Disparition le lundi 7 août 2023, d’une grande figure du cinéma américain : William Friedkin. S’il commence sa carrière de réalisateur dans les années 60, notamment dans le documentaire, c’est à partir de 1971 qu’il entre dans l’histoire du 7ème art avec la réalisation du film French Connection qui a remporté cinq Oscars sur huit nominations : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Gene Hackman, impérial !), meilleur scénario adapté, meilleur montage. French Connection a aussi reçu cinq Golden Globe. Prix bien mérités pour ce film urbain qui est un chef d’œuvre absolu à tous les niveaux. Notamment pour la longue scène de course poursuite dans une ville, sous le métro aérien, qui permet de rebondir dans les rues de New-York, avec klaxon, bruit de freinage, scène sans la musique de Don Ellis, juste les bruits, sons urbains de la ville.
William Friedkin avec Gene Hackman et Roy Scheider sur le tournage de French Connection
En 1973, William Friedkin réalise un autre chef d’œuvre, mais dans un autre style. Après le polar urbain qui groove, qui pulse, place à l’horreur avec L’Exorciste. Ce film qui va devenir un marqueur dans le genre Horreur, va tout rafler, et c’est mérité. Succès auprès des critiques, auprès du public qui s’est déplacé en masse pour se faire peur et découvrir l’étonnante jeune actrice Linda Blair, alors âgée de 14 ans. Et de nouveau, succès aux Oscar, avec deux statuettes (sur huit nominations), meilleure mixage son et meilleur scénario adapté. C’est sûr, L’Exorciste aurait mérité plus (notamment pour la prestation de Linda Blair), mais les films d’Horreurs, comme les comédies ont toujours eu une mauvaise image dans les institutions où l’on décerne des prix. Par contre L’Exorcise a reçu quatre Golden Globe, notamment meilleur réalisateur (William Friedkin), meilleur second rôle féminin (Linda Blair -ouf !-).
William Friedkin avec Linda Blair sur le tournage de L’Exorciste
Après ces deux grands succès
publics, c’est la douche froide pour le film Sorcerer sortie en 1977, une semaine après le film La Guerre des étoiles (Star Wars en VO). Soit un mauvais timing,
vu le ras de marré Star Wars. Sorcerer
est une adaptation du roman Le salaire de la peur de Georges Arnaud (1949),
déjà porté à l’écran en 1953 par Henri-Georges Clouzot, avec au casting Yves
Montand et Charles Vanel. Le remake en couleur de William
Friedkin n’a pas à pâlir sur l’original en noir et blanc, tant sa version
est intense du point de vue action dans la jungle sinueuse, boueuse sous une
pluie diluvienne, le tout avec des acteurs exceptionnels, Roy Scheider, Bruno
Cremer, Amidou et une B.O. intense et cosmique de Tangerine Dream.
Si Sorcerer fut un échec en 1977, par
la suite grâce à la B.O., en 2015 les sorties en salles, en DVD avec une
version Director’s cut avec image et son remasterisés, ont permit à Sorcerer de trouver un nouveau public. C'est une renaissance mérité.
Après ses trois grands films, la carrière de William Friedkin sera plus compliquée. Pour le public, il va falloir trier, car parfois c’est décevant, comme avec La Chasse (Cruising), sortie en 1980, avec le policier Al Pacino qui traine dans le milieu de la nuit des clubs homosexuels. Le look d’Al Pacino en homo n’est pas crédible. Il s’en tire nettement mieux dans le film Police fédérale, Los Angeles (1985), un film policier du dimanche après-midi qui se laisse voir avec plaisir, d'autant qu'il y a la présence de l'acteur Willem Dafoe. En 1990, William Friedkin revient au film d’horreur avec La Nurse. Film assez moyen que William Friedkin lui-même n’aime pas. Il faudra attendre 2011 avec Killer Joe pour retrouver un bon film réalisé par William Friedkin. Certes, Killer Joe n’est pas chef-d’œuvre, mais ce n’est pas non plus un mauvais film.
Figure importante du nouvel Hollywood, la filmographie de William Friedkin est chaotique, mais après avoir réalisé French Connection et L’Exorciste, deux monuments du Cinéma américain, il était bien difficile de rester au même niveau pendant cinq décennies.
"Cruising" décevant ? Pacino pas crédible ?... C'est un peu vite expédié mon cher Larsen !...
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