé d’avoir vu, vécu une fois dans sa vie, cet opéra qui dure 5 heures, avec un dispositif qui permet aux spectateurs de bouger quand ils le désirent. Ce spectacle est un « trip » sensoriel et visuel unique et génial à tous les niveaux (mise en scène/narration, danse, musique, lumière). Dans un style musical similaire, en 1978 Philip Glass compose la pièce Dance pour prolonger la collaboration avec Lucinda Child, puis en 1982 les thèmes DancePieces pour les spectacles In The Upper Room du chorégraphe Twyla Tharp et Glasspieces pour le chorégraphe Jerome Robbins.
Autre partition importante dans la carrière de Glass, c’est The Photographer qui englobe une pièce de théâtre musical, un concert et un ballet. Ce spectacle crée en 1982 a été mis en scène par Rob Malash et Philip Glass. A noter que David Byrne (ex Talking Heads) est remercié dans les crédits. Autre pierre angulaire dans la montagne d’œuvres réalisées par Glass, ce sont ses albums solos au piano, dont Solo Piano publié en 1989 est une pure merveille. Enfin à noter que Philip Glass c’est frotté au monde du rock, en produisant les deux premiers albums du groupe new-yorkais Polyrock. Dommage que ce groupe n’ai pas eu de succès, car leur musique art rock et new wave est de bonne qualité. Ce sera la seule incursion du compositeur avec le rock. Du moins dans le sens musical avec un groupe. Car Philip Glass, avec l’accord de David Bowie et Brian Eno a réinterprété les instrumentaux des albums Low, Heroes et Lodger dont il n’a conservé que les textes des chansons. David Byrne, Laurie Anderson, Susanne Vega et Paul Simon ont également écrit les textes des chansons de l’album Songs From Liquid Days (1986), mais curieusement ce ne sont pas eux qui les interprètent. Glass a également écrit le morceau Streets Of Berlin pour Mick Jagger et vingt-deux pièces de musique pour Leonard Cohen récitant les poèmes extrait du Book Of Longing. Toutes ses données "pop rock" sont extraites du chapitre Pop du livre de Sylvain Fanet.
La musique de Philip
Glass est minimaliste et répétitive, ce qui fera ricaner ses détracteurs
amateurs de musiques classique et contemporaine (du moins au début des années
70), jugeant que Philip Glass est limité du point de vue technique.
C’est le même syndrome que dans l’art contemporain, où là aussi les détracteurs
ont tendance à dire « c’est nul, moi aussi je peux le faire ». Quant
aux musiciens qui se sont frottés à interpréter une des œuvres de Glass,
ils se sont vite rendu compte que c’est loin d’être simple, car il faut y mette
beaucoup de sensibilité, de passion et d’âme pour entrer dans ses notes entêtantes,
proche de la musique indienne, nommé le raga, style de musique que Philip Glass a découvert avec Ravi Shankar (1920-2012), devenu son ami.
On arrive à notre sujet, le livre Philip Glass, Accords & désaccords écrit par Sylvain Fanet, qui a entre autre écrit le livre Standing On A Beach consacré à la musique new wave, avec la sélection de 100 disques essentiels. Écrire un livre de 266 pages sur un artiste qui a une carrière aussi longue (des années 60 à aujourd’hui) et divers (de l'expérimental, du contemporain, du classique -musique de chambre, concertos, symphonies, opéras- au cinéma avec des B.O. qui couvrent des films d’auteurs, de genres -Candyman- des blockbusters -Les 4 fantastiques-) est surement un casse-tête, ainsi il est préférable d’avoir un angle de vision, une structure narrative pour arriver au bout du long chemin et avoir des raccourcis pour mener à bien le travail éditorial. Dans l’introduction, l’auteur nous indique : "Plutôt qu’une narration biographique, cet ouvrage privilégie une approche plus segmentée, avec douze chapitres thématiques, qui se veulent autant d’entrées dans le monde de Glass, sans souci d’ordre chronologique." (Page 12). Les titres des chapitres sont : Apprentissage, Piano, Avant-garde, la trilogie Qatsy (films réalisés par Godfrey Reggio), Music For Films, New York, Einstein On The Beach, Pop, Harmonie, Minimalisme, Ensemble, Glass et 33 œuvres sont passés à la loupe sous la forme de chroniques. Comme écrit plus haut, il est impossible de tout raconter sur Philip Glass en 266 pages, mais un petit chapitre sur le Kronos Quartet aurait été intéressant à lire, car parmi tous les compositeurs et groupes qui ont interprétés du Glass, le Kronos Quartet a une place à part. Ainsi pas étonnant qu’ils aient collaborés avec Glass pour la musique du ciné concert de Dracula, le film de Tod Browning avec Bela Lugosi.
Comme il n’y a pas d’ordre chronologique, sauf pour le premier chapitre titré Apprentissage, le lecteur peut lire le livre selon ses sujets de préférences. Pour ma part, j’ai commencé par Pop, suivit de Music For Films, l’excellent chapitre sur l’opéra Einstein On The Beach et ainsi de suite… L’ensemble est rédigé d’une façon fluide et érudite, voir ludique. De par les témoignages piochés ici et là (livres, articles, notes de disques, le documentaire Glass: A Portrait Of Philip In Twelve Parts…) de Glass et des proches, on apprend de nombreuses choses sur la carrière, et l’homme. Il a notamment été pendant 10 ans chauffeur de taxi à New-York, même après le succès d’Einstein On The Beach en 1976, qui n’est pas rentré dans les frais, malgré que toutes les représentations fussent complètes. Toujours à New York, dans le livre on apprend que Moondog (1916-1999) a vécu pendant un ans chez Philip Glass. On ne va pas dévoiler ici tout ce que contient ce livre, pour ne pas enlever les surprises qui attendent le lecteur au fil des chapitres, lus dans le désordre ou pas. Ce qui est clair, la lecture de ce livre donne envie d’écouter ou réécouter la musique de Philip Glass.
https://lemotetlereste.com/musiques/philipglass/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire