Formé en 2015 autour du
chanteur guitariste Lau Ro, le
groupe anglais de Brighton Wax Machine a publié
au printemps 2020 son premier album nommé Earthsong Of Silence. Avant d’être
stabilisé autour du boss Lau Ro, avec Isobel Jones (voix, flûte), Toma Sapir (batterie),
Woody Greenpas (basse), pas mal de
musiciens sont passés dans le groupe, dont Rose Dutton de Rokurokubi (1) présente sur l’EP Harlequin’s Patchwork.
Le compositeur et multi
instrumentiste Lau Ro est
brésilien, d’origine italien et habite en Angleterre à Brighton. De part son
métissage entre le soleil et la pluie, Lau Ro apporte
au groupe une direction vers une fusion de styles musicaux juste parfaite, car
finement bien dosé. Sous la lumière à dominance psychédélique, la musique de Wax Machine se promène avec talent à travers la folk, le krautrock, l’exotica, le
tropicalisme, le jazz funk, l’afro beat, la pop, avec une efficacité étonnante,
une liberté folle. Dans le style, le groupe fait penser aux espagnols de Magic
Brother & Mystic Sister (qui sont n°1 dans mon Top 25 de 2020). Les
compos gravées sur Earthsong of Silence sont mélodiques et entêtantes.
La présence de la flute, des voix féminines, d’une belle instrumentation variée
à nous faire perdre la tête grâce à une rythmique qui flirte avec la transe,
le psyché et le groove. On reste scotché, comme le spectateur absorbé par les images d’un
film à suspense réalisé dans les seventies. Cerise sur le gâteau, Go Kurosawa du groupe Kikagaku Moyo a produit
l’album et joué du piano, des percussions et de l’harmonium. Soit un atout supplémentaire
pour donner aux morceaux composés par le groupe toutes les richesses sonores.
Dans le texte qui figure sur Bandcamp, Lau Ro précise :
« L’album
est une exploration des paradoxes, de la méditation et de la magie, fondée sur
l’idée sous-jacente de devenir un avec la nature et en harmonie avec
l’environnement. » Cette volonté artistique est bien présente sur les
compos. C’est clair, il y a une communion entre les musiciens. Communion, qu’ils
font partager au public.
A noter que l’album est
publié par le label new-yorkais Beyond Beyond Is Beyond Records (dont le
logo est un champignon), qui a au fil des années publiés d’excellents groupes
tendance psyché : The Myrrors, Synday & Cybele, L’Eclair, Garcia Peoples, Kikagaku Moyo…
Wax Machine à joué au Trabendo
à Paris le 3 septembre 2020, soit un exploit en live (et non pas en streaming)
en cette année 2020 -qui se poursuit en 2021- qui n’a pas fait de cadeau aux concerts.
Pour clore cette chronique, un grand merci, un big up à Laure D. de m’avoir
fait découvrir ce groupe avec cet excellent album de psyché rock.
Daisy Rickman est une
artiste anglaise de Mousehole situé dans les Cornouailles. Cinéaste,
peintre et auteure compositrice interprète, multi-instrumentiste,
Daisy Richman cumule les arts avec talent. Pour la chronique,
on va s’arrêter sur la partie musicale. Après avoir jouée dans
un groupe psyché, Daisy compose ses premiers morceaux solo
suite à la mort de sa grand-mère pendant la période du Covid. Elle
publie sont premier album Donsya a’n Loryow en auto
production. Idem pour son nouvel et deuxième album titré Howl.
Daisy Rickman compose une musique psyché folk intimiste et
ténébreuse, mais pas funèbre.Sa magnifique voix grave évoque
Nico. Son nouvel album est mieux produit et permet d’entrer
dans un environnement boisé et rural. Une voix profonde, proche du
spirituelle, une guitare acoustique où les 12 cordes résonnent
comme le cristal, complété de sons, d’instruments sortis de son
coffre à malice (sitar, violoncelle, bouzouki, banjo, accordéon,
clarinette, violon, synthétiseur, contrebasse, batterie,
percussions), les compos artisanales de Daisy brillent de par
l’atmosphère intense et constante qui nous enveloppe, pour ne plus
nous lâcher. Ses compos sont un hommage au soleil, aux étoiles,
aux cycles de l’année selon les saisons. Ici la nature respire, on
est loin du bitume, du bruit de la ville. Il y a certes un coté
hippie, mais la profondeur intimiste de la voix et des mélodies
lo-fi de Daisy Rickman donnent une dimension céleste, proche du
religieux assez étonnant. Fan de Nico et de Six Organs Of
Admittance-Ben chasny, cet album est pour vous !
Petit nota, Daisy Rickman est présente à la basse, guitare,
batterie sur le magnifique album Saturn in Pisces du groupe
Rokurokubi.
Côté musique, on a souvent tendance à dire que c’était
mieux avant. Évidemment, on ne sait pas d’avance quel album, quel single
restera dans les annales, deviendra culte, ne prendra pas de coup de vieux, voir se bonifiera avec le temps, toujours est-il, en préparant la
sélection des nouveautés disques qui m’ont marqué cette année, la tâche a été difficile,
surtout à partir de la 10ème place. Pendant ces 12 mois écoulés, il
y a eu de nombreux bons disques. Un des effets positifs du confinement de
2020 ?
Ripley
Johnson au soleil dans son jardin
En 2020, Ripley Johnson sous le nom de son
projet solo Rose City Band, était n°2 dans mon TOP 25 avec son album Summerlong.
Cette année il est carrément n°1 avec son album Earth Trip. D’album en
album, son bébé Rose City Band, nous emporte petit à petit dans un univers de plus en plus boisé, tellement loin de la
notion de « confinement », qu’il est difficile de ne pas vouloir y
entrer et s’y installer. Visitez sa page Facebook, on y sent, une ambiance posée, en accord avec la nature, sans être baba. Écoutez à la suite dans l’ordre de leurs publications,
les trois albums de Rose City Band et vous serez emporté par chacune des
étapes. Le premier plus minimal -école Suicide-,
jusqu’au dernier qui flirte avec la country music. Chaque nouvelle étape monte
la barre de plus en plus haute en matière d’indie rock, le tout avec une
décontraction déconcertante. Ripley Johnson (pour rappel ses autres groupes sont Wooden Shjips et Moon Duo) fait partie des plus grands
artistes de ces 20 dernières années.
Maxwell
Farrington & Le Superhomard @ Melanie Elbaz
En deuxième position du classement, il y a
l’association entre Le Superhomard et Maxwell Farrington
(échappé du groupe noise Dewaere) avec l’album Once, d’une classe
folle qui renvoie à une certaine idée de la sunshine pop parfaite. En France, en
2021 ils ne sont pas les seuls à défendre la pop sixties de luxe. Il y a aussi Arthur
Satan, Pepper White, Olivier Rocabois, Julien Ribot et Nick Wheeldon.Ils ont tous
publié des albums à l’acoustique chatoyante, juste parfaite. D’ailleurs en
France, du côté de l’indé, il y a d’excellents groupes qui font plaisir à
entendre et à voir en concert. Juste quelques noms : Alvilda, Music
On Hold, A Trois Sur La Plage, Le Goût Acide des Conservateurs,
Sinaïve, Mary Bell, Les Agamemnonz, Natan Roche, Gloria, Eggs,
La Ligne Courbe, Pointe du Lac,
Musique Chienne, Cannibale,
La Houle, Ponta Preta, Yan Wagner, Broken Waltz,Magon, El ‘Blaszczyk, l’association Liminanas avec Laurent Garnier,le trio Soia, Julien Senelas, Jérome Vassereau et tant d’autres. Oui en France, le
rock indé est très actif et très créatif. Saluons les labels indés (Howlin Banana,
Requiem Pour Un Twister/Croque Macadam, Born Bad, Beast, Yotanka, Vicious Circle, Gone With The
Weed, SDZ, Teenage Menopause, Talitres, Buddy, ERR REC, Cameleon, Super APE, un je ne sais quoi, …) qui permettent de
diffuser et faire découvrir la bonne musique d’ici.
Pour le reste du TOP 25, je vous laisse découvrir ma
sélection non exhaustive, on pourrait aussi rajouter les albums de Broken Waltz, Julien Ribot, Jac Berrocal,
Gloria, La Jungle, The Telescopes,
Cheval Fou,Philippe Cohen & Mike Lindsay, L’Orchestre tout puissant Marcel Duchamp, Les Agamemnonz, Nova Materia,
Dean & Britta, Lioness Shape, Hélène Barbier, Cannibale,
Jane Weaver, Squid, La Luz, The
Oscillation, Sault, Gustaf, Satellite Jockey, Painted
Shrines, Altin Gun, Cheval Sombre, Tout Bleu, Kilkil, Sven Wunder, Leopardo, 10000 Russos, John Carroll Kirby. Oui, 2021 est une belle année côté albums, ce n’est
pas Cathimini (Abus Dangereux, Persona)
et Bertrand Tappaz (La Voix de Garage à Grenoble, Abus Dangereux) qui vont me
contredire. L’année 2020 confiné a donné à de nombreux artistes un temps
suspendu, pour se recentrer sur leur musique, compos, publiées en grande partie
en 2021, dont on est sûr qu'on en découvrira d'autres en 2022. Ce qui donne au final, une belle année du point de vue musical, à
défaut du reste. Heureusement qu’il y a la musique (et l’art en général) pour
nous offrir des moments d’égarement.
Pour clore cette longue introduction, un petit mot sur
l’augmentation, flambée des prix des disques vinyles. Le prix d’un album 33 tours qui vient
d’Angleterre ou des States se rapproche des 30 euros, et parfois le dépasse
pour atteindre les 34 euros. Si on continue sur cette lancée, en 2022 les albums
vinyles vont coûter entre 35 et 40 euros. A ce tarif, les jeunes étudiants vont
revenir à la musique en ligne, dématérialisée. Il ne restera que les bobos pour
s’acheter les éditions couleurs. Quel gâchis ! Une énième réédition du premier album du Velvet Underground & Nico à 30 euros, cela fait mal. Heureusement, les labels
indépendants français gardent pour l’instant leur prix entre 15 et 20 euros. On
croise les doigts pour qu’ils puissent maintenir ces prix, et surtout qu'ils ne galèrent pas pour les pressages vinyles à cause de la main mise des majors. A force, pour les disques
vinyles au prix délirant, on va se tourner vers le CD, qui est souvent à
moitié prix par rapport au vinyle. Une pensée pour les disquaires qui risquent de
perdre des clients, si le prix ne fait que monter. Exemple des prix qui
flambent, le coffret 3 vinyles (+ un livret de 40 pages) Rhythm And
Paranoia : The Best Of du groupe after punk Bush Tetras qui
coute près de 110 euros. Où est l’esprit punk DIY là-dedans ? Notons aussi
la sortie de l’album Island Of Noise
de Modern Nature (Bella Union) qui
ne sort uniquement qu’en version vinyle de luxe à 50 euros. Le groupe aurait dû
aussi faire une version normale du vinyle pour le rendre accessible à tous et à
toutes. Fin du petit coup de gueule dans la soupe, et place au TOP 25.
Je désire aussi signaler
deux albums importants que j’ai découverts cette année, qui m’ont marqué durablement en 2021,
mais qui sont sorties en 2020 (d’où absent de mon TOP 25), il s’agit :
Le 2ème clip
bonus n’est pas un morceau de 2021, mais de 2017. C’est Grosse Pierre de Musique
Chienne que j’ai découverts cette année grâce au festival (((Interférence_s))). J’adore ce clip que je
trouve drôle et fun. Chronique de l’album La
Maison de Billy ici : https://paskallarsen.blogspot.com/2021/08/musique-chienne-la-maison-de-billy.html