dimanche 7 novembre 2021

NICK WHEELDON "Communication Problems" (Le Pop Club Records/Mauvaise Foi Records/Modulor) – 05 novembre 2021


 

Les parisiens qui ont l’habitude d’aller voir des concerts indé dans les petites salles, caves organisées par des petites associations, ont obligatoirement croisé un jour, ou plutôt un soir, soit sur scène ou dans le public le sympathique anglais Nick Wheeldon qui porte la moustache toute l’année, pas seulement en novembre (NDLR : depuis 2003, novembre est le mois de la moustache. Les hommes sont invités à laisser pousser la moustache dans le but de sensibiliser les hommes à leur santé). De pars le nombre de groupes dans lequel il joue ou a joué (The Jesus Loves Heroin Band, Os Noctambulos, 39th & the Nortons, Nick & Alison, Sex Sux, Les Soucoupes Violentes, The Creep Outs, The Necessary Separations, The Sparkling Fountains Of Magic Reality), impossible pour l’amateur des salles/caves obscures de le rater. D’autant que Nick est très abordable, il a toujours le sourire, il aime causer musique et surtout il s’occupe aussi de la programmation de La Pointe Lafayette. Avec Le Zorba c’est la salle la plus petite de Paris. En tassant bien on peut y mettre 50 personnes, mais on est vraiment à l’aise quand il n’y a que 15/20 personnes et que le groupe ne dépasse pas la formation trio. 

Après cette longue intro, on arrive à son actualité, avec la publication de son premier album solo titré Communication Problems. Connaissant beaucoup de personnes sur Paris (natif de Sheffield, il s’est très bien intégré à Paris), Nick a trouvé cette idée d’aller enregistrer ses morceaux dans les chambres de ces amis, créant ainsi pour chaque titre sa patine sonore selon le lieu où il se trouve. Cela aurait été drôle de mettre une photo de chaque chambre en rapport aux 11 morceaux de l’album. Ensuite l’album a été mixé par Paul Trigoulet du groupe Bootchy Temples. Résultat des courses ? Déjà sa voix est toujours aussi belle. Dès qu’il chante on est immédiatement soit dans les sixties (Love, The Byrds) ou dans la scène indé de la Nouvelle Zélande (le label Flying Nun avec The Chills, 3Ds, The Bats…). En plus d’avoir une belle voix, c’est aussi un compositeur de talent. Il pond des mélodies comme une poule aux œufs d’or. Même en solo, il donne l’impression de jouer en groupe, tant l’instrumentation est riche. Chaque morceau est un voyage, un road movie en apesanteur, auquel le temps c’est arrêté. 2021 ? 2011 ? 2001 ? 1991 ? 1981 ? 1971 ? 1961 ? 2031 ? On n’a plus la notion du temps, c’est ça la magie des compos de Nick Wheeldon que je vous invite à écouter sur son album publié en disque vinyle, meilleur support physique pour le rendu sonore de ses compos boisées. Pour clore la chronique, la belle pochette au faux air de l’album Planet Waves de Bob Dylan a été réalisée par Marie Meilhan-Bordes et cet album est la 50ème référence du label Suisse Le Pop Club Records (Leopardo, Gloria, The Rebels Of Tijuana, Satellite Jockey, Le Superhomard).

Nick Wheeldon au Moki Bar Paris 20ème @ Paskal Larsen 12/11/2021


https://lepopclubrecords.bandcamp.com/album/pcr050-communication-problems-lp

https://www.facebook.com/nick.wheeldon.3




Je profite de la sortie du premier album solo de Nick Wheeldon pour sortir de mes archives une interview d’un de ses nombreux groupes auquel il fait partie, 39th & The Nortons. L’interview a été réalisée avec Nick en novembre 2018 lors de la sortie de l’album Mourning Waltz (Croque Macadam/Believe/Kartel). La version courte a été publiée dans le d’Abus Dangereux face 149 de janvier 2019. Ci-dessous l’intégralité de l’interview.

39th & The Nortons est un groupe parisien qui existe depuis 2012. Mené par l’anglais Nick Wheeldon (ex The Jesus Loves Heroin Band et également aux commandes du groupe Os Nostambulos), la formation a changé à plusieurs reprises. Aujourd’hui, pour accompagner Nick, on retrouve Loik Maille de Jaromil Sabor, Fabien Gilles, Martin Meilhan-Bordes et Sam Roux de Bootchy Temple. 39th & The Nortons compose une musique pop sixties (Love, The Byrds, The Seeds, The Kinks) et eighties (The Monochrome Set, The Childs, Rain Parade, Close Lobsters) des plus lumineuses. Les mélodies, les arrangements sont soignés et raffinés et la voix de Nick est juste fantastique ! Il répond à nos questions.

Photo @ Paul Trigoulet

Nick tu es le leader, le compositeur et le chanteur du groupe. Comment as-tu rencontré les autres membres ?

J’ai rencontré  Loik en 2010. Nous avions joué ensemble au St Ex de Bordeaux avec nos groupes respectifs, The Jesus Loves Heroin Band et Arthur Pym & the Gordons. Nous sommes restés en contact depuis et sommes devenus de bons amis quand il a déménagé à Paris en 2014. J’ai rencontré Fabien en jouant de la basse dans le groupe Miles Coombes (aujourd’hui Mille Colombes). Tous les trois nous avons commencé à jouer ensemble en 2016. Nous avons joué un premier concert à Paris avec les Bootchy Temple (qui était alors basés à Bordeaux). Martin et Sam nous ont ensuite rejoints rapidement. Ce sont tous de supers musiciens et des personnes formidables, ça n’a pas été difficile de décider de jouer avec eux.

Le groupe existe depuis 2012 sous diverses formations. Tu peux nous raconter les étapes marquantes jusqu’à la sortie du nouvel album Mourning Waltz ?

Je savais que j’allais partir de Sheffield pour aller vivre à Paris, je n’avais pas de groupe et je n’avais pas envie d’arriver dans une nouvelle ville sans album prêt à sortir. En 2012, j’ai enregistré notre premier album On Trial, dans une vieille aciérie de Sheffield. J’ai déménagé à Paris en septembre et l’album est sorti en cassette sur le label Evil Hoodoo Records en novembre. C’était leur première parution. En 2013 j’ai loué un studio à Pantin et j’ai commencé à enregistrer The Dreamers. J’avais presque terminé une version de l’album où je jouais tous les instruments, mais au dernier moment j’ai décidé que ce n’était pas assez bon. On a essayé de l’enregistrer tous les trois avec Loik et Fabien mais ce n’était toujours pas exactement ça. Lorsque Martin et Sam nous ont rejoints, nous avons commencé à nous approcher du son que j’avais en tête. Nous nous sommes décidés à enregistrer l’album (pour la 3eme fois) avec Loik comme producteur. Enfin ça sonnait bien et l’album est sorti chez Stolen Body Records en 2017. Quand The Dreamers est paru, j’avais déjà écrit une grosse partie de Mourning Waltz dont deux morceaux White Light et La Cafetière venaient d’un projet d’album folk que j’avais avec Martin. Nous étions hyper ambitieux pour l’enregistrement et on pensait pouvoir l’enregistrer et le mixer en trois jours. On a enregistré l’album live en deux jours. Le 3e jour était réservé pour que Nico Brusq puisse faire le mix sur un vieux magnéto 16 pistes. Il y avait trop de travail pour que ça se fasse en un jour. Nous avons donc quitté le studio sans avoir fini l’album et nous y sommes retournés en janvier 2018 pour trois jours de mixage avec Nico. Nous avons fini avec cinq versions différentes de l’album.

Photo @ Paul Trigoulet

Tu composes seul chez toi et après tu proposes tes trouvailles aux autres membres, où bien vous êtes tous ensemble pour accoucher dans la douleur d’un beau bébé pop rock ?

J’écris les morceaux seul, sauf pour les fois où Martin et moi avons travaillé ensemble. J’essaie de laisser le plus de place possible pour les autres instruments et on bosse dur ensemble pour créer le son et la structure de chaque morceaux.

Tu fais un travail particulier pour avoir et conserver ce timbre de voix ? Pas de cigarettes, pas d’alcool, où au contraire c’est un don du ciel que tu as naturellement sans faire aucun effort ?

Jamais aucun effort par bonheur, mais je n’ai jamais fumé, par contre je ne peux pas en dire autant pour l’alcool.

Le style musical du groupe puise son eau bénite dans la pop des sixties, tel que Love, The Byrds et les compilations Nuggets. Que représentes les sixties pour vous ? Qui sont vos modèles ?

Love & The Byrds/Gene Clark bien sûr, Bob Dylan, The Human Expression, The Flying Burrito Brothers, The Kinks, Golden Dawn, Sly & The Family Stone... Il y en a trop pour tout les citer.

Pochette de l'album Mourning Waltz

Nick, tu peux nous parler de ce nouvel album. Quelle était votre ambition avant de l’aborder ? La réalisation/composition a été longue ?

C’est fort probablement la réalisation la plus rapide entre écrire, enregistrer, et la sortie de l’album que nous ayons jamais faite. L’idée était d’enregistrer The Dreamers et de s’arrêter là, mais on s’est tellement amusé à jouer ensemble que nous ne pouvions pas nous arrêter là-dessus. On voulait tout enregistrer live, du coup, quand on écoute de manière attentive, on entend plein de pains. On voulait sonner comme sur scène. Les répètes précédant l’enregistrement, le voyage pour se rendre au studio et l’enregistrement avec Nico ont été les meilleurs moments de cet album. Nico fait définitivement partie de la famille maintenant. L’enregistrement a été le plus simple que j’ai jamais eu à faire. Travailler avec Nico a été un vrai plaisir. Le plus dur a été de quitter le studio en sachant que le mix n’était pas assez bon et qu’il allait falloir trouver du temps pour revenir plus tard dans l’année. J’ai perdu mon grand-père en janvier 2018, quelques jours avant de commencer le nouveau mixage. Ça a été très dur pour moi d’être éloigné de ma famille à ce moment, sans parler du fait d’essayer de terminer un album. Heureusement Nico m’a rendu les choses faciles, j’ai beaucoup appris de lui et de ses qualités « humaines ».

La grande qualité du groupe est le son cristallin des instruments et ton timbre de voix qui nous fait voyager dans les sixties. Comment se construit un morceau ?

J’aime que les choses se passent de la manière la plus naturelle possible. Je fais confiance aux musiciens avec qui je travaille et je laisse leur personnalité mener le son. Ce qui est marrant c’est que nous n’avons jamais essayé de sonner sixties, et encore moins pour le dernier album, même si je peux comprendre l’analogie. Même si en disant cela je me rends compte que The Basement Tapes de Bob Dylan & The Band faisait partie des références pour Mourning Waltz. Le processus de construction d’un morceau commence en général avec une démo à la guitare acoustique que j’envoie au reste du groupe. Ils créent ensuite leurs propres partis et quand on se retrouve on peut tout changer jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait.

J’aime le nom des titres : Oh ! Gene, 21.01, La Cafetière Y, Caroline. Justement qui est Caroline ? Et White Light, c’est un clin d’œil au Velvet Underground ?

Caroline est la coloc de Coline (bassiste de Os Noctambulos). Elle m’a longtemps tanné pour que je lui écrive une chanson, l’inspiration m’est finalement venue. Oh ! Gene est un hommage à Gene Clark et ses problèmes d’alcool. White Light raconte l’échec de Martin pour aller voir des aurores boréales, enfin La Cafetière est à propos d’un homme hanté par le fantôme d’une femme dont il a vu la photo.

Quel est la place de 39th and the Nortons parmi tes autres formations ?

Tous les groupes avec qui je joue ont la même importance pour moi. On essaie tous de faire de la musique avec les mêmes contraintes dans ce monde étrange dans lequel nous vivons.

Tu es moitié anglais et tu vie à Paris. Grace à tes origines, ton chant en langue anglaise est juste magnifique. Justement chez toi, dans ton enfance, on parlait anglais et français ? Tes parents viennent de quel coin d’Angleterre ? Paris est une ville qui te correspond ? Tes spots cools à Paname ?

Contrairement à la rumeur, je suis malheureusement 100 % Anglais, même si mon père a toujours essayé de m’apprendre quelques phrases de français on a toujours parlé qu’anglais à la maison. J’ai fait français à l’école mais c’était 15 ans avant que je ne déménage en France. J’ai appris à parler français en parlant avec des amis et des membres des groupes avec qui je jouais. Ça m’a pris quelques années. J’ai grandi dans un petit village d’une centaine d’habitants nommés Over Haddon, entouré de la magnifique campagne du Peak District. Au début Paris a été un peu un choc, mais maintenant je m’y sens comme chez moi, même si je rêve de la campagne tous les jours. J’adore trainer avec les copain.ines à Montreuil et boire des bières au Condor C après les répètes. J’aime Paris parce que j’y ai rencontré certain.es de mes meilleurs amies, j’y fais de la musique tous les jours et qu’il y a un respect des musicien.nes ici que je ne trouve pas en Angleterre.

Photo @ Paul Trigoulet

Tu joues de la guitare et tu chantes depuis l’enfance ? Tes parents t’ont encouragé ?

J’ai commencé à jouer de la guitare assez tard en fait, vers 20 ans. Mes parents m’ont toujours encouragé à faire ce qui me rendait heureux. Ce sentiment de liberté m’a finalement conduit vers la musique. Cependant, comme personne dans ma famille n’avait encore joué de musique, ça m’a pris un peu de temps pour réaliser que je pouvais le faire. J’ai toujours aimé chanter même si j’étais maladivement timide quand j’étais enfant. C’est encore le cas maintenant que je suis adulte, du coup je chante surtout sous la douche. J’imagine qu’il a fallu que j’attende d’avoir un truc à dire avant de commencer à faire ma propre musique.

Un message, un recueil ou une connerie à faire passer pour clore l’interview ?

Depuis que nous avons fait Mourning Watlz, Sam et Loik ont quitté le groupe parce ce que leurs trajectoires en a décidé ainsi. On les aime fort tous les deux et on leur souhaite ce qu’il y a de meilleur, ils seront toujours des Nortons. On a recruté Charles des incroyables Eggs et Joujou Jaguar à la guitare lead. Le quatrième album est écrit et nous avons commencé à répéter de nouveaux morceaux. On est tous supers pressés de partager tout ça avec vous l’année prochaine ! (NDLR: A ce jour, 7 novembre 2021, l'album n'est pas sortie.)

https://39thandthenortons.bandcamp.com/album/mourning-waltz




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